L’Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic) rechigne à faire jouer la concurrence
La question se pose, car la teneur en protéines de ce produit de consommation de base est de moindre qualité que ceux des pays de la mer Noire où il est aussi vendu moins cher.
L’Algérie achète son blé en France alors qu’elle peut se le procurer à des prix plus bas ailleurs. L’information est de taille. C’est, en effet, au moment où la facture des importations tend à exploser pour établir très probablement un nouveau record que l’Algérie s’offre le luxe de ne pas être regardante sur ses dépenses. De ne pas être près de ses sous.
Un réflexe pour le moins étrange lorsque l’on sait que tous les regards demeurent rivés sur les cours du baril de pétrole qui assurent plus de 97% de ses recettes en devises au pays.

La situation ne s’est pourtant guère améliorée. Pas très catholique. Cela ne tourne pas rond.
Il y a assurément un grain de sable dans la machine. On nous annonce effectivement que les exportations d’hydrocarbures qui ont baissé «ont continué à représenter l’essentiel des ventes algériennes à l’étranger avec une part de 96,09% du volume global des exportations, soit 34,50 milliards de dollars au premier semestre 2013 contre 37,12 milliards de dollars à la même période de l’année écoulée, en baisse de 7,05%», souligne un rapport du Centre national de l’informatique et des statistiques des Douanes.
Vu cette conjoncture, pourquoi l’Algérie n’a-t-elle pas choisi d’importer du blé ailleurs qu’en France? La question se pose, car la teneur en protéines de ce produit de consommation de base est de moindre qualité que ceux des pays de la mer Noire où il est vendu aussi moins cher. «Malgré des teneurs en protéines moyennes de 11,6% jugées ´´correctes´´, les blés français tendent à être moins sollicités par leurs clients réguliers qui ont remonté d’un cran leurs exigences qualitatives et se tournent plus volontiers vers les blés russes et ukrainiens dont la teneur en protéines est souvent supérieure et les prix plus compétitifs» écrit dans les colonnes de son édition du 20 juillet le quotidien français Libération.
Les Marocains, les égyptiens…ne se sont pas fait prier. Sauf les Algériens. «Ainsi, en Algérie, où elle détient 80% de parts des importations, la France a contractualisé en 2012-13 auprès de l’Office d’Etat des céréales (Oaic) la vente de 3,8 Mt de blé sur les 5 Mt que le pays importe.
Là-bas, la concurrence avec les blés russes et ukrainiens ne se fait pas trop sentir», fait remarquer le journal parisien. «Certaines clauses strictes de leur cahier des charges font que les origines mer Noire ont du mal à se positionner sur ce marché», explique François Gatel, directeur de France Export céréales. Exit les Russes et les Ukrainiens.
L’Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic) est donc en situation de quasi-monopole et rechigne à faire jouer la concurrence alors que «la facture des importations algériennes de blé a augmenté de 8,48% durant les cinq premiers mois de l’année en cours à 913,34 millions de dollars contre 841,88 millions de dollars à la même période en 2012», signale le Centre national de l’informatique et des statistiques (Cnis).
Une situation qui aurait dû contraindre l’Oaic à serrer les cordons de la bourse et à changer de stratégie surtout qu’il est question en ce moment de justifier la destination du moindre sou. «Nous avons saisi l’occasion de la baisse des prix des céréales sur le marché international pour acheter de l’orge et du blé tendre», afin de renforcer les stocks stratégiques du pays en céréales, a fait savoir Mohammed Belarbi, directeur général de l’Office algérien des céréales (Oaic), qui n’en a précisé ni la provenance ni la quantité. Des explications s’imposent.