Incinération des déchets hospitaliers de l’EHU, Une délocalisation et beaucoup d’interrogations

Incinération des déchets hospitaliers de l’EHU, Une délocalisation et beaucoup d’interrogations

Les habitants de Hassi Bounif, de Sidi Chahmi, de Gdyel et d’El Braya attendaient avec impatience les suites qui seraient réservées à la façon scandaleuse avec laquelle se sont déroulés le transport et l’incinération à ciel ouvert de plusieurs tonnes de déchets hospitaliers à risque infectieux de l’hôpital 1er-Novembre 1954 (EHU).

L’incinération a eu lieu dans un hangar désaffecté d’une propriété privée sur les hauteurs de Sidi Chami. Ces villageois ont été surpris d’apprendre qu’un incinérateur de l’hôpital sera installé au centre d’enfouissement technique de Hassi Bounif ou El Ançor.



Par ailleurs ils n’ont pas manqué d’afficher leur inquiétude face à la légèreté avec laquelle les responsables prennent des décisions de cette taille sans penser à la santé de la population. Signalons à ce propos, qu’aucune sanction n’a été prise contre les responsables de cet acte criminel du jeudi 14 février.

« L’accès de l’hôpital par les enfants est formellement interdit et c’est juste car les enfants fragiles comme ils sont peuvent être contaminés, mais lorsque des sacs remplis de déchets de soins à risques infectieux, des centaines de seringues souillées, des centaines de frottis, des centaines de gants et de compresses tombent du camion en cours de route, personne ne s’inquiète des risques de contamination que cela peut engendrer aux enfants si ces objets tombaient entre leurs mains», précise un habitant de Sidi Chahmi qui ajoute: «Est-ce que quelqu’un, parmi les responsables locaux, s’est inquiété sur ce que sont devenus les déchets à risque infectieux qui sont tombés du camion et qui traînent au bord de la route ?

Non, personne n’a pris l’initiative de les ramasser et cela démontre à quel point notre santé fait partie des derniers soucis de ceux qui sont censés la protéger». A Gdyel, un habitant dira: «installer l’incinérateur de l’hôpital au niveau d’un CET, est un acte administratif, ce qui m’étonne et me révolte, c’est qu’il n’y a eu aucune sanction à l’encontre des responsables de ces graves délits.

Lorsqu’un jeune vole un téléphone portable et qu’il se fait prendre, il risque 5 ans de prison, c’est juste, lorsqu’un jeune harag se lance dans l’aventure pour une émigration clandestine et se fait prendre, il encourt une peine de prison, c’est juste, mais lorsqu’on expose la vie de toute une population en danger, on ne prend aucune mesure de sanction contre les auteurs de l’acte.

C’est très grave messieurs les RESPONSABLES», souligne notre interlocuteur. Effectivement, le traitement des déchets de soins à risque infectieux doit obéir à des règles très strictes que ce soit en matière d’entreposage, de transport ou d’élimination, et ce, afin d’éviter toute contamination.

Dans les pays développés, les emballages de ce genre de déchets, sont homologués, à usage unique, identifiés, par un code couleur et le symbole du risque biologique, adapté aux différents types de déchets à risque infectieux (fût, sac, collecteurs d’aiguilles, etc.) leur transport se fait dans des véhicules fermés et appropriés garantissant la sécurité des personnes et de l’environnement et leur incinération, se fait dans une installation classée, selon des normes strictes de température, de filtration des fumées, de contrôle (dioxine, métaux lourds).

L’incinération de ces déchets peu ou pas contrôlée, présente des risques importants pour la santé des populations avoisinantes, surtout lorsque la combustion est incomplète en cas de température trop basse, qui dans ce cas entraîne la persistance du risque infectieux, que dire alors des déchets qui ont été incinérés à ciel ouvert à Sid Chahmi dont un nuage de fumée se dégageait du site pendant plusieurs jours.

A. Bekhaitia