Incidence de la crise de la dette américaine sur l’Algérie,Les experts rassurent

Incidence de la crise de la dette américaine sur l’Algérie,Les experts rassurent

La crise de la dette qui secoue les Etats-Unis depuis quelques semaines déjà et qui a atteint son point culminant, vendredi dernier, avec la dégradation de la note de crédit de ce pays a fait souffler un vent de panique sur les principales places financières internationales.

De nombreux analystes ont, peut-être à juste titre, déjà prédit une crise majeure dont on ne peut pour l’heure mesurer toute l’étendue. L’agence d’évaluation financière Standard & Poor’s, qui a, en effet, levé vendredi un véritable tabou en retirant aux Etats-Unis, première puissance économique mondiale, la prestigieuse note «AAA», attribuée aux emprunteurs les plus fiables, a provoqué un séisme de grande magnitude dont l’onde de choc n’a pas épargné l’Algérie aussi. Et pour cause, notre pays est directement concerné par les retombées de cette décision. La majeure partie de nos réserves de change est détenue en dollars et une partie de cette somme est investie en bons du Trésor américain.

Sur ce plan, tous les analystes et experts sont unanimes à dire que cette crise a d’indéniables répercussions sur l’économie nationale. Abdelmalek Serai, expert et consultant international, considère à cet effet que l’Algérie sera touchée de plein fouet par cette crise et, à ce titre, il énumère «cinq conséquences majeurs». En effet, selon notre interlocuteur, joint hier, «cette perte de confiance des investisseurs par rapport à l’économie américaine va faire perdre au dollar beaucoup de sa valeur la monnaie américaine n’aura plus la même valeur». En termes plus clairs, dira Abdelmalek Serai, «il y aura une perte de la valeur nominale des titres des bons de Trésor américains qui ne manquera pas d’avoir une incidence directe sur les fonds algériens placés dans ce pays». En deuxième lieu, Abdelmalek Serai évoque la question relative aux pertes qui seront enregistrées lors des opérations d’exportations puisque pratiquement toutes les transactions de l’Algérie se font en dollars. Et si l’Algérie exporte essentiellement en dollars, ses importations se font, en revanche, en euro qui est plus cher que la monnaie américaine. Pour Abdelmalek Serai, l’Algérie va aussi perdre aux changes du fait que «nous allons importer des marchandises inflationnistes». Cela dit, pour notre interlocuteur, le plus grave problème a trait à la question du pétrole. «Dès lors qu’il y’a une réduction de la production industrielle, il y’a automatiquement moins de demande sur le pétrole et, donc, son prix connaîtra une baisse inéluctable. D’ailleurs, en quelques jours seulement, le prix du baril a baissé sur les marchés de presque 20 dollars et cette courbe va se poursuivre». Il va sans dire que cela suppose un changement de la démarche politique puisque Abdelmalek Serai est catégorique sur ce plan : «Il faut réduire la facture de l’importation ; il faut arrêter le gaspillage et ce, d’autant plus que l’on a dépassé les 40 milliards de dollars.». Ce changement de méthode doit aussi toucher la gestion des réserves de changes puisque notre interlocuteur estime «qu’il faut désormais une gestion rigoureuse» de cette question car, l’Algérie «doit aussi revoir ses priorités en matière d’investissements». Interpellé sur la question du placement de fonds de l’Algérie principalement aux Etats-Unis, Serai dira qu’«il faut diversifier tout de suite nos placements à l’étranger, car on n’a pas le choix. Il faut aller vers le marché chinois ; il faut aller vers le Yen. Il faut diversifier au maximum nos placements à l’étranger». Les réserves de changes de l’Algérie, pour rappel, avoisinent les 160 milliards de dollars. Les experts sont presque unanimes à dire que la décision de l’agence d’évaluation financière Standard & Poor’s (S&P) de retirer aux Etats-Unis leur prestigieuse note «AAA» aura inévitablement des incidences sur l’Algérie. C’est le cas de Bachir Msitpha qui considère que les bons de Trésor américains n’auront plus la même valeur et ne seront pas très prisés sur le marché international.

Par : Kamal Hamed