Industrie du plastique : Faire cesser la boulimie algérienne pour l’importation

Industrie du plastique : Faire cesser la boulimie algérienne pour l’importation

Écrit par Rafik AIOUAZ

Le Salon Plast Alger 2018, qui abrite la 5e édition du Salon international des plastiques et composites et le 6e Salon international de l’impression et de l’emballage pour l’Algérie, le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest, a débuté hier au Centre international des conférences d’Alger (CIC).

L’événement a vu la participation record de plus de 240 exposants, venus de 25 pays, pour présenter leurs produits au marché algérien qui ne produit que 3% de ses besoins en matières premières. Les chiffres mentionnés sont énormes. Les importations nationales de matières premières plastiques ont augmenté de 13% par an entre 2007 et 2015, passant de 304 kilotonnes (kt) à 817 kt soit une hausse de 169%. En 2016, l’Algérie y a consacré 1,9 milliard de dollars, faisant d’elle le plus grand importateur africain de plastiques sous formes primaires. La matière première plastique connaît diverses utilisations, pour l’emballage, l’industrie agroalimentaire et l’industrie automobile. L’automobile fait partie des priorités du gouvernement pour le lancement d’une industrie automobile à fort taux d’intégration et la réduction, par la même occasion, de la facture des importations en impliquant des sous-traitants locaux capables de collaborer avec les plus grands constructeurs mondiaux. «La plasturgie est importante dans l’industrie automobile. Plus de 30% des intrants de véhicules sont constitués de plastique», affirme Kheirredine Medjoubi, secrétaire général du ministère de l’Industrie, venu inaugurer le Salon, qui se clôturera demain. «L’industrie autour de la plasturgie doit permettre l’émergence d’écosystèmes annexes performants», estime Latifa Turki-Liot, présidente de l’Union professionnelle de l’industrie automobile et mécanique (Upiam). «Au sein de l’Upiam, nous avons déterminé que la plasturgie était prioritaire pour l’industrie automobile», assure-t-elle, citant les différents composants plastiques utilisés dans l’industrie automobile, «en tenant compte de l’ensemble de la chaîne de valeur». En effet, l’Algérie dispose des ressources pétrolières et gazières, source de l’extraction de la matière première plastique et peut ainsi réduire la facture des importations de cette matière. «Sonatrach a signé avec Total, il y a quasiment un an, un partenariat pour la construction d’une usine de plastique pour environ un milliard de dollars. Cela pourrait prendre trois ans pour que la production débute», confie Laïdouni Malek, chef de division des industries chimiques au ministère de l’Industrie et des Mines, qui fait part de son optimisme quant à une production importante pour le marché local mais aussi pour l’export. Concernant le marché du plastique en Algérie et au Maghreb, Martin Martz, l’organisateur allemand de l’événement, affirme que la consommation de plastique connaît une croissance à deux chiffres. «L’Algérie affiche de loin le taux de croissance le plus élevé», assure-t-il, précisant que la consommation par personne est passée de 10 kg en 2007 à 23 kg en 2017. «La consommation du pays a presque triplé au cours de la même période. C’est un marché à fort potentiel pour la matière première», indique Martin Martz, qui explique que 60% de la consommation est consacrée à l’emballage et 20% à la construction, le reste se répartit sur les diverses industries. Concernant la technologie de l’emballage, l’Algérie est le plus grand importateur en Afrique, avec 228 millions d’euros en 2016, et les principaux fournisseurs sont l’Italie, l’Allemagne, la France, l’Espagne, la Chine et la Turquie. Plus globalement, l’Algérie figure parmi les deux plus grands importateurs de technologie plastique en Afrique avec l’Afrique du Sud, l’augmentation est de 15% entre 2012 et 2016, passant de 77 à 135 millions d’euros. Une évolution qui doit être prise en considération par les pouvoirs publics afin de réduire les importations du pays par le lancement d’une réelle industrie plastique. «Il y a une dynamique qui montre la volonté et le potentiel de développement de ce secteur bien au-delà de l’importation», observe Andreas Fiedler, ministre conseiller à l’ambassade d’Allemagne à Alger. «L’Allemagne est un partenaire fiable et fort dans cette démarche, pour la fabrication de machines et composants chimiques», ajoute-t-il, assurant que l’industrie plastique doit avoir un triple impact, de par sa diversité sur l’aspect économique, écologique et social. Ce triple impact sera d’ailleurs le thème d’une conférence organisée, aujourd’hui, dans le cadre de Plast Alger 2018, «afin de pointer les développements actuels dans le domaine de la plasturgie, favoriser la réutilisation efficace du plastique dans d’autres domaines industriels et, enfin, sensibiliser les entreprises et les institutions à contribuer dans le but de renforcer les capacités locales, lutter contre le gaspillage et créer de nouvelles PME».