Industrie pharmaceutique nationale: nécessité d’une régulation des investissements

Industrie pharmaceutique nationale: nécessité d’une régulation des investissements

Le PDG du groupe pharmaceutique national, Saïdal, Yacine Tounsi, a plaidé lundi à Alger, pour la nécessité de « réguler » les investissements dans le domaine de l’industrie pharmaceutique, de sorte à répondre aux besoins du marché national et de la santé publique.

« Beaucoup d’entreprises algériennes fabriquent le même produit sur lequel il y a certes une forte demande, mais il faut réguler cette question. Les autorités ont en pris conscience et il s’agit d’aller vers des investissements qui répondent aux besoins de la santé publique, notamment s’agissant des biotechnologies et des anticancéreux », a indiqué M. Tounsi, dans un entretien à l’APS.

Le même responsable a défendu l’idée de « commencer par des projets pilotes plutôt que de faire l’erreur d’investir sur plusieurs projets », estimant que pour les biotechnologies et les anticancéreux, des produits pour lesquels les « multinationales détiennent un savoir-faire », l’Algérie peut s’y mettre « si on s’en donne les moyens nécessaires ».

Selon lui, il suffit de « savoir quel type de partenariats on veut », relevant que si les multinationales investissent en Algérie, il y a lieu de s’interroger « à quelles conditions le font-elles », se félicitant que les pouvoirs publics aient « pris en considération cette question à travers des textes de loi qui ont évolué, au moment où d’autres, sont en attente de finalisation. Faisant savoir que les potentiels producteurs nationaux sont en attente de ce cadre législatif pour intervenir, il a ajouté que les choses devront être « claires d’ici 2018 ».

« Il faut aller vers des partenariats qui tiennent la route, c’est une question cruciale », a-t-il poursuivi, faisant savoir que dans la perspective d’élargissement de sa gamme de production, le groupe pharmaceutique qu’il dirige envisage de revoir le « schéma de partenariat » qui le lie depuis plus de 20 ans à des partenaires étrangers, de sorte à les faire « évoluer en les incitant à plus d’investissement et de formation ».

Estimant nécessaire la promulgation de textes de lois « plus adaptés » dans ce sens, le même responsable considère que l’Algérie « n’a pas d’autres choix » pour faire face à des maladies en perpétuel développement comme le cancer.

M. Tounsi a fait part, dans ce contexte, d’un projet de partenariat entre Saïdal et un partenaire jordanien spécialisé en études cliniques de bioéquivalence, devant aboutir à la création d’une société mixte, à même d’apporter une « valeur ajoutée » au groupe.

Il en est de même avec la société émiratie, Julphar, avec laquelle le groupe est en discussion sur un projet de société à Alger, avec une prise de participations émiratie.

Sur un autre volet, il a fait état de son souci de renforcer la formation des effectifs du groupe, à travers la création d’une école de formation interne qui sera dispensée par des intervenants nationaux et étrangers, dans le cadre des partenariats, pour pallier à un « déficit » en matière de formation spécialisée.

Abordant la question du partenariat public-privé, le même responsable considère qu’ »il y a beaucoup de choses » à faire dans le domaine des intrants, dont les 2/3 sont importés, l’enjeu étant de réduire la facture du médicament, laquelle passe, selon lui, par une diminution du coût de la production, soulignant l’existence de sociétés « disposées à le faire, ce qui permettrait d’aller plus à l’aise vers l’exportation ».

Interpelé sur la question des perturbations cycliques en produits pharmaceutiques, ce responsable a attribué cette situation à « deux facteurs majeurs »: la rupture en approvisionnement, elle-même due à des considérations liées aux autorisations des douanes, aux consultations pour les achats, etc., ainsi que par la vétusté et le manque de capacités de production. Cette question, a-t-il rassuré, devant être réglée avec l’entrée en production des nouvelles unités.

« Nous sommes en train de mettre en place l’ensemble des éléments pour éviter les ruptures, à travers notamment l’amélioration des conditions de travail qui a permis une reprise de la confiance chez nos cadres », s’est-il félicité, promettant la prise en charge des situations en instance.

Avec un effectif de plus de 3.000 employés, Saïdal est aujourd’hui « une entreprise qui se défend bien, qui est rentrée en phase de stabilité et de développement qu’il ne faut pas perturber », a tenu à souligner son premier responsable.

Se replacer sur les marchés arabe et africain

Abordant les perspectives d’exportation, il affirmé la volonté du groupe pharmaceutique de « se replacer en 2018 sur les marchés arabe et africain », faisant rappeler que ce dernier avait déjà effectué des opérations dans ce sens, par un récent passé: « Nous sommes déjà inscrits dans cette stratégie et nous nous y préparons activement », a-t-il observé. Cette volonté est encouragée par la « réputation » des produits de Saïdal lesquels, a-t-il assuré, « sont connus et très demandés » ainsi que par les perspectives de développement de la gamme de produits du groupe. »Nous devons profiter de cette image de marque dans ces pays », a-t-il lancé, dans ce sens.

Dans cette optique, le même responsable en appelle aux pouvoirs publics afin d’ »accompagner et de protéger » ce fleuron de l’industrie nationale dans son ambition à l’externe, par des dispositions relatives au transfert de la devise et aux facilités douanières etc.

« Le système bancaire doit être suffisamment développé pour qu’on puisse investir à l’étranger, l’exportation est l’affaire de tous », a-t-il souligné, relevant cependant « une prise de conscience des pouvoirs publics pour cette cruciale question ».