Infiltration de Jihadistes et flux de réfugiés,Les frontières algériennes à rude épreuve

Infiltration de Jihadistes et flux de réfugiés,Les frontières algériennes à rude épreuve

150.000 personnes ont déjà fui le Mali

500.000 personnes ont été déplacées depuis que les groupes islamistes armés ont pris le contrôle du nord du Mali alors que les risques d’infiltration de groupes terroristes sont de plus en plus à redouter.

La guerre s’est installée. Le conflit malien s’est emballé. Les populations fuient les zones de combat. Est-ce l’annonce d’une catastrophe humanitaire? C’est à craindre. Les groupes islamistes armés tentent quant à eux de desserrer l’étau en faisant diversion ou de se replier vers les pays frontaliers et en territoire algérien où ils avaient par le passé, pas trop lointain, tenté des actions spectaculaires. Attentat de Tin Zaouatine à la frontière avec le Mali (à 550 km de Tamanrasset) qui a coûté la vie à sept gendarmes et deux gardes communaux en 2010, contre le groupement de gendarmerie de Tamanrasset, en mars 2012, et contre le siège du commandement régional de la gendarmerie de Ouargla, en avril 2012…

Des actions qui portent le sceau des fractions islamistes armées (Al Qaîda et le Mujao) soumises au déluge de feu des bombardiers français. Leur traque a commencé. Les Américains lancent la chasse contre Al Qaîda et promettent de booster cette nébuleuse terroriste et ses démembrements hors d’Afrique du Nord et du Mali.

Le ton est ferme. «Je réaffirme que nous avons la responsabilité de poursuivre Al Qaîda où qu’elle se trouve. Nous l’avons poursuivie en Afghanistan et au Pakistan et nous allons après elle au Yémen et en Somalie. Et nous avons la responsabilité de veiller à ce que Al Qaîda ne puisse pas établir une base d’opérations en Afrique du Nord et au Mali…», a déclaré le 14 janvier le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta. Une opération qui ne peut aboutir que si les pays de la région et l’Algérie y seront associés. Les propos du chef du Pentagone, lors d’un point de presse à bord de l’avion qui était en route vers Lisbonne, ont confirmé que de telles consultations ont bien eu lieu. «Les Etats-Unis ont travaillé avec leurs partenaires régionaux pour élaborer des plans afin de faire face à cette menace» a indiqué le responsable américain lors d’un point de presse tenu à bord de l’avion qui se dirigeait vers Lisbonne, la capitale portugaise.

L’Algérie qui vient d’annoncer la fermeture de sa frontière avec le Mali indique que la «souricière» se met en place. «La lutte contre le terrorisme et le crime transnational organisé qui relève de la responsabilité nationale de chaque pays, mais incombe également aux pays de la région et à la communauté internationale, conformément à la stratégie des Nations unies de lutte contre le terrorisme» a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, qui a tenu à souligner à ce propos: «Nous avons réitéré notre position sur la légitimité du recours à la force pour l’éradication de ces fléaux et nous avons souligné que la coopération internationale dans ce domaine reste une nécessité et une exigence».

Nul doute que les frontières seront mises à rude épreuve. D’autant plus qu’il y aura à gérer le phénomène des déplacements de populations qui fuient les combats.

150.000 personnes ont fui le Mali vers les pays voisins alors que le nombre de Maliens déplacés dans le pays avoisine les 230.000 a indiqué hier le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR). Près de 30.000 civils ont été déplacés depuis l’offensive lancée, il y a une semaine, par des groupes armés, avait rapporté, lundi, le porte-parole adjoint de l’ONU. «On craint que le nombre de personnes affectées ne soit plus grand car il y a des informations selon lesquelles certains groupes islamistes ont empêché des gens de se diriger vers le Sud» s’inquiète Eduardo Del Buey.

«Le ministère mauritanien de l’Intérieur a confirmé que des milliers de réfugiés en provenance du Mali se dirigent vers la frontière avec la Mauritanie.

Par contre, un nombre peu important de réfugiés a été observé, arrivant au Burkina Faso et au Niger», a indiqué M.Del Buey.

Ces mouvements massifs inquiètent les responsables du Programme alimentaire mondial. Le PAM, qui souffrirait d’un manque de financement de l’ordre de 129 millions de dollars pour répondre aux besoins des populations maliennes déplacées, craint que les pays d’accueil qui se remettent péniblement de la sécheresse ne puissent faire face à un tel afflux de personnes…La guerre au Mali met au grand jour le dénuement des populations de la région du Sahel…