Les professionnels du secteur de la pomme de terre n’expriment aucune réserve sur la mesure de l’importation de la pomme de terre décidée par le ministère de l’Agriculture pour pallier le déficit prévu durant l’automne prochain. Ils estiment que cette décision «ne va porter atteinte ni à l’agriculteur ni à la production nationale».
«Cette décision a été prise après un long débat et concertations entre les différents acteurs de la filière et après s’être assurés que l’agriculteur ne sera pas atteint», a indiqué à l’APS M. Bachir Seraoui, président du Conseil interprofessionnel de la filière pomme de terre. Ces importations ne devraient pas dépasser les 2% de la production nationale, estimée cette année à 4 millions de quintaux. Les professionnels sont rassurés quant au caractère conjoncturel de cette opération.
«Nous étions contre ces importations, mais puisqu’il s’agit d’une opération d’appoint, nous avons répondu favorablement à l’appel du ministère», a dit Mohamed Ameziane Lefki, importateur de semence de pomme de terre.
Selon lui, la production nationale ne devrait pas être perturbée par ces importations étant donné que «l’agriculteur ne sera pas touché», soulignant que cette opération d’importation «ne signifie pas qu’il y a défaillance du secteur, mais il s’agit d’une action de régulