Inauguration du doublement du canal de Suez

Inauguration du doublement du canal de Suez
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Un ouvrage titanesque, une prouesse technologique historique

Porteur d’un message du président abdelaziz bouteflika

Le président égyptien Abdel Fattah Al Sissi reçoit Abdelkader Bensalah

Le président égyptien Abdel Fattah Al Sissi a reçu jeudi dernier à Ismaïlia le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, qui lui a remis un message du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Au cours de l’audience, le président égyptien a chargé M. Bensalah de transmettre l’expression de son amitié et de sa considération au « frère Abdelaziz Bouteflika », tout en se félicitant des relations « fraternelles solides » qui unissent les deux peuples « frères » égyptien et algérien. Le président Bouteflika a désigné, rappelle-t-on, le président du Conseil de la nation pour le représenter à la cérémonie d’inauguration du doublement du canal de Suez à Ismaïlia. M. Bensalah, porteur d’un message du président de la République au chef de l’Etat égyptien, est accompagné par M. Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue arabe. Lancé en grande pompe pour tenter de relancer l’économie du pays, le dédoublement du canal comprend l’ouverture d’une nouvelle voie doublant, sur 35 km, le célèbre canal long de 193 km, et l’élargissement et l’approfondissement d’un tronçon sur 37 autres kilomètres. Ouvert en 1869, le canal de Suez relie la mer Rouge et la mer Méditerranée.

C’est l’une des routes essentielles du commerce mondial et une source précieuse de devises pour l’Egypte. Longue de 72 kilomètres, la nouvelle voie va permettre de doubler le trafic, à l’horizon 2023.

A cette date, quelque 97 navires emprunteront le canal quotidiennement contre 49 actuellement.

Convergence sur l’urgence de la mise en œuvre de l’accord des Nations unies en Libye

Le ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, s’est entretenu jeudi dernier au Caire, avec le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, où les deux parties ont souligné l’urgence de la mise en œuvre de l’accord des Nations unies en Libye. Lors de ces discussions, il s’est dégagé une « convergence » sur l’urgence de la mise en œuvre intégrale de l’accord proposé par les Nations unies et de l’accélération des négociations sur les annexes devant accompagner cet accord et ce, en vue de la mise en place d’un gouvernement de large union nationale devant gérer la phase de transition en Libye. Ce dernier aspect fera l’objet de négociations sous l’égide des Nations unies à Genève à partir du 10 août courant. Les deux parties ont également appelé, en cas d’échec des négociations, « à situer les responsabilités et à prendre des sanctions contre tous ceux qui entravent le processus, comme recommandées par les Nations unies ». Cette position rejoint celle d’autres partenaires, notamment l’Italie et les Etats-Unis exprimée lors des rencontres entre M. Messahel et le ministre italien des Affaires étrangères et le sous-secrétaire américain, respectivement à Alger et Madrid. Les entretiens entre MM. Messahel et Choukri ont eu lieu en marge de la cérémonie d’inauguration du nouveau canal de Suez.

Un ouvrage titanesque, une prouesse technologique historique

De notre envoyé spécial en Égypte : Mourad Termoul

Si l’on a coutume de dire que le cœur de l’Égypte bat autour du Nil, le canal de Suez représente son poumon, car l’essentiel de sa manne financière en devises lui parvient de cette route maritime vieille de 145 ans, qui vient de bénéficier en tout juste 8.760 heures de travail d’une nouvelle artère longue de 72 km. Une prouesse technologique qui est venu à bout d’un ouvrage titanesque. Jeudi dernier à al Ismaïlia, siège de l’Autorité du canal de Suez (SCA), et partout ailleurs, les Egyptiens ont exulté et ils avaient tout à fait raison de célébrer le nouveau canal de Suez dans la liesse. Il s’agit d’un véritable exploit réalisé en un temps record. L’achèvement de ce projet, en une seule année, représente une expérience exceptionnelle dans des circonstances historiques difficiles, prouvant ainsi que rien n’est impossible. Le projet de la nouvelle voie de navigation représente une nouvelle disposition dans la reconstruction et la restructuration d’une région qui est l’une des plus importantes sources de richesses de l’Egypte. En effet, il est insensé que le canal de Suez avec son emplacement, ses capacités et son histoire demeure un simple couloir maritime que traversent les navires internationaux en contrepartie de frais. Cette énorme étendue de terrains ne pouvait rester inexploitée. Un emplacement singulier qui relie deux mers et trois continents et d’où vient l’une des plus importantes richesses qui est le pétrole. Il ne s’agit pas d’un simple projet d’élargissement de ce cours d’eau pour permettre le passage de navires plus grands. Le principal objectif de ce projet est de transformer cette région en un centre économique qui soit l’un des principaux piliers de travail, de production et de développement de l’Etat égyptien. Chaque année y transitent 25% du commerce mondial (selon l’Autorité du canal de Suez), soit environ 34.000 navires, dont 2.700 pétroliers transportant 29 millions de tonnes de brut (7% du trafic pétrolier maritime mondial et 13% de celui du gaz naturel liquéfié). En empruntant le canal de Suez pour passer de la mer Rouge à la Méditerranée (ou inversement), les équipages s’épargnent le contour de l’Afrique par le cap de Bonne-Espérance, économisant des journées de navigation. C’est aussi pour soutenir la concurrence avec le canal de Panama, qui doit être élargi d’ici à fin 2016, que le gouvernement égyptien a tenu à accélérer le chantier.

