Des mégachantiers ont été engagés durant la dernière décennie
L’année 2013 ne démarre pourtant pas trop mal avec l’annonce d’une baisse notoire de la facture des médicaments et un excédent commercial de l’ordre de 2,84 milliards de dollars.
Si l’argent du pétrole a changé la face de l’Algérie, il n’a par contre, pas révolutionné son économie. Des logements, des routes, des autoroutes, des écoles, des hôpitaux ont poussé comme des champignons… grâce uniquement à l’argent du pétrole.
Depuis le début des années 2000 qui coïncide avec la première élection de Abdelaziz Bouteflika, l’Algérie est entrée dans une période faste grâce notamment, à la hausse des prix du pétrole qui a permis au pays de se désendetter et à engager des mégachantiers (autoroute Est-Ouest, construction de millions de logements, de barrages, extension du réseau routier et ferroviaire…).
L’Algérie fête le 42e anniversaire de la nationalisation du secteur des hydrocarbures. L’occasion est opportune pour faire un état des lieux aussi schématique soit-il. La conjoncture l’impose. On ne peut plus se contenter de «vivats» qui ont plus tendance à satisfaire certains égos qu’à sanctionner le moindre effort. On a pris cette fâcheuse et ronronnante habitude de faire état d’une situation financière confortable à travers les chiffres d’une balance commerciale excédentaire qui ne doit ce «statut» qu’à des prix du pétrole d’un niveau élevé depuis quelques années.
Ce qui permet au pays de s’adosser à une manne financière de plus de 200 milliards de dollars. La situation économique actuelle particulièrement en cette période de morosité économique mondiale, demeure pratiquement exceptionnelle. Elle reste malgré tout fragilisée par les vecteurs qui la soutiennent et qui sont loin d’être garants d’une certaine pérennité: les cours de l’or noir ont reculé de plus de 4 dollars la semaine dernière alors que des rumeurs indiquent que l’Arabie Saoudite, premier pays exportateur de brut, s’apprête à augmenter son offre dans les prochains mois pour répondre à une demande accrue en Asie, a révélé l’analyste Andy Lebow, de Jefferies Bache. Ce qui pourrait amplifier cette tendance. Ce n’est un secret pour personne, l’embellie financière que connaît l’Algérie dépend étroitement du prix du baril de pétrole et des importations en hydrocarbures en général qui lui garantissent quelque 98% de ses recettes en devises. Un manne fabuleuse constamment parasitée. La facture alimentaire, celle des médicaments…viennent comme des vigiles nous rappeler cette réalité comme pour remettre les pieds sur terre. Sans l’argent du pétrole que deviendrait le quotidien des Algériens? Les exportations hors gaz et pétrole rapportent à peine deux milliards de dollars. Tout juste de quoi couvrir la facture des médicaments.
L’industrie est balbutiante, le tourisme moribond, le secteur agricole déficient…autant de secteurs générateurs de devises qui s’accrochent désespérément à la locomotive: le secteur des hydrocarbures qu’ils siphonnent en permanence. Or, cette mamelle de l’économie nationale tend à se tarir. C’est officiellement dit à demi-mot. «Nous sommes dans le même niveau de production que celui réalisé l’année dernière, mais avec une petite diminution de la production de nos partenaires en association qui est justifiée par certains gisements qui sont en déclin», avait déclaré le 23 décembre 2012 le P-DG de Sonatrach, Abdelhamid Zerguine, aux journalistes, en marge de sa visite d’inspection du site de la future raffinerie de Tiaret.
Le recours probable à l’exploitation du gaz de schiste et l’annonce du premier forage pétrolier d’exploration offshore qui doit en principe être réalisé par le groupe français «CGG Veritas» pour pallier ce type de scénario constituent autant d’indices qui retarderaient les ambitions de l’Algérie: développer un tissu industriel, un secteur agricole qui répondrait aux besoins de sa population, un secteur du tourisme gros générateur de devises à l’instar de nos voisins marocains et tunisiens…
L’année 2013, qui ne démarre pas trop mal avec l’annonce d’une baisse notoire de la facture des médicaments et un excédent commercial de l’ordre de 2,84 milliards de dollars, ne montre pas que l’Algérie en prend le chemin…