ImpĂ´t sur la fortune : Ceux qui payeront l’ardoise

ImpĂ´t sur la fortune : Ceux qui payeront l’ardoise
P171113-21

Ces taxes vont financer Ă  raison de 60% le budget de l’Etat, de 20% les budgets communaux et de 20% le Fonds national du logement.

On le sait maintenant. Ceux qui payeront l’ardoise appelĂ©e impĂ´t sur la fortune ont Ă©tĂ© dĂ©finis dans le projet de loi de finances 2018 (PLF 2018). Le texte a dĂ©fini le type de patrimoine assujetti, le barème et la destination des recettes provenant de cet impĂ´t. Ainsi, le patrimoine soumis Ă  cet impĂ´t doit avoir une valeur supĂ©rieure Ă  50 millions DA. Plus explicite, le projet de loi ajoute qu’il s’agit essentiellement des biens immobiliers, les vĂ©hicules particuliers d’une cylindrĂ©e supĂ©rieure Ă  2000 cm3 (essence) et de 2200 cm3 (gasoil), les yachts et bateaux de plaisance, les chevaux de course, les avions de tourisme, les objets d’art estimĂ©s Ă  plus de 500.000 DA, les bijoux et pierreries, or et mĂ©taux prĂ©cieux. En revanche, prĂ©cise le projet de loi de finances, les habitations principales ne seront pas concernĂ©es par cet impĂ´t sur la fortune. S’agissant du tarif de taxation, «il varie entre 1% et 3,5% en fonction du montant du patrimoine», selon le mĂŞme projet de loi. A titre d’exemple, l’impĂ´t dĂ» au titre d’un patrimoine Ă©valuĂ© Ă  350 millions DA sera de 5,25 millions DA au lieu de 2 millions DA payĂ© selon le barème actuel, soit une plus-value de 3,25 millions DA. Ces taxes vont fiancer Ă  raison de 60% le budget de l’Etat, de 20% aux budgets communaux et de 20% au Fonds national du logement. Dans l’exposĂ© des motifs, les concepteurs du PLF 2018 expliquent qu’un impĂ´t sur le patrimoine avait Ă©tĂ© instituĂ© par la loi de finances de 1993. Mais durant la dernière dĂ©cennie, une demande incessante a Ă©tĂ© exprimĂ©e par des parlementaires visant Ă  instituer un impĂ´t sur la fortune. Dans cette optique, poursuit l’exposĂ© des motifs, il est proposĂ© de changer l’appellation «impĂ´t sur le patrimoine» en «impĂ´t sur la fortune» dans le but «de permettre Ă  l’opinion publique de mieux assimiler cet impĂ´t qui touche la classe riche». Sur un autre plan, pour la mise en application de l’impĂ´t sur la fortune, il est fait obligation aux concessionnaires automobiles de transmettre Ă  l’administration fiscale un Ă©tat dĂ©taillĂ© (nom, adresse) des clients ayant acquis des vĂ©hicules de tourisme dont le prix dĂ©passe 10 millions DA.

De mĂŞme que les bijoutiers doivent aussi transmettre au fisc un mĂŞme Ă©tat dĂ©taillĂ© sur les clients ayant acquis des bijoux de luxe. Les commissaires-priseurs sont Ă©galement soumis Ă  cette mĂŞme obligation pour leurs clients ayant acquis des objets de valeur par ventes aux enchères. En outre, les douanes doivent transmettre pĂ©riodiquement Ă  l’administration fiscale un Ă©tat dĂ©taillĂ© des importations, faites par les particuliers, des vĂ©hicules dont la valeur dĂ©passe les 10 millions DA, les yachts et bateaux de plaisance, les caravanes, les chevaux, les avions de tourisme, les bijoux, pierreries et les tableaux de maĂ®tre. Mais en plus de l’axiome selon lequel «trop d’impĂ´t tue l’impĂ´t», cette mesure peut inoculer des germes de mĂ©contentement, notamment chez les citoyens nantis et surtout les chefs d’entreprise. «Nous payons dĂ©jĂ  Ă  l’import et avec cette nouvelle taxe ils vont nous siphonner ce qui nous reste», se plaint un chef d’entreprise qui s’est Ă©galement rĂ©voltĂ© qu’encore une fois «le marchĂ© informel est Ă©pargnĂ© dans cette dĂ©marche». DĂ©jĂ  que nous avons des diffIcultĂ©s Ă  attirer des entreprises Ă©trangères, cette imposition risque de constituer un motif de fuite pour les patrons nationaux comme cela a Ă©tĂ© le cas en France qui a vu il y a quelques annĂ©es «des rĂ©fugiĂ©s fiscaux».

ParÂ