Importation de véhicules neufs : les raisons d’un retard sans fin

Importation de véhicules neufs : les raisons d’un retard sans fin

Jour après jour, la question de la relance de l’importation des véhicules neufs continue de faire couler beaucoup d’encre. Décision prise initialement dans le but d’aider les usines d’assemblage locales et de limiter la déperdition des réserves de change du pays, la suspension de l’importation des voitures neuves a, en fin de compte, créé plus de problèmes qu’elle en a résolus.

Le constat est sans appel : des usines de montage à l’arrêt, un parc automobile vétuste, des voitures d’occasion hors de prix et un marché dominé par les spéculateurs et les faux concessionnaires.

C’est ainsi que depuis plusieurs mois, la presse algérienne parle avec insistance du retour imminent de l’activité d’importation de véhicules après l’élaboration de nouveaux cahiers de charge. Mais la concrétisation de cette démarche est chaque fois remise aux calendes grecques. Explication…

Un cahier de charge spécifique pour chaque catégorie de véhicules

Selon nos sources, le ministère de l’Industrie travaille actuellement sur la préparation des cahiers de charge spécifiques pour l’importation de chaque type de véhicules.

La priorité sera accordée à ceux qui ne nécessitent pas de carte grise, à l’instar des engins mobiles destinés aux projets d’investissement. Une décision qui vient dans le sillage de la promulgation prochaine de la nouvelle loi sur l’investissement et qui vise à faciliter la tâche aux entrepreneurs.

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Quant à l’importation de voitures neuves, la même source indique que le ministère de l’Industrie se penche actuellement sur la définition des responsabilités des différentes parties prenantes à l’activité. Le document, semble-t-il, est prêt et sa publication se fera sous peu, après sa validation par le gouvernement.

Importation de voitures neuves : les raisons de l’interdiction

En ce qui concerne la suspension de l’importation de véhicules neufs, qui dure depuis 5 ans, ce choix s’explique par deux principales raisons.

En premier lieu, le gouvernement de l’époque voulait offrir des parts de marché aux usines d’assemblage automobile locales et promouvoir ainsi les voitures produites en Algérie. Ces usines n’ont, cependant, pas pu satisfaire la demande domestique ; elles ont également échoué à atteindre un degré d’intégration acceptable.

En second lieu, avec la chute des prix des hydrocarbures, l’État algérien a décidé de geler l’activité d’importation de voitures par les concessionnaires afin de maintenir les équilibres économiques et limiter l’érosion des réserves de change du pays.

Après son intronisation sur la tête de l’État en 2020, le président Abdelmadjid Tebboune avait promis de trouver une solution au dossier de l’importation des véhicules neufs. Mais cette fois-ci, le gouvernement veut mettre en place un cahier de charge stricte pour chaque catégorie de véhicules. Cela vise à protéger le consommateur en lui garantissant le service d’assurance, le service après-vente et la disponibilité de pièces de rechange originales.

Pourquoi le gouvernement « hésite » à relancer l’activité d’importation de véhicules neufs ?

Beaucoup s’interrogent sur les motifs qui poussent le gouvernement à retarder chaque fois la décision d’autoriser les concessionnaires à reprendre l’activité d’importation de véhicules neufs.

Notre source explique la tergiversation de l’État par, tout d’abord, la flambée des prix des voitures sur le marché international en raison du conflit Russie-Ukraine ; en effet plusieurs grands constructeurs possèdent leurs usines de pièces et d’accessoires en Russie. Ensuite, il y a l’effet conjugué de la chute de la valeur du dinar algérien par rapport au dollar et à l’euro, et la hausse continue du fret maritime.

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Enfin, la crise des semi-conducteurs, composant essentiel des véhicules modernes, a fortement impacté le secteur automobile. Ainsi, la production mondiale de voiture a reculé et les constructeurs, donnant la priorité aux pays qui n’ont pas suspendu l’importation de voitures par le passé, la part réservée à l’Algérie peut de se voir appliquer des tarifs plus élevés.

La réunion de tous ces facteurs risque fort de provoquer une hausse vertigineuse des prix des voitures neuves importées. Et dès lors, la crise dont souffre le marché algérien de l’automobile ne fera que s’amplifier.