L’élan de tout un peuple

Conscients de cet enjeu, la population n’a pas hésité à répondre, voilà une année, à l’appel du président al Sissi. « Nous voulons que tous les Égyptiens détiennent des actions dans ce projet », expliquait-il alors en demandant une participation de 100 livres égyptiennes (environ 13 USD) à ceux vivant dans le pays et de 100 dollars à ceux résidant à l’étranger. « Peu importe ce qu’il faudra faire, ce projet doit être achevé dans un an », (au lieu des trois prévus initialement), promettait-il dans son discours d’il y a une année. En moins de six jours, les banques égyptiennes ont pu lever, via l’émission de certificats de placements dédiés, les 8,5 milliards de dollars (60 milliards de livres), nécessaires au projet. C’est ce qui s’appelle une mobilisation éclair. Bel exploit que le président al Sissi n’a pas manqué de relever lors de son discours inaugural de jeudi, auquel a pris part des représentants de 70 pays, dont l’Algérie en la personne de M. Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la nation et représentant personnel du Président de la République M. Abdelaziz Bouteflika, accompagné de M. Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue arabe.

En effet, le chef de l’Etat égyptien a souligné que cet ouvrage est « dédié au monde entier afin d’assurer l’épanouissement de l’humanité ». Dans ce sens, bon nombre d’experts ne manquent pas de souligner que la nouvelle voie du canal de Suez peut opérer un véritable bouleversement économique, non seulement dans la région, mais aussi dans le monde entier. En effet, il se trouve à quelques pas des sources de pétrole et à quelques jours de l’Asie de l’Est où se situent les dragons de l’économie mondiale à venir : Chine, Inde et Indonésie. Il est tout proche de l’Arabie saoudite, des Emirats et des autres pays du Golfe. Il est le point de rencontre de nombreux peuples car il relie les côtes de l’Afrique, du monde arabe, de la Méditerranée et de l’Europe. Un pari réussi pour le président al Sissi dont le pays traverse une phase difficile, notamment dans sa guerre contre le terrorisme qui fait rage dans le Sinaï.

Un projet prometteur

Pour tenir les délais, 400 entreprises privées et environ 50.000 ouvriers ont été mobilisés, ainsi que le corps du génie de l’armée (qui supervise l’ensemble du projet). Car, le projet de développement de la zone économique du canal de Suez comporte de nombreuses autres phases avec, à l’horizon 2018, le percement de 6 tunnels (4 routiers et 2 ferroviaires), l’aménagement de nouveaux ports à El-Arich, Damiette et Port-Saïd, ainsi que d’une zone d’activités logistiques et industrielles de 76.000 km² le long du canal : des entrepôts et des chantiers navals, une vallée technologique spécialisée en électronique près d’al-Ismaïlia et, à l’ouest de Suez, une zone industrielle ouverte à toutes les filières (pharmacie, pétrochimie, métallurgie, etc.), sans oublier le développement d’une vingtaine de projets piscicoles, avec à la clé, la création d’un million d’emplois d’ici à 2030, date à laquelle tous les projets devraient être opérationnels. Reste cependant à trouver les financements : le coût total de l’aménagement de la zone a été estimé en mars 2015 à 15 milliards de dollars, qui, eux, devront être apportés par des investisseurs étrangers. En 1869, la jonction entre la mer Rouge avec la Méditerranée par le biais de ce canal s’était faite sous les airs paisibles et envoûtants d’Aïda du célèbre compositeur italien Verdi. Le 6 août dernier, l’inauguration de la seconde voie du canal a quant à elle fait renaître l’espoir chez tout une nation qui a cru l’avoir perdu à jamais…

De nombreux avantages

Moyennant l’extraction de 260 millions de tonnes de sable, une nouvelle voie longue de 35 km a été creusée parallèlement au « canal historique », élargi quant à lui sur 37 km. De quoi permettre une double circulation des navires (contrôlée et orchestrée par satellite) sur un tronçon de 72 km, le canal s’étirant au total sur 193 km depuis Port-Saïd, sur la Méditerranée, jusqu’au golfe de Suez, qui borde la mer Rouge. Désormais, deux Suezmax (navires dont le tirant d’eau à pleine charge ne peut excéder 20 m, taille maximale autorisée pour transiter par Suez) vont pouvoir se croiser. Un tiers de la flotte mondiale de pétroliers nécessite plus de profondeur, mais peut néanmoins utiliser le canal à condition de décharger à Suez tout, ou partie, de sa cargaison (qui transite par oléoduc le long du canal) pour la récupérer à Port-Saïd. La construction du canal de Suez, long de 193 km, a été achevée en 1869. Il constitue une voie essentielle pour le commerce international, mais l’attente est parfois très longue (plus de quatre heures) pour les navires qui ne peuvent pas s’y croiser par endroits.

D’ici 2023, quelque 97 navires pourront emprunter le canal quotidiennement, contre 49 actuellement, selon l’Autorité du canal.