Industrie automobile en Algérie : l’Etat impose de nouvelles condition aux constructeurs

Industrie automobile en Algérie : l’Etat impose de nouvelles condition aux constructeurs
Industrie Automobile Algérie

Le Ministre de l’Industrie, Yahia Bachir, a annoncé, lors d’une séance plénière tenue à l’Assemblée Populaire Nationale (APN) ce jeudi 4 décembre, la mise en place d’une nouvelle exigence impérative pour tout constructeur automobile souhaitant investir dans la fabrication de véhicules en Algérie.

La condition est sans appel : les opérateurs étrangers sont désormais « tenus de faire appel aux sous-traitants avant le lancement de leurs projets ». Cette décision stratégique vise à éradiquer définitivement les pratiques passées de simple assemblage et à garantir l’émergence d’une véritable industrie automobile locale, créatrice de valeur ajoutée réelle. Le ministre a insisté sur le fait que l’État avance désormais « à pas sûrs » pour développer le secteur. Parallèlement, M. Bachir a détaillé les efforts de l’État pour relancer les usines confisquées et a mis en lumière l’ambition nationale dans les technologies de pointe, notamment la production locale de puces électroniques.

L’Exigence catégorique : priorité à la sous-traitance automobile locale

Le cœur du message délivré par le ministre Yahia Bachir à l’APN est le durcissement de l’accès au marché algérien pour les constructeurs automobiles internationaux. L’approche est désormais conditionnée par un engagement ferme et précoce envers l’intégration nationale.

M. Bachir a affirmé que la réussite de l’industrie automobile en Algérie repose de manière « fondamentalement liée à l’existence d’un réseau complet et diversifié de sous-traitants qui assure l’approvisionnement continu de cette industrie. » L’Algérie ne fera plus de compromis sur la création d’une chaîne de valeur locale.

Cette nouvelle condition, qui contraint les investisseurs étrangers à inclure les sous-traitants dès la phase de conception, est la base sur laquelle se tiennent actuellement les discussions avec les « différents opérateurs étrangers qui ont manifesté leur volonté de s’implanter en Algérie ».

Le ministre de l’Industrie a mis en garde contre toute tentative de revenir aux anciennes méthodes, soulignant que la prudence est de mise pour éviter l’échec. Il affirme :

« Si on se précipite, on risque de revenir au point de départ. Pour cela, nous vous demandons de patienter, parce que nous ne voulons pas revenir au passé. Nous avançons avec des pas sûrs. Nous n’allons pas revenir au gonflage des pneus, et peut-être que les prix seront plus chers que si nous importons des voitures. »

L’objectif est clair : bâtir une véritable industrie qui se distingue de l’assemblage à petite échelle qui entraînait, selon lui, le « gaspillage d’efforts et d’argent et la hausse du coût des véhicules ». L’État s’assure ainsi que le nouveau cycle d’investissement soit synonyme d’intégration profonde et de création de richesse durable.

Cette exigence s’appuiera sur des outils nationaux en cours de finalisation, visant à faciliter l’interaction entre constructeurs et producteurs locaux de pièces : le Référentiel National d’Intégration des Pièces de Rechange. Les responsables comptent finaliser cet outil de référence, réalisé à 80%, d’ici la fin de l’année. Il constituera une base de données nationale recensant les fabricants et les pièces détachées déjà produites localement, accélérant ainsi la réduction des importations et favorisant un taux d’intégration élevé dans l’industrie mécanique nationale.

Stratégie de l’État : relance des actifs et développement technologique

Le discours du ministre Yahia Bachir a également couvert deux autres axes majeurs de la politique industrielle nationale : la réintégration des usines saisies et l’ambition dans les technologies de pointe.

Le ministre a réaffirmé la détermination du gouvernement à relancer l’ensemble des projets récupérés dans le cadre de la lutte contre la corruption. Concernant les usines automobiles confisquées au profit de l’État (suite à des décisions de justice définitives), le Ministère de l’Industrie travaille activement en coordination avec les secteurs concernés.

L’objectif ? Prendre « toutes les mesures nécessaires pour accélérer leur intégration et reprendre la production dans les plus brefs délais, » transformant ainsi des biens récupérés en moteur de la production.

Le pari de l’industrie des puces électroniques :  une avancée pour l’Algérie ?

Dans le domaine des technologies avancées, l’Algérie affiche une ambition de rupture : développer un « système national intégré pour la production de ce type de puces électroniques ». L’objectif est de maîtriser toute la chaîne, de la recherche, le développement, et la conception jusqu’aux lignes de production, en s’appuyant sur les « compétences nationales disponibles » (diplômés universitaires et techniciens).

Une feuille de route est élaborée pour établir des partenariats avec des compagnies internationales afin d’acquérir une « expérience technique et technologique avancée » et de renforcer le capital humain. Une coordination est en cours avec le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour lancer un projet pilote de fabrication de puces électroniques pour les cartes intelligentes (distribution de carburant, transport, etc.), utilisant les capacités du Centre de développement des technologies avancées.

De plus, l’ouverture d’un Doctorat dédié, offrant des perspectives de développement pour cette industrie à haute valeur ajoutée souligne l’engagement envers le capital humain.

M. Bachir a salué le progrès des industries électroniques et électroménagères algériennes. Grâce aux mesures incitatives de l’État, cette filière se distingue par sa « qualité et sa diversité », permettant désormais aux produits algériens de cibler et de se commercialiser sur les marchés étrangers.