La deuxième phase du référendum sur le controversé projet de Constitution risque de ne pas avoir lieu, si le président Morsi ne trouve pas de solution à la défection des juges du Conseil d’État, qui avaient assuré le déroulement de la première partie le 13 décembre après la défection du club des juges.
Les juges du Conseil d’État égyptien, qui avaient accepté de superviser la première phase du référendum sur le très controversé projet de Constitution, ont décidé lundi de boycotter la seconde partie du scrutin prévu samedi prochain. Ils accusent les autorités de ne pas avoir tenu leurs promesses.
Il faut croire que cette décision risque d’avoir un impact important sur le déroulement de la seconde phase.
Elle pourrait même provoquer son report, car en Égypte, les scrutins doivent se faire sous supervision judiciaire pour être valides. Les membres du Club des juges du Conseil d’État “ne superviseront pas la deuxième phase du référendum”, a annoncé le président du club, Hamdi Yassine, lors d’une conférence de presse retransmise à la télévision.
Pour rappel, cette association de juges avait annoncé il y a une dizaine de jours qu’elle acceptait de superviser la consultation populaire mais sous conditions, demandant notamment la levée du “siège” de la Haute Cour constitutionnelle par des partisans des Frères musulmans, dont est issu le président Mohamed Morsi. Cette cour avait entamé le 2 décembre une grève illimitée pour protester contre les “pressions” des partisans de Mohamed Morsi, qui ont encerclé ses locaux alors qu’elle entendait examiner la validité de la commission constituante dominée par les islamistes.
Or, les manifestants investissent toujours les abords de la cour, “sous l’œil des soldats et des policiers”, a déploré cette association de juges. Ceci étant, le Club des juges, un autre syndicat professionnel représentant des magistrats à travers le pays, avait annoncé qu’il boycotterait le scrutin avant son début le 15 décembre. Le projet de Loi fondamentale soumis à référendum, accusé de saper certains droits fondamentaux, est au cœur de la crise politique la plus grave depuis l’élection de M. Morsi en juin. Ce dernier a dû faire face à une fronde des juges après avoir interdit tout recours en justice contre ses décisions dans un décret le 22 novembre. Il a depuis retiré son décret, mais les tensions persistent entre les pouvoirs exécutif et judiciaire. Une petite majorité d’Égyptiens a approuvé le projet de Constitution lors de la première phase le 15 décembre, qui concernait environ la moitié des 51 millions d’électeurs potentiels, selon les médias officiels et les islamistes.
Par ailleurs, le nouveau procureur général égyptien, Talaât Ibrahim Abdallah, dont la nomination il y a moins d’un mois par le président Mohamed Morsi fut contestée notamment au sein de la magistrature, a présenté sa démission, a indiqué lundi à l’AFP une source judiciaire. “Le procureur général a présenté sa démission sous la pression des manifestations des membres du parquet qui exigeaient son départ”, a dit cette source à l’AFP, en précisant que sa demande serait examinée par le Conseil suprême de la justice dimanche prochain.
M. Abdallah a souhaité dans sa lettre de démission, publiée par l’agence officielle Mena, “retourner à son travail dans la justice”. Des centaines de membres du parquet général avaient organisé un sit-in pendant plusieurs heures lundi devant le bureau du procureur général pour demander sa démission. Le 22 novembre, le président islamiste Mohamed Morsi avait limogé l’ancien procureur général Abdel Meguid Mahmoud, nommé sous le président déchu Hosni Moubarak, et l’avait remplacé par M. Abdallah après s’être attribué des pouvoirs exceptionnels par décret. Cette décision avait provoqué une fronde au sein du pouvoir judiciaire, qui avait dénoncé une atteinte à son indépendance. M. Morsi a finalement retiré son décret mais maintenu le nouveau procureur général. Poursuivant sa contestation, l’opposition égyptienne a organisé de nouvelles manifestations contre le projet de Constitution, dans l’espoir de relancer la mobilisation avant la seconde phase, samedi, d’un référendum sur ce texte qui apparaît en voie d’être adopté mais qui divise profondément le pays. Le Front du salut national (FSN), qui réunit les principaux mouvements de l’opposition de gauche et libérale, a appelé à manifester dans l’après-midi au Caire sur la place Tahrir et devant le palais présidentiel, à Héliopolis, en banlieue “pour défendre les libertés, empêcher la fraude et rejeter le projet de Constitution”.
M T/Agences