Le plan d’industrialisation du pays aurait-il pu intervenir à un meilleur moment – lorsque les réserves de change culminaient à plus de 200 milliards de dollars – ou est-ce simplement la réponse au pire, autrement dit à l’urgence, maintenant que l’or noir ne rapporte plus autant ? La question vaut surtout par deux faits essentiels.
Primo : Jamais on n’a autant parlé de nécessité de recoudre le tissu industriel ancien et d’en fabriquer un autre pour moins souffrir de la dépendance pétrolière et assurer au pays un avenir économique moins lié à la ressource fossile. Deuxio : jamais on n’a autant placé au cœur de ce débat l’industrie automobile comme maintenant. De cette filière, et sans doute en raison de son caractère emblématique, le gouvernement en a fait depuis des mois son cheval de bataille.
Avec, à la clé, des investissements conséquents. Ceux d’abord consentis dans l’usine Renault de Oued Tlélat et ceux à venir probablement avec la concrétisation du projet de Peugeot et, peut-être, Wolkswagen. La grande interrogation est : est-ce que les pouvoirs publics vont continuer dans ces investissements – qu’ils soient directs ou sous forme de montages financiers et bancaires appropriés – alors que la conjoncture pétrolière apporte chaque jour son lot de mauvaises nouvelles ? Pour l’instant, l’heure est au volontarisme et il n’y a qu’à voir l’effort à nouveau consenti – plus de 90 milliards de dinars à la rescousse – dans la SNVI, pourtant engluée dans de graves problèmes de gestion, pour s’en apercevoir. L’objectif n’est pas, à proprement dire, de garder en vie artificiellement ce «géant» malade de l’industrie mécanique algérienne, mais de lui insuffler des fonds pour se «ressaisir», en attendant qu’il gagne sa place sur un marché qui sera bientôt occupé, au plan national, par des opérateurs qui n’ont pas le souci des filets sociaux. Sa planche de salut pourrait être celle de la sous-traitance qui manque tant dans notre pays. C’est d’ailleurs à cette fin qu’aura lieu dès aujourd’hui ce qui peut être considéré comme les premiers états généraux de la sous-traitance automobile et mécanique, à travers leur association professionnelle l’UPIAM, qui se donnent rendez-vous dans les bâtiments de la SNVI afin de se définir un plan de charges. Un rendez-vous qu’il convient de suivre avec une grande attention, notamment en ce qui concerne le discours qu’auront les managers de la SNVI à formuler devant leurs partenaires et leurs invités. Les mots, même en industrie, peuvent être des gages de confiance. Surtout s’ils sont porteurs de sens de stratégie. Les grands constructeurs automobiles qui ont manifesté leur intérêt à construire en Algérie des complexes de montage de véhicules légers – Peugeot ou Volkswagen – et lourds – Fiat et Iveco – peuvent les comprendre ainsi.