Importation des produits alimentaires durant les 10 premiers mois de 2011,Une facture salée

Importation des produits alimentaires durant les 10 premiers mois de 2011,Une facture salée
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La facture alimentaire payée par l’Algérie durant les dix premiers mois de l’année en cours est lourde. Comparativement à la même période l’année précédente, les importations des produits alimentaires, matières premières destinées à la transformation et produits finis, ont augmenté de plus de 3 milliards de dollars.

Sofiane Aït Iflis – Alger (Le Soir) – Dans cette statistique, ce sont les importations de matières premières qui se sont taillé la part du lion. Celles-ci ont représenté 82% du volume global des importations des produits alimentaires. En termes de quantités, comparées aux importations réalisées durant la même période de l’année 2010, elles ont connu des hausses allant de 7 à 354%. L’augmentation du volume des importations ainsi enregistrée s’est opérée en dépit de la hausse des prix sur les marchés internationaux, entre 1 et 110%. Le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, qui a éventé hier ses statistiques devant la presse nationale, au siège même du ministère, a expliqué cette hausse remarquable des importations des produits alimentaires par deux facteurs : la hausse de la demande sur le marché de la consommation nationale et le pourvoi, via les circuits de la contrebande aux frontières, notamment de l’ouest, des marchés des pays voisins aux prises aux crises que l’on sait. Globalement, les importations des produits alimentaires ont connu une hausse moyenne de l’ordre de 66%, comparativement aux dix premiers mois de l’année 2010. Pour le ministre du Commerce, l’argumentation de la demande en termes de consommation est également due à l’amélioration du pouvoir d’achat national suite aux revalorisations salariales décidées après les émeutes de janvier 2011. Ces revalorisations salariales, at- il expliqué, ont créé une certaine boulimie de la consommation qui, à son tour, a dopé l’inflation qui est passée de 3% à 4,5% entre octobre et novembre. Que faire pour réduire la facture alimentaire ? Le ministre du Commerce a préconisé une rationalisation de la consommation. Pour ce faire, il a suggéré comme entre autres mécanismes, la révision des aides à la consommation. Plus clairement, il s’est dit partisan de la définition d’aides aux seuls nécessiteux, au lieu des subventions globales qui profitent de la même manière également aux nantis. Benbada est, donc, pour la libéralisation des prix, y compris des produits de base, tout en mettant un mécanisme de soutien sur ces produits de base aux seuls nécessiteux. Si la mesure est, chez Benbada, au stade de la réflexion, l’organisation du marché national connaît, elle, en revanche, un début d’application concrète. Le ministre du Commerce a affirmé que son département travaille à intéresser les importateurs agréés à souscrire à des plans d’approvisionnements annuels, en contrepartie de quoi, ces derniers bénéficieront de mesures de facilitation au commerce extérieur, comme l’aménagement de couloirs verts au niveau des douanes. Le ministre du Commerce a, par ailleurs, fait savoir que son département œuvre à la consolidation des infrastructures commerciales, à travers un plan de réhabilitation des structures existantes et la réalisation de nouvelles. L’Algérie compte 1 570 infrastructures commerciales, elle doit réaliser 1 400 autres, selon les demandes exprimées par une quarantaine de wilayas. Le ministère alloue une enveloppe de 5,9 milliards de dinars aux réhabilitations. Il a arrêté un programme de contribution à la réalisation de nouvelles structures. Une enveloppe de 10 milliards de dinars est allouée à ce programme. Benbada a fait savoir qu’il a saisi le Premier ministre pour que ce programme de contribution se transforme en programme de réalisation intégrale. Les 1 400 nouvelles infrastructures nécessitent 39 milliards de dinars. Le ministère n’en dispose que du quart. Le ministre du Commerce a fait cas aussi de la réalisation de 3 marchés d’intérêt national (MIN) et de 10 marchés d’insert régional (MIR). Il a, en outre, fait part d’un décret en préparation au niveau du secrétariat du gouvernement. Ce décret est inhérent à la gestion des marchés.

Conseil national de la concurrence, installation dans 1 ou 2 mois

Le ministre du Commerce a informé que le Conseil national de la concurrence sera installé au plus tard dans 2 mois. Les noms devant le composer ont été proposés, a-t-il précisé. «Ils sont au niveau de la présidence de la République. Le Conseil pourra être installé dans un à deux mois, après la fin des enquêtes d’habilitation », a-t-il dit. Rappelons que la commission d’enquête parlementaire sur l’huile et le sucre a évoqué l’absence de ce Conseil comme une des causes ayant induit une désorganisation du marché. Le ministre du Commerce a apprécié plutôt positivement le rapport de la commission. «Il contient des résolutions intéressantes», a-t-il déclaré.

S. A. I.

TRANSACTIONS COMMERCIALES

Introduction graduelle du chèque

Le ministre du Commerce a affirmé que l’obligation du chèque dans les transactions commerciales interviendra inéluctablement. Benbada, cependant, préconise son introduction de manière graduelle, en ciblant certaines catégories de transactions d’abord avant de le généraliser. «C’est une procédure lourde et sensible. Elle participe d’une réforme structurelle. Aussi, il faudra que les banques suivent», a-t-il souligné.

S. A. I.

ADHÉSION À L’OMC

L’argument de la tragédie nationale

Le ministre du Commerce a révélé hier que l’Algérie a rendu les membres de l’Organisation mondiale du commerce destinataires d’un mémorandum ouvert. Un mémorandum dans lequel l’Algérie plaide des circonstances atténuantes, tant est qu’au moment où l’organisation se mettait en place elle faisait, elle, face à une terrible tragédie qui lui a coûté 200 000 âmes et plus de 20 milliards de dollars de pertes. Par là, l’Algérie sollicite l’indulgence de l’OMC qui impose des conditions draconiennes aux pays désirant y adhérer. Le ministre du Commerce a informé également que le 10e round des négociations a été achevé et que l’Algérie a transmis tous les documents demandés. «On peut, dès le 11e round, engager des discussions formelles», a dit le ministre, soulignant que l’Algérie a sensibilisé les groupes régionaux à l’occasion des différentes réunions ministérielles. Benbada n’a pas exclu, enfin, que l’Algérie fasse, comme la Russie et l’Arabie saoudite qui viennent d’intégrer l’OMC, des concessions sur l’énergie.

S. A. I.