À quelques semaines du mois de Ramadhan, le système de régulation mis en place en vue d’éviter la flambée des prix des produits de large consommation au cours de cette période d’abstinence se trouve en rodage.
Les ports enregistrent ou se préparent à réceptionner ces importations d’appoint, principalement de la viande fraîche et des citrons. Le ministère de l’Agriculture tente, de son côté, d’huiler le système syrpalac, afin d’assurer une offre suffisante de pomme de terre et de viande blanche, notamment, à des prix abordables.
Des mesures conjoncturelles. Car les problèmes de fond qui sont à l’origine de la situation d’anarchie que vivent nos marchés sont loin d’être réglés. D’abord, la maîtrise des circuits de distribution. Sur ce point, on risque de connaître le même scénario des années précédentes où la viande fraîche importée arrivait difficilement à s’écouler sur les marchés de détail. Parce que tout simplement, beaucoup de bouchers n’avaient pas joué le jeu. Le système de distribution mis en place par Proda, pour corriger pareille défaillance, ne semble pas suffisamment au point. De nouveau, se posera la question de l’efficacité de ces mesures conjoncturelles.
Quant aux questions structurelles, les solutions tardent à voir le jour. Il faudra attendre cinq ans de mise en œuvre du plan quinquennal pour que soit enfin tissé un réseau étoffé de marchés de gros de fruits et légumes aux normes.
Le recensement des intervenants dans le commerce intérieur et une réelle coordination entre les différents services de contrôle, pour mieux maîtriser les circuits de distribution, restent des vœux pieux, nous semble-t-il, faute de véritable volonté politique.
À ce propos, l’interminable chantier que constitue le laboratoire d’essais, la légalisation à pas très lents de l’informel, ainsi que la quasi-absence des services de contrôle du commerce sur le terrain constituent les indices de la main molle de l’État.
À tel point que les spéculateurs finissent toujours par imposer leur loi, au détriment du pouvoir d’achat de la majorité de la population. En définitive, s’il faut reconnaître que les nouvelles mesures de régulation sont susceptibles d’apaiser la flambée des prix de certains produits de large consommation, face à une hausse importante de la demande, il ne faut pas se leurrer encore une fois.
Les intérêts entre certains relais de décision au plus haut niveau de l’État et les puissances de l’argent au sein de la sphère spéculative et/ou parallèle sont tellement imbriqués qu’il paraît extrêmement ardu d’inverser la tendance, dans un système de gouvernance où l’efficacité ne semble guère un critère d’évaluation de la gestion des ministres et autres hauts fonctionnaires.