Indila et farah youssef au casif de sidi fredj : Deux poids, deux mesures

Indila et farah youssef au casif de sidi fredj : Deux poids, deux mesures

Quelle mouche a piqué la chanteuse Indila, invitée à se produire en guest, soit en deuxième partie en animant à peine une demi-heure de concert, elle qui pourtant déclarait «l’Algérie coule dans mes veines ?».

Etait-elle trop fatiguée après s’être produite la veille à Timgad et pourtant sa consoeur, la chanteuse syrienne, bien à l’aise, sur la scène algéroise a, quant à elle, donné à voir et à écouter une heure pleine d’émotion et d’interaction avec le public, de retour, elle aussi, de Timgad.

En effet, après presque deux heures d’attente (le concert est annoncé à 22h, mais il ne débute que vers 23h 30) et les musiciens qui continuent à faire leur balance devant le public même comme si de rien n’était, la poupée pyroxdiée Farah Youssef arrive sur scène emmitouflée dans une robe orangée crevette à bordure dorée. Très à l’aise sur scène et pourvue d’une voix puissante, elle aura tout au long du concert le mot qu’il faut en s’adressant à son public en partie syrien, mais aussi à l’assistance algérienne en faisant monter sur scène des petites filles pour danser tout en portant dans sa main et le drapeau algérien et celui de la Syrie. Elle pleurera même sur scène tout en continuant à chanter en affirmant qu’un jour la Syrie redeviendra comme avant et qu’on reviendra.

«Le peuple syrien m’a chargé de transmettre ses amitiés au peuple algérien», a-t-elle lancé d’emblée, après avoir interprété Chi Gharib. Elle poursuivra son tour de chant avec Mahboub Glibi, du patrimoine algérien, ainsi que Cheikh El Aâchira Beyya, Aâla’l Adid Ijtamaâna, Qaddouka El Mayyass, Laqitek We’Denya Lil, Ma Bedha Ghirek, Aâl Aïn Mouniyyetin, Ya Bidaï’l Ward, constituant des reprises de Najwa Karam (Liban), Ismahan (Syrie) ainsi que quelques pièces du patrimoine oriental qui ont reçu un répondant positif parmi le public qui s’est adonné allègrement à la danse de la debka, grâce au percussionniste Sahraoui, la coqueluche du groupe.

Elle finira par chanter Wine el malyine Ech’chaâb El Arabi win, en hommage à Ghaza, déplorant «l’insuffisance et le manque d’efficacité dans la réponse apportée aux agressions israéliennes meurtrières contre la population civile de Ghaza». Révélée l’année dernière dans le programme de télévision Arab Idol dans sa saison II, Farah Youcef a déclaré au micro des journalistes qu’elle a déjà animé 75 concerts jusque-là, mais le meilleur reste ceux du Casif et de Timgad. Moins festif était le répertoire et l’ambiance du concert de la chanteuse Indila qui reprendra à peine plus de cinq morceaux de son nouvel album Mini world.

Après avoir interprété Dernière danse, Sos, tourner dans le vide par deux fois, Run Run et un autre morceau teinté de couleur indienne (un ancien duo réalisé lors de sa première vie d’artiste avec un rappeur français) Indila décide de prendre congé du public non sans chantonner Algérie mon amour, Algérien pour toujours. Accompagné d’un drebki algérien, celui-ci redonnera du punch au morceau Run Run en lui insufflant un rythme maghrébin, alaoui, berwali au grand bonheur de l’assistance.

Toutefois, si la chanteuse syrienne s’est entièrement donnée à ses fans alors qu’elle n’avait eu droit qu’aux loges et aux toilettes insalubres du Casif, puis de donner son temps longuement aux jeux des questions / réponses et ce, en étant toujours debout, Indila, elle, qui cachée sous le chapiteau avec son manager qui a refusé de répondre à une simple petite question, s’adressant aux médias algériens, elle leur offra un simple nonos de moins de deux minutes chrono. Une déclaration mi-solennelle mi-nunuche dont voici le texte intégral: «Peuple algérien je vous salue, l’Algérie coule dans mes veines, et comme tous les Algériens hommes libres de ce monde, mon coeur n’a pas de frontières.

Je voudrais dédicacer à toute l’Algérie ces quelques mots, Algérie verte comme l’espoir, ta terre natale, fait naître de belles roses d’Orient., telles que Warda et de beaux chants de joie. Je suis heureuse Algérie de partager mon mini world avec toi. Je sui heureuse de m’arrêter ici sur cette terre pour chanter devant les parents et tous les enfants du monde. Tous les enfants du soleil. Je suis vraiment heureuse de te donner tout ce bonheur. Et merci pour tout le bonheur que tu me donnes. C’est très émouvant. Je retiens mes larmes. Merci l’Algérie parce qu’avec toi le rêve continue.

Merci l’Algérie je vous aime.» Loin de remettre en cause son talent de chanteuse indéniable, sa qualité d’artiste et son caractère réservé de fille mutine qu’elle veut se donner l’air, il est à déplorer hélas le cachet marketing qui entoure souvent ce genre de «dispositif» qui dénature souvent l’authenticité de la personne. Autre fait marquant plutôt affligeant lors de cette soirée, est l’excès de zèle de certains agents de sécurité sans oublier l’interdiction formelle de danser. Oui vous ne rêvez pas. Mais pas n’importe qui.

Une jeune fille s’est levée de sa chaise et s’est mise à danser seule, un agent de sécurité est venu la sommer de s’asseoir, la laissant complètement dépitée. Non loin de là, quatre jeunes hommes s’adonnaient au même jeu de hanche, mais cette fois, plus ridicule tu meurs sans qu’ils soient embêtés pour un sou. La même scène se répète et quelques jeunes filles et deux fillettes se lèvent pour danser, assises qu’elles étaient en bas de la scène et ne voilà-t-il pas quatre agents de sécurité qui viennent les faire asseoir. On passera sur le fait qu’on autorise à des gens (les cousins de) de prendre la place des journalistes avec la bénédiction d’un des responsables et gare à vous si vous osez lever le ton, vous femme sans aucun droit, ni défense vous êtes sommées de vous taire! Mais enfin un désordre généralisé régissant le domaine de l’organisation du spectacle qui n’a pas fini de révéler tous les dessous, mais on préfère s’arrêter là. A l’image de tout le pays, hélas.