Ils imputent la responsabilité de l’impasse au ministère de la Santé : Menace de radicalisation et appel à un dialogue sans conditions préalables

Ils imputent la responsabilité de l’impasse au ministère de la Santé : Menace de radicalisation et appel à un dialogue sans conditions préalables

Si les négociations entre les pouvoirs publics et les médecins résidents sont dans l’impasse, ce n’est pas la faute des blouses blanches, estiment les délégués du Camra.

Les représentants du Collectif autonome des médecins résidents algériens ont dénoncé, hier, l’entêtement de la tutelle, via le Comité intersectoriel chargé du suivi de la plateforme de revendications, à conditionner la reprise des rounds de négociations par la suspension immédiate de la grève qui en est à son quatrième mois. « On est devant une impasse car le comité intersectoriel de suivi de notre plateforme de revendications a décidé qu’il n’y aura plus de négociations avant l’arrêt de la grève. Ce que nous avons refusé et continuons de refuser », a déclaré, hier, le Dr Abderrahman Ikbal, membre du bureau national du Camra, lors d’une conférence de presse organisée au siège de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (Laddh, aile Hocine Zehouane). Pour lui, le département du Pr Mokhtar Hasbellaoui « en assume l’entière responsabilité ».

A rappeler que la dernière réunion dans le cadre dudit comité remonte au 4 février dernier. Une rencontre où il a été proposé aux résidents affectés dans le cadre du service civil, une prime d’installation, limitée à 20 000 DA pour les régions éloignées du Sud, ainsi que la réduction des spécialités concernées à 20 au lieu et place de 38. Des propositions rejetées en bloc par le Camra. Hier, les représentants du Collectif ont réitéré leur attachement à leur plateforme de revendications, et surtout au combat pacifique. Cependant, « toutes les actions de protestation et autres initiatives visent à pousser les autorités à accepter le dialogue, un dialogue sérieux où il y aura une prise de décision et des mesures concrètes qui vont dans l’intérêt des citoyens », dira le Dr Mohamed-Tarek Fayçal. Il précise que « les médecins ne veulent pas de cette situation et veulent bien reprendre le travail, mais pas sans la satisfaction des revendications ».

D’ailleurs, rien n’indique qu’ils vont faire marche arrière. Bien au contraire, l’avenir du mouvement ne peut qu’être radical si les choses restent en l’état actuel. « Pour l’alternative, nous continuons notre grève et nos actions. Mais, je peux vous dire qu’au sein de la base, on propose d’aller vers une année blanche et de suspendre le service minimum dans les hôpitaux. Ce qui impliquera l’arrêt définitif des cours avec l’adhésion des internes, le boycott de la deuxième session des examens de DEMS, le blocage des années, voire même de l’orientation des prochains nouveaux bacheliers », explique le Dr Ikbal. Pire, les conséquences seront d’une gravité sans précédent, enchaîne-t-il. «Si ce plan est appelé à être adopté par les assemblées générales, il n’y aura pas de nouveaux spécialistes pour accomplir le service civil l’année prochaine ».

LG Algérie

Abordant la question du service civil justement, les délégués ont rappelé qu’il n’a jamais été question de demander son abrogation, mais «plutôt la suppression de son caractère obligatoire ». Selon le Dr Walid Zennini, « l’actuelle forme a prouvé son échec de l’avis même du ministre de tutelle ». De plus, « ni nous, ni les citoyens n’avons besoin d’un service civil de charité », dénonce-t-il. Expliquant qu’« une fois que les pouvoirs publics assurent des plateaux techniques adéquats et accordent des avantages et des mesures incitatives sur tous les plans, les spécialistes choisiront volontairement d’aller exercer dans le sud du pays ». L’orateur se dit ainsi convaincu qu’« il n’y aura pas de déserts médicaux », comme l’a supposé le Premier ministre Ahmed Ouyahia. Reste à savoir si le ministère de tutelle va afficher sa disponibilité à reprendre le dialogue sans conditions préalables. Entre-temps, les résidents continuent de manifester. Hier, trois marches pacifiques régionales ont été organisées à Blida, Sétif et Oran.