Repoussée de date en date, la délivrance des licences d’importation semble loin d’être la priorité du gouvernement. Ayant pour prétexte la crise financière que traverse le pays, les concessionnaires automobiles, les professionnels du bâtiment et des travaux publics, entre autres, ne savent plus à quel saint se vouer pour obtenir une réponse sur une éventuelle reprise de leur activité.
«Pour le moment, on se maintient en vie grâce à l’entretien des voitures que nous réalisons sur des véhicules déjà vendus. Des clients potentiels viennent nous rendre visite dans notre show room, nos agents se chargent de leur montrer les modèles que nous proposons, mais une fois qu’ils nous parlent de disponibilité, nous ne savons plus quoi leur répondre, à tel point qu’on n’accepte même plus les commandes», s’est plaint un concessionnaire d’une marque française installée à Alger.
Contacté par nos soins, un responsable au ministère du Commerce affirme que la décision de débloquer les licences d’importation n’est pas de la seule compétence de son département. Il s’agit d’une décision du gouvernement, a-t-il rappelé, comme pour montrer son impuissance et son désaveu à la fois. Connu pour s’être opposé aux importateurs en verrouillant tous les accès qui mènent vers l’import (restrictions bancaires, fiscales et douanières), l’ancien ministre du Commerce par intérim, Abdelmadjid Tebboune, ne va certainement pas changer de position à présent qu’il est nommé Premier ministre.
Au contraire, si le président Bouteflika a mis sa confiance en lui, c’est d’abord pour gérer cette période de transition, à savoir serrer davantage la ceinture en réduisant au minimum les importations, tout en encourageant le «Made in Bladi». Une situation qui, si elle perdurait, empêcherait les concessionnaires automobiles de prendre part au Salon international de l’automobile d’Alger du fait des retards dans l’attribution des licences d’importation au titre de l’année 2017, avait indiqué un responsable à l’Association des constructeurs concessionnaires automobiles (ACC2A).
Pourtant, le Salon de l’automobile d’Alger avait été pendant un certain nombre d’années le deuxième rendez-vous économique, après la Foire internationale d’Alger (FIA), à enregistrer le plus grand nombre de visiteurs. A défaut d’un grand choix, comme c’était le cas avant l’introduction des licences d’importation, les consommateurs désireux d’acheter un véhicule neuf se ruent vers les marques assemblées localement. Un phénomène qui a créé une certaine pression sur les concessionnaires qui font dans le montage en Algérie, surtout que leurs produits sont éligibles au crédit. Pour ces marques, et en attendant la livraison des premières Golf7, Ibiza, Caddy ou Octavia, les clients qui ont passé commande chez CIMA Motors (concessionnaire de Hyundaï fabriquée à Tiaret) ou chez Renault-Dacia, il leur faudra patienter plus de 60 jours avant d’avoir les clés de leur voiture.