Une grande panique a accompagné jeudi dernier une opération de nettoyage des rues de la ville des commerçants informels. Ces vendeurs à la sauvette entendent imposer leur diktat à Annaba, la Coquette qui se prépare du mieux qu’elle »peut » pour accueillir le mois de Ramadhan intervenant dans une semaine.
Les actions tendant à la débarrasser de cet interminable casse-tête semblent caduques. Bien que régulièrement pourchassés par les agents qui déploient beaucoup d’efforts pour rendre à la ville sa coquetterie d’antan, surtout en cette période de grands préparatifs, ces vendeurs semblent avoir la peau dure. Pis, ils imposent leur présence par tous les moyens.
Jeudi dernier, ils ont poussé le »bouchon » un peu trop allant jusqu’à adopter un comportement condamnable à plus d’un titre. Jets de pierres, bombe lacrymogène et autres moyens de dissuasion avaient suffi pour créer une atmosphère des plus inquiétantes aux alentours du marché des fruits et légumes d’El-Hattab où les services de police tentaient de rétablir l’ordre. Les passants fuyaient les lieux craignant le pire. Les femmes et des hommes couraient dans tous les sens. Aux environs de midi, la situation était telle que les automobilistes avaient opté pour d’autres détours pour échapper à la colère de ces marchands ambulants.
Certains témoins parlent de blessés et d’arrestations au moment où d’autres ont confié que le recours à la force demeurait l’unique moyen pour un retour à la normale. En effet, la recrudescence de la contestation si ce n’est pas celle des exclus des listes de logement social, c’est celle de ces vendeurs, dont le nombre se multiplie jour après jour. Ils sont plus que jamais présents à travers tous les points de vente qu’ils ont improvisés pour écouler »leurs marchandises ». Malgré les descentes et opérations coups-de-poing menées quasi régulièrement, ils sévissent à Annaba.
Les rues et ruelles de la ville demeurent occupées par ces nombreux vendeurs qui ne se lassent pas de l’éternel jeu du chat et de la souris. À chaque fois, ils y reviennent pour proposer leurs gammes de produits variés à des clients à des prix défiant toute concurrence. Ces ‘’indésirables’’ par les uns et très ‘’sollicités’’ par d’autres, réinvestissent à chaque fois leurs points habituels, créant un véritable désordre et une anarchie immense dans nos rues, empêchant automobilistes et piétons de circuler librement.
Tout un chacun ici à Annaba aura constaté leur retour en force, au niveau des mêmes lieux et rues commerçantes, tels ceux d’El-Hattab ou bien alors celui de la rue Gambetta ou le long du marché couvert. Ils sont nombreux à avoir une fois encore réinstallé leurs marchandises à même le sol, se souciant peu des désagréments qu’ils causent aux uns et aux autres.
Ces squatteurs des rues étalent à même le sol leurs diverses marchandises, tous articles confondus : parapluies, jouets, manteaux, vestes, ustensiles de cuisines, serviettes de bain, verres, nappes, chaussettes, puces de téléphone mobile, et ce, en se servant de larges cartons, empêchant, ainsi, le déplacement des citoyens qui se voient contraints d’avancer dans l’espace réservé aux automobilistes.
Un véritable jeu du chat et de la souris est, de temps à autre, observé entre ces jeunes vendeurs à la sauvette qui semblent déterminés à tenir tête aux quelques policiers pointés çà et là sans pour autant les dissuader à laisser tomber ce commerce… leur gagnepain.. Certains passants ont affirmé qu’en raison de l’inexistence des opportunités d’embauche, ‘’ce jeu du chat et de la souris’’ perdurera, fatiguant les uns et amusant d’autres, provoquant souvent des incidents, car en voulant fuir les policiers, les bras chargés de marchandises, ces vendeurs à la sauvette bousculent sur leur passage, pas mal de malheureux piétons. Bien qu’elle soit de temps à autre nettoyée, le commerce informel semble avoir »la peau » dure.
Aux quasi-quotidiens rassemblements des protestataires des exclus des listes de bénéficiaires de logement social qui continuent à se tenir malgré les nombreuses opérations d’attribution effectuées jusque-là, la dernière, celle du recasement de près de 500 familles de Sidi-Harb à Chaïba, s’ajoutent ces activités illicites, véritables cassetête. Annaba semble s’habituer au phénomène de l’informel qui touche pourtant directement son cadre de vie.
Celui-ci est sérieusement dégradé par ces squatteurs de trottoirs, particulièrement au niveau de certaines cités urbaines où sont implantés des commerces en tous genres, lesquels sont à l’origine de l’insalubrité des lieux résultant de l’entassement d’ordures et détritus le long de ces ruelles, au grand dam des passants et plus particulièrement les habitants de ces cités qui ne savaient plus quoi faire pour atténuer, un tant soit peu, cette situation. Les décharges anarchiques et incontrôlables qui ont fait leur apparition un peu partout dans cette ville, ne semblent déranger personne… À quand la fin de ce calvaire, telle est la question qui revient, tel un leitmotiv, pour rappeler l’urgence de la prise en charge de ce problème.
Aussi, la décision prise par le haut commandement de la sûreté de wilaya, qui a instruit les commissariats et sûretés de daïra de poursuivre les actions de lutte contre l’informel, a été accueillie avec soulagement par les habitants qui espèrent que la situation change le plus tot possible, d’autant que le mois de Ramadhan pointe déjà son nez.
La dernière opération coup-de-poing menée par ces services, avait permis de contrôler une vingtaine de personnes, de saisir une dizaine de charrettes à bras et d’établir une vingtaine de dossiers judiciaires à l’encontre de contrevenants. Action salutaire qui vient à point nommer en cette période de canicule et de flambée.
Khadidja B.