Le 2e colloque international sur les explosions nucléaires dans le Sahara algérien s’est clôturé, hier au Cercle national de l’armée d’Alger, par des recommandations. Les plus importantes sont celles relatives aux aspects juridiques des effets de ces essais.
Se désolant au sujet de la récente loi Morin, et soulignant que la loi française du 23 février 2005 glorifiant la colonisation «octroie aux victimes aussi le droit de légiférer avec des lois criminalisant le colonialisme et son apologie», les juristes ayant pris part à cet atelier ont insisté sur «la nécessité pour la France de reconnaître sa responsabilité, entière et totale, dans la provocation de dégâts catastrophiques ininterrompus dus aux essais et explosions nucléaires dans le Sahara algérien, et de s’acquitter de l’intégralité des dédommagements nécessaires à cela».
L’atelier a recommandé «de prendre, à court terme, toutes les mesures préventives afin d’épargner les vies humaines et l’écosystème, et ce en demandant à l’Etat français de procéder de concert avec les autorités algériennes à la décontamination et la réhabilitation urgentes des zones endommagées ainsi qu’à la création de centres de santé sur place afin, notamment, de soigner les diverses maladies cancéreuses».
Il est également demandé d’«élargir l’espace des dommages concernés par l’indemnisation selon les normes internationales pour inclure, outre les zones militaires concernées à l’époque, tous les espaces atteints».
Les juristes ont également recommandé «de permettre aux autorités nationales d’accéder aux archives et documents relatifs à ces explosions nucléaires afin de prendre les mesures nécessaires pour la prise en charge des victimes et de l’environnement».
L’atelier souligne aussi «la nécessité de poursuivre l’approfondissement de la concertation constructive et responsable entre tous les acteurs et les parties concernés par ce dossier dans un souci d’objectivité et de transparence au service de la justice, de l’équité et de l’humanité entière».
Au registre juridique toujours, il est recommandé «de réfléchir à la création d’une commission mixte et multidisciplinaire dans l’objectif d’un partenariat constructif afin de trouver des solutions justes […] commençant par la reconnaissance (par la France, NDLR) de sa responsabilité et finissant par la réparation des dégâts matériels, corporels, moraux et esthétiques provoqués» par ces essais nucléaires.
L’atelier sur les conséquences sanitaires, composé de médecins spécialistes algériens et étrangers, après avoir fait un constat terrifiant sur les conséquences des essais français sur la santé des populations des régions concernées, a conclu à «l’urgence de doter ces régions dans les plus brefs délais d’un centre de recherche et de prise en charge de toutes les affections radioactives induites sur l’homme et son environnement».
H. Mouhou