Le ministre de l’Energie, Youcef Yousfi, a affirmé, lors de l’ouverture des travaux de la conférence internationale sur l’industrie de gaz, tenue en octobre à Oran, que la production nationale des hydrocarbures «recommence à croître».
L’intervenant a assuré que «la production algérienne des hydrocarbures recommence à accroître grâce à la mise en exploitation de nouveau gisements ». Il dira en substance : «Nous prévoyons d’augmenter la production de gaz naturel de 40% dans les cinq années à venir et la doubler d’ici une dizaine d’années », a-t-il ajouté, soulignant au passage que « le domaine minier en Algérie est très vaste et relativement peu exploré.»
Par ailleurs, le P-DG par intérim de Sonatrach, Saïd Sahnoune, a déclaré en marge des travaux de la même rencontre, que «l’Algérie prévoit un début de production de gaz de schiste en 2022, si le plan tracé est exécuté dans les bonnes conditions ». A l’horizon 2025, ajoutera-t-il, « on pourrait également atteindre un niveau de production de l’ordre de 10 milliards m3 de gaz de schiste.»
En effet, selon une étude sur ses réserves, l’Algérie n’est qu’à la moitié de son ère pétrolière. Ce n’est un secret pour personne et Youcef Yousfi vient, à l’occasion de la conférence internationale sur l’industrie de gaz en Algérie, de le prouver. Le domaine minier national est largement sous-exploité, Pour ce qui est du gaz naturel, l’Algérie n’aurait produit que 15% des réserves de base probables. C’est une étude de la division exploration de Sonatrach qui arrive à ces conclusions. Elle ajoute qu’il faudra forer mieux à des endroits où cela a déjà été «mal» fait, dans les années 70, pour valoriser ce potentiel. Et pas seulement forer ailleurs car «les réserves pétrolières algériennes ne vont pas s’épuiser en 2020», avait déclaré, en début d’année, le ministre de l’énergie et des mines, Youcef Yousfi, tout en assurant que « l’Algérie dispose d’un énorme potentiel appelé à accroître à la faveur d’un vaste programme d’exploration qui sera engagé.»
Un potentiel loin d’être tarissable
En effet, 40 % à peine du domaine minier national a fait l’objet d’exploration et encore, cette dernière n’est pas assez dense. Selon une étude sur «Le Potentiel en Hydrocarbures de l’Algérie» de la division exploration, présentée lors de la dernière «Well Evaluation Conférence», organisée conjointement par la Sonatrach et Schlumberger qui révèle que «les ressources ultimes, générées, migrées puis piégées dans les différents bassins sédimentaires, tout au long de leur histoire géologique, sont loin d’avoir été toutes explorées et encore moins découvertes.» Les réserves initiales en place prouvées sont, précise l’étude citée, d’environ dix milliards deux cents millions de mètres cubes d’hydrocarbures liquides, seuls 25% d’entre elles sont considérés récupérables avec les procédés d’exploitation actuels. La moitié de ces réserves d’huile récupérables a déjà été produite. Environ 400 autres millions de mètres cubes d’huile sont aujourd’hui considérés comme réserves probables et possibles. « Sur les réserves initiales en place prouvées d’environ 4600 milliards de mètres cubes de gaz, 80% d’entre elles sont considérées récupérables actuellement. Uniquement 15% de ces réserves ont été produites à ce jour. Environ mille autres milliards de mètres cubes de gaz sont considérés aujourd’hui comme réserves probables et possibles.» Avec une densité moyenne d’exploration de 7 puits par 10 000 km2 (allant de moins d’un puits à Tindouf à 29 à Illizi), l’Algérie reste inégalement explorée.
A titre indicatif, à travers le monde, la densité est de 95 puits en moyenne, (5 en Afrique, 6 en Asie, 7 au Moyen-Orient, 12 en Amérique du Sud, 45 en Europe de l’Ouest, 90 en Europe de l’Est et 500 en Amérique du Nord). Selon toujours la même étude, « la plupart des puits ont été forés avant le milieu des années soixante-dix, avec des concepts et des technologies dépassées. L’analyse de l’historique des travaux d’exploration et des découvertes met en évidence une influence primordiale des interruptions des travaux liées à des situations conjoncturelles et par conséquent des résultats qui ne correspondent absolument pas au potentiel ultime.»
En conclusion, il a été recommandé qu’avec « un nouvel effort adapté, basé surtout sur l’introduction de nouveaux concepts, de nouvelles technologies et le principe de forer mieux, et non pas plus, est en mesure d’accroître de façon très sensible les réserves en hydrocarbures aussi bien dans les provinces déjà explorées ou développées que dans celles encore sous explorées.»
Saou Boudjemâa (L’Éco n°99 / du 1er au 15 novembre 2014)