Importations massives pour juguler la flambée des prix durant le ramadhan, Le leurre du gouvernement

Importations massives pour juguler la flambée des prix durant le ramadhan, Le leurre du gouvernement

Malgrès les importations, les prix sont toujours inabordables

Les pouvoirs publics ont opté pour cette alternative qui a fait chou blanc, depuis des années, afin de contrer la hausse vertigineuse des coûts des produits de consommation pendant le mois sacré.

Importer pour rendre le quotidien des Algériens moins difficile. C’est le leitmotiv de la plupart des hommes qui se sont succédé à la tête du ministère du Commerce depuis au moins une dizaine d’années. Une marque déposée. D’El Hachemi Djaâboub à Amara Benyounès en passant par Mustapha Benbada, le procédé n’a pas changé.

Les résultats aussi. Importer massivement (viande, légumes secs, citron…) pour juguler la flambée des prix durant le Ramadhan. La formule a montré ses limites et son inefficacité. Un leurre. Les prix demeurent inabordables. Pas seulement pour les petites bourses comme est entretenue l’information, mais aussi pour les classes moyennes dont le pouvoir d’achat et l’ascension sociale les situent au niveau des catégories sociales favorisées de la population. Un constat qui montre de manière implacable que la saignée n’est pas l’oeuvre d’une piqure de moustique. Les pouvoirs publics ont opté, bille en tête, pour cette alternative qui a fait chou blanc, depuis des années, afin de contrer la hausse vertigineuse des coûts des produits de consommation pendant le mois sacré. Un échec consacré depuis toujours: par masochisme ou par un déficit flagrant d’imagination pour mettre définitivement un terme à ce fléau. Les responsables refusent de reconnaître l’infructuosité de leur démarche. Et c’est sans sourciller qu’ils rejettent la faute sur le consommateur.

Pour éviter la flambée des prix «j’ai dit aux Algériens qu’il faut absolument éviter la frénésie et le stockage des produits alimentaires durant ce mois sacré», avait déclaré M.Benyounès lors d’une conférence de presse qu’il a animée quelques jours avant le début du mois de Ramadhan à l’hôtel El Aurassi à Alger. Pour finir par leur jeter la pierre le 14 juillet en compagnie du ministre de l’Agriculture, avec lequel il était en visite d’inspection à Oran. «Les prix ont connu une augmentation sensible dans les premiers jours du Ramadhan, en raison du flux important des consommateurs dans les marchés» a indiqué Abdelouahab Nouri.

Les deux hommes étaient sur la même longueur d’ondes. Un discours développé par le prédecesseur de Amara Benyounès qui avait, de son côté, conseillé la population à «une consommation rationnelle durant la première semaine du mois de Ramadhan, pour ne pas contribuer indirectement à une hausse des prix». Une autre façon de jeter la pierre au consommateur. Pour ne pas reconnaître l’impuissance du ministère du Commerce à lutter contre cette «mafia» qui redouble de férocité pendant le mois sacré. L’abondance de l’offre aurait pourtant suffi à juguler la hausse vertigineuse des prix.

Le mal est plus profond. Il a été diagnostiqué par le Fonds monétaire international. Le secteur de l’informel qui fait la part belle aux spéculateurs en est le principal responsable. Ceux qui tirent les ficelles ne lâcheront pas le morceau. Cette économie parallèle dont le marché des fruits et légumes n’y échappe pas représenterait plus de 40% de la masse monétaire en circulation alors que près de 170 milliards de dinars auraient échappé, entre 2009 et le 1er trimestre 2014, au fisc à travers des transactions commerciales illégales. Que faire face à ce phénomène? «L’Etat doit devenir davantage un régulateur impartial et efficace», avait suggéré Christine Lagarde, la présidente du FMI. Cela pourrait éviter au ministère du Commerce de botter en touche.