Les repris de justice subissent d’innombrables pressions au sein de la société algérienne, ils sont non seulement rejetés par leur cercle familial et professionnel mais constituent également la cible privilégiée de la justice.
C’est toute cette tension qui pèse sur les repris de justice et qui les pousse à récidiver au taux de 67%, a soutenu Ammar Hamdaoui, avocat et fondateur de la Fondation civile pour la réinsertion des repris de justice et la lutte contre la récidive (FCRLR) qui compte aujourd’hui plus de 4 380 adhérents au niveau national.
Cette récidive s’explique par le fait que l’ancien détenu est plus «compris» dans l’établissement de redressement dans lequel il était qu’au sein de la société qui le nie ou le réprime, explique l’intervenant au forum du quotidien El Moudjahid.
L’avocat s’étonne que les autorités se vantent de la mise en service de 99 prisons en 2014 alors qu’il s’agit là d’un indicateur d’une dégradation de la situation sociale. Il est vrai que des systèmes de formation sont disponibles au niveau des maisons de redressement mais les détenus qui en bénéficient ne peuvent pas faire valoir leurs diplômes auprès des entreprises après leur libération. Et ce, car les structures de réinsertion ne jouent pas convenablement leur rôle.
«L’étiquette de criminel reste collée au dos des repris de justice même s’ils ont été condamnés à tort ou qu’ils ont réellement envie de changer», a rapporté A. Hamdaoui dont la Fondation a contribué à la réinsertion de plus de 2 000 personnes.
Cette mentalité répressive des repris de justice est valable au sein de la société comme au niveau de la justice. Le casier judiciaire de ces derniers est souvent utilisé comme référence ou preuve lorsqu’ils comparaissent devant les magistrats en tant que supposés suspects ou accusés alors que chaque cas doit être pris en considération à part entière et avec objectivité, a-t-il déploré. Si la justice s’est modernisée en matière de matériels et de construction, il n’en est pas de même pour «sa mentalité et sa façon d’être».
Par ailleurs, la FCRLR a été ravie d’annoncer la mise en place prochaine d’un Centre pilote d’accueil, d’écoute, de prise en charge et de réinsertion des repris de justice à Alger, une première dans le genre, en collaboration avec le ministère de la Solidarité et d’autres institutions publiques d’ordre sécuritaire notamment.