La nouvelle politique industrielle de l’Algérie qui s’articule autour du développement du secteur de la pétrochimie, se veut une orientation stratégique et une option majeure.
Estimé à plus de 25 milliards de dollars, le programme de la pétrochimie algérienne ambitionne de contribuer au développement industriel du pays. Le Président Bouteflika avait instruit en 2010, le ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, de relancer le programme pétrochimique en vue de réaliser une plus grande intégration de l’industrie nationale. M. Youcef Yousfi avait affirmé que le pays s’orientait vers une ré-industrialisation pour réaliser une croissance économique élevée au cours de la décennie à venir, grâce, entre autres, à la relance de la filière de la pétrochimie qui portera sa part dans cet effort. Pour ce faire, une décision très volontaire a été engagée. Il s’agit de la création d’un Fonds national d’investissement (FNI) doté initialement d’un capital public de 150 milliards de DA (1,5 milliard d’euros). Ce fonds est destiné à suppléer les banques commerciales qui ne disposent ni des ressources financières longues, ni des ressources humaines qualifiées pour prendre en charge le financement des investissements structurant à moyen et long termes pour l’économie nationale. En fait, selon différentes sources proches de ce dossier, ce sont les problèmes de financement soulevés dans la période récente par le programme de développement de l’industrie pétrochimique qui ont donné l’impulsion essentielle à ce projet, dans les cartons du ministère des Finances algérien depuis plusieurs années. Lors de la cérémonie d’installation du nouveau fonds, le grand argentier du pays, Karim Djoudi, a précisé que ses ressources, qui pourraient être portées à moyen terme à 10 milliards d’euros, seront mobilisées «pour répondre aux besoins de restructuration du secteur économique, évitant ainsi le recours au financement extérieur». La première mise en œuvre de cette démarche a été appliquée en 2008 au traitement du financement de deux importants projets pétrochimiques réalisés en partenariat entre Sonatrach et les groupes Bahwan et Orascom. Ces deux premiers investissements figurent sur une liste plus longue de sept ou huit projets identifiés par le ministère de l’Energie. Les contraintes du financement local. La nouvelle approche proposée par le gouvernement algérien consiste donc, on l’aura compris, à proposer d’importantes facilités de financement en échange d’une participation majoritaire de la partie algérienne. C’est cette approche qui devrait être retenue dans la réalisation de la suite du programme pétrochimique. Simultanément, la création du Fonds national d’investissement va permettre de dépasser les limites imposées par les capacités de financement des banques, tout en contribuant à rendre plus transparente l’intervention du Trésor public. Elle soulève incidemment, et ceci est une autre histoire, le problème des capacités d’expertise de cette nouvelle institution qui est toujours à la recherche de son premier directeur général et qui ne peut encore compter que sur quelques cadres issus d’une Banque algérienne de développement réduite depuis de nombreuses années à sa plus simple expression. La première phase lancée depuis 2005 concerne la réalisation d’énormes projets en partenariat avec des sociétés étrangères : il s’agit du projet de vapocraquage de l’éthane, prévu à Arzew, en partenariat avec la société française «Total SA», un projet d’une capacité de traitement de 1 400 000 tonnes/an d’éthane. Un deuxième projet de méthanol est également prévu à Arzew, en partenariat avec le consortium ALMET, destiné à une production de un million de tonnes/an de méthanol. Le projet ammoniac et urée d’Arzew sera réalisé en partenariat avec la société égyptienne Orascom Construction Industries (OCI), d’une capacité de production de 4 440 tonnes/jour d’ammoniac et de 3 450 ton-nes/jour d’urée. Le projet ammoniac et urée à Mars El Hadjadj (Arzew), devrait être concrétisé en partenariat avec la société omanaise Suhail Bahwan Group Hol-ding/SBGH), d’une capacité de production de 4 000 tonnes/jour d’ammoniac et 7 000 tonnes/jour d’urée. Et enfin, le projet ammoniac à Arzew, en partenariat avec la société espagnole Fertiberia, d’une capacité de production de 3 300 tonnes/jour d’ammoniac. Les premiers projets ont débouché, dès 2007, et sont actuellement en cours de réalisation. Il s’agit des accords conclus avec les groupes Bahwan et Orascom pour la production d’ammoniac et d’urée, ainsi que du projet de craquage d’éthane conclu avec le groupe Total. Une deuxième phase de cette stratégie sectorielle est, affirme-t-on au ministère de l’Energie, en préparation. Elle consistera en l’identification de matières issues des produits de la première génération, afin d’encourager et créer les petites et moyennes entreprises (PME/PMI) dans le but de contribuer au développement du tissu économique national et d’engranger un maximum de retombées en terme de création d’activité et d’emplois. Longtemps confiné à l’amont pétrolier et gazier, l’investissement dans la filière des hydrocarbures vise à récupérer désormais l’importante valeur ajoutée créée par les activités situées en aval. Pour ce faire, les montants financiers engagés sont colossaux. A cela viennent s’ajouter les implications en termes de partenariat, voire d’em- plois et/ou d’environnement. Pour le succès d’un tel choix, l’Etat algérien a mis en place une batterie de mesures d’accompagnement en faveur des investisseurs dans le but de mobiliser les capitaux nécessaires pour le financement des programmes de développement. Parmi ces mesures, l’on énumère l’énorme avantage octroyé en matière de prix de cession du gaz naturel, en plus d’autres avantages accordés par l’Agence nationale pour le développement des investissements (ANDI), pour les projets industriels. La réalisation des unités pétrochimiques est accompagnée par une stratégie commerciale qui a pour objectif de faciliter l’accès de notre pays à de nouveaux marchés à travers des accords de partenariat avec des compagnies de renommée internationale, dont certaines opèrent et sont fortement présentes sur ces marchés.
Le partenariat permet également l’acquisition et l’échange du savoir-faire dans le domaine du marketing. S’agissant des objectifs attendus dans le cadre du plan de développement de la pétrochimie, l’on cite notamment, la pénétration du marché international de la pétrochimie. L’acquisition d’expérience dans l’exploitation d’installations pétrochimiques. Le développement de la recherche et développement dans la pétrochimie. La réalisation de ces projets permettra une meilleure disponibilité des produits de première génération (éthylène, propylène, méthyle-éthylène-glycol, méthanol, ammoniac…).
Farid B.
La coopération énergétique algéro-nippone évoquée par M. Yousfi et un responsable japonais
Booster l’industrie des hydrocarbures
Le ministre de l’Energie et des Mines, M. Youcef Yousfi, a reçu mardi le vice ministre parlementaire au ministère japonais des Affaires étrangères, M. Ryuji Yamane, qui effectue une visite de travail à Alger. Les entretiens entre les deux responsables ont porté sur le renforcement de la coopération algéro-japonaise dans les domaines des hydrocarbures, de l’énergie et des mines, indique un communiqué du ministère. A cette occasion, M. Yousfi a invité les entreprises japonaises à « s’engager d’avantage dans l’investissement et le partenariat dans les domaines de l’exploration, la pétrochimie, les énergies renouvelables et la fabrication localement des équipements entrant dans l’industrie des hydrocarbures et des énergies renouvelables ». Il a mis l’accent également sur les volets de la formation et la recherche développement dans ces domaines, ajoute la même source.