Les anciens contractuels de l’Armée nationale populaire, blessés durant la lutte antiterroriste ou radiés pour des raisons disciplinaires, se sont rassemblés hier à Alger pour «bénéficier comme les terroristes des mesures de la réconciliation nationale». Venus des quatre coins du pays, ils étaient quelques centaines, mal organisés — il est vrai —, mais ils ont réussi à faire entendre leurs voix à Alger.
Chassés manu militari par la police antiémeute des alentours du ministère de l’Intérieur auquel ils se sont adressés dans un premier temps pour remettre une plateforme de revendications comme cela était prévu, puisqu’on leur a promis, selon leurs dires, de recevoir des délégués, les militaires en colère ont pris refuge en ville, place Emir Abdelkader
. Et par des «ana joundi weld saf, weld sahra wel’badouia, harabna el irhab, aâtiwna hakna ! (Je suis un soldat, fils du Sahara et de la bédouine, j’ai combattu le terrorisme, rendez-moi mes droits)», slogan ayant fortement retenti au centre-ville, en face de l’annexe du Conseil de la nation, ils ont fait entendre leurs voix. Devant les regards médusés des passants et aussi des uniformes bleus qui bouclaient la place Emir Abdelkader. «On m’a radié parce que je me suis absenté pour aller voir ma mère hospitalisée à Aïn-Naâdja, à l’hôpital militaire. On m’a radié après huit ans passés sur les premières lignes de lutte antiterroriste et, maintenant, les terroristes jouissent de leurs droits et moi, comme mon casier judiciaire est chargé d’un jugement du tribunal militaire, je ne peux même pas prétendre à un emploi», un ancien gendarme.
Leur plateforme de revendications comporte une vingtaine de points. Hier, jusqu’en fin d’après-midi, les protestataires n’avaient pas quitté la place Emir-Abdelkader malgré le fait que la police, ayant intervenu pour les chasser du carrefour en face du ministère de la Défense aux Tagarins, ait embarqué pas mal d’entre eux à la gare routière du Caroubier, lesquels ont regagné le centre-ville par la suite. Ils étaient déterminés à passer la nuit là-bas, jusqu’à avoir une réponse concrète à leurs revendications.
L. H.