Face à la dégringolade des cours de l’or noir sur le marché mondial, le ministre de l’Energie et des Mines se veut à la fois inquiet et rassurant, allant, dans cette gymnastique, jusqu’à apporter des précisons aux récentes mises en garde du premier argentier du pays.
Youcef Yousfi exclut toute réunion d’urgence de l’Opep, du moins pour le moment, en vue d’étudier les mesures à même de faire face à la dégringolade des prix du baril de pétrole sur le marché mondial, en y apportant les correctifs nécessaires. Ceci a contrario de ce qui était convenu au sein de l’organisation, dira Youcef Yousfi qui était, hier, l’invité de la rédaction de la Chaîne II de la Radio nationale, exprimant, au passage, son inquiétude face au déséquilibre dans le marché, qui, si jamais il persistait, «tout peut arriver», affirmera-t-il. Et d’expliquer cette baisse drastique des cours du pétrole sur le marché mondial par «une demande faible par rapport à la normale du fait des crises financières qui frappent nombre de pays développés couplées à un accroissement de l’offre pour des raisons probablement politiques. Ce qui est derrière l’énorme excédent de l’ordre de 2 millions de barils par jour». Des raisons politiques sur lesquelles le ministre n’a pas jugé utile de s’appesantir et qui seraient derrière justement la non-convocation d’une conférence extraordinaire de l’Opep quand on sait que l’Arabie saoudite, membre influent de l’Organisation, est montrée du doigt pour avoir délibérément inondé le marché mondial avec les stocks à un niveau supérieur à la normale, nécessaire au fonctionnement de l’économie mondiale. Pour Yousfi, cette chute des cours, qu’il espère limitée dans le temps, engendre pour le pays une chute drastique des revenus de l’ordre de 30 dollars par baril, soit un manque à gagner de l’ordre de 18 à 20 milliards de dollars annuellement. Mais si elle suscite des inquiétudes, cette chute n’est, cependant, pas de nature à avoir une quelconque incidence sur les projets d’investissements en équipements lancés par le gouvernement, précisera-t-il. Ceci a contrario des récentes mises en garde du ministre des Finances et du gouverneur de la Banque d’Algérie qui parlaient de la nécessité de rationaliser les dépenses de fonctionnement qui ont connu une hausse fulgurante ces dernières années, pesant lourdement sur le budget de l’État.
Energie électrique en été : appel à une consommation modérée
Et saison estivale oblige avec son corollaire d’augmentation exponentielle de la consommation en énergie électrique, le ministre se voudra rassurant en affirmant que la capacité existante suffit aux besoins moyens. Avant d’en appeler, juste après, au sens civique des citoyens qu’il invitera à un peu plus de modération dans la consommation de l’énergie électrique, notamment entre 13h et 15h et entre 18h et 21h, intervalles de temps durant lesquels, signalera-t-il, la consommation monte en flèche avec des pics de 30% par rapport à la moyenne de la journée et à 50% par rapport à celle annuelle. Soit une consommation croissante de 14% annuellement alors que, poursuivra-til, la base de calcul pour la construction de nouvelles centrales électriques est de 07%. Et à Yousfi de mentionner le défi de réaliser une centrale de 1 000 MW qui prend 4 à 5 ans et coûte 1 milliard de dollars, relevant dans ce sillage les phénomènes de gaspillage, des branchements illicites et des difficultés dans le transfert de l’électricité d’une région à une autre liées aux oppositions citoyennes pour installer les pylônes ou passer des câbles. Concernant les énergies renouvelables à même de constituer l’alternative aux énergies pétrolières, Yousfi évoquera le projet de la centrale hybride de Hassi R’mel déjà opérationnelle qui sera suivie d’autres. «Nous avons la volonté pour ce faire sur les fonds de la fiscalité pétrolière décidée par le gouvernement», dira-t-il, citant aussi la création prochaine d’un institut dédié aux énergies renouvelables.
M. K.