Il est clair que les pouvoirs publics se devaient d’imposer des mesures restrictives à l’import devant les trop forts volumes d’importation de produits alimentaires.
Pis, ils n’ont cessé de grimper pour atteindre des niveaux alarmants qui ne peuvent laisser indifférent.
En effet, l’enveloppe financière consacrée aux importations de produits alimentaires est allée crescendo ces dernières années.
Elle a plus que triplé en l’espace de cinq ans, passant d’un montant de 2,3 milliards de dollars en 2003 à 8 milliards de dollars en 2008.
Une facture qui grève considérablement le budget de l’Etat. De ce fait, il devenait légitime et pressant que les pouvoirs publics réagissent.
Ils ont donc fait preuve d’initiative puisqu’ils ont introduit, par voie d’ordonnance (LFC 2009) une série de mesures dont la finalité consiste, d’une part, à réduire la facture d’importation de produits alimentaires et, d’autre part, booster notre industrie agroalimentaire.
En clair, empêcher le développement des importations alimentaires au détriment de denrées pouvant être produites localement.
A noter également que 50% de nos importations en biens alimentaires sont libellées en euros alors que nos exportations se font en dollars.
Et les dépréciations successives de la monnaie américaine face à celle de l’UE (près de 33% en 2006 et de 48% en octobre 2007) ont conduit à une augmentation de la facture des importations.
Pour le détail, cette dépréciation a augmenté la facture des biens de consommation de 10%, selon une étude diligentée par le FCE (Forum des chefs d’entreprise).
Il faut aussi rappeler que ce nouveau dispositif était attendu dans la mesure où, à maintes occasions, le gouvernement avait inscrit dans ses actions la priorité de mettre en place une nouvelle stratégie dans le secteur de l’agroalimentaire.
Et d’ailleurs le ministre de l’Industrie et de la Promotion des investissements, M. Abdelhamid Temmar, en avait fait l’annonce en mars dernier, lors d’un séminaire sur la contribution des industries agroalimentaires nationales à la sécurité alimentaire.
Le ministre avait précisé à cette occasion que la nouvelle stratégie est actuellement au stade de l’étude au niveau du gouvernement et avait souligné que l’industrie agroalimentaire en Algérie est au cœur des préoccupations des pouvoirs publics et constitue l’une des principales priorités, vu les enjeux qu’elle représente.
Dans cette perspective de booster ce secteur agroalimentaire, un premier pas vient donc être franchi, dans la mesure où le législateur a fermé les portes à l’importation à tout-va.
En d’autres termes, ne plus importer des produits que notre industrie agroalimentaire peut produire et d’autres équipements que nos industries peuvent réaliser.
Les chiffres du Centre national de l’informatique et des statistiques (CNIS) de la période allant du 15 juillet au 15 août 2009 en témoignent.
Ainsi, les mesures prises par le gouvernement pour réguler le commerce extérieur et agir sur les niveaux des importations qui, ces dernières années, ont pris l’ascenseur, semblent déjà porter leurs fruits.
La facture alimentaire a baissé d’un milliard de dollars, les sept premiers mois de l’année 2009 : 3,714 milliards de dollars contre 4,715 milliards de dollars sur la même période de l’année 2008.
Il ne serait donc pas exagéré d’avancer que cette tendance à la baisse de nos importations va continuer de s’accentuer, d’où, une question s’impose : notre outil de production sera-t-il en mesure de répondre à la demande du marché de la consommation ? Nous le saurons dans quelques mois.
Les chiffres du CNIS témoignent de la chute des importations
Selon le Centre national de l’informatique et des statistiques (CNIS), relevant des Douanes algériennes, pour le seul mois de juillet 2009, la baisse des importations est encore plus forte.
Le CNIS indique que la facture des importations des principaux produits alimentaires et des véhicules a enregistré une nette baisse durant le mois de juillet 2009 par rapport à la même période de l’année précédente.
Pour les principaux produits alimentaires, le montant des importations a atteint 297 millions de dollars en juillet 2009 contre 649 millions de dollars en juillet 2008, soit une baisse de 54,24%.
Les importations de lait et produits laitiers, de céréales, semoules, farine et sucre ont enregistré la plus forte baisse.
En effet, la facture du lait et des produits laitiers s’est établie à 50 millions de dollars en juillet 2009 contre 130 millions de dollars en juillet 2008, soit une baisse de 61,54%.
Les importations des céréales, semoules et farine ont reculé à 173 millions de dollars contre 408 millions de dollars, soit une baisse de 57,6%.
La facture des sucre et sucreries a également diminué puisqu’elle est passée à 20 millions de dollars contre 46 millions de dollars, soit une baisse de 56,52%.
La baisse de la facture des importations des produits alimentaires a touché aussi les légumes secs (-38,46%), le café et le thé (29,41%) et les viandes (-22,22%).
Par ailleurs, la facture des importations a baissé pour plusieurs produits de consommation non alimentaires, à l’exception notable des pièces détachées des véhicules dont le montant des importations a presque quintuplé.
Il s’agit notamment des médicaments dont les importations se sont établies à 148,22 millions de dollars en juillet 2009 contre 216,05 millions de dollars en juillet 2008, soit une baisse de -31,4%.
Même tendance pour les véhicules de tourisme dont les importations ont atteint 137 millions de dollars en juillet 2009 contre 177 millions de dollars en juillet 2008, en recul de -22,6%.
Par ailleurs, les importations de barres en fer et en acier ont connu une baisse de 51,82% en se chiffrant à 127,25 millions de dollars, contre 264,12 millions de dollars en juillet 2008.
Par contre, les importations des parties et accessoires des véhicules ont enregistré une très forte hausse en se chiffrant à près de 103 millions de dollars en juillet 2009 contre 24 millions de dollars durant juillet 2008, soit une hausse de près de 327,72%.
Ziad Abdelhadi