Un chauffage défectueux est synonyme d’une mort certaine
Un aveu pareil sous d’autres cieux aurait suscité une levée de boucliers aussi bien de la presse que des associations des consommateurs.
Terrible aveu que vient de faire le ministre du Commerce, Mustapha Benbada. Interrogé sur l’existence de chauffages non conformes sur le marché algérien, il n’a pas nié les faits. Bien au contraire, il a même donné l’adresse où on peut en trouver! «Tu vas au Hamiz, tu trouves la vente des chauffages non conformes», a-t-il avoué sans gêne aucune lors de la conférence de presse qu’il a animée, hier sur les nouvelles dispositions relatives à l’information du consommateur.
Un aveu pareil sous d’autres cieux aurait suscité une terrible réaction aussi bien de la presse, des associations des consommateurs que des familles des victimes du monoxyde de carbone! Comment un ministre de la République confesse connaître l’existence et même l’adresse où se vendent ces chauffages de la mort? Cela est très grave! On ne parle plus là de prix qui flambent ou de marchés informels, mais d’appareils qui ont tué des centaines de citoyens et qui menacent la vie de milliers d’autres!
Ces chauffages font en effet des ravages chaque hiver en décimant des familles entières. Et voilà que le ministre du Commerce facilite la vie aux citoyens en leur donnant directement l’adresse où ils peuvent aller s’«offrir» les derniers chauffages de leur vie. Benbada qui semble s’être plu au jeu des confidences, révèle que les moyens de contrôle dont il dispose sont insuffisants. «Nos moyens de contrôle sont faibles», assure-t-il. Qu’attend-il pour mettre les moyens nécessaires depuis le temps où ce genre d’appareils a envahi notre marché national? La vie de nos concitoyens ne vaut-elle pas le coup de mettre les moyens nécessaires?
Le pire dans cette histoire, c’est que Benbada demande à ce qu’on le félicite pour avoir fait, pour une fois, son travail. «J’ai pris mes responsabilités. 55.000 chauffages ont été bloqués par nos services. J’ai arrêté des cargaisons seulement sur le principe de la protection du consommateur», s’est-il félicité. «J’ai aussi exigé à ce que le contrôle sur les chauffages importés se fasse de façon approfondie et non superficielle comme cela se faisait avant», a-t-il ajouté. Mustapha Benbada tient également à préciser que la mauvaise qualité des appareils de chauffage n’était pas la seule responsable des intoxications au monoxyde de carbone.
«L’aération, l’installation et l’entretien provoquent aussi ce genre d’accidents», soutient-il pour tenter de se justifier. Enfin, Benbada admet aussi que du retard a été pris. Mais, il estime «qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire». Malheureusement pour les victimes de ces chauffages, c’est trop tard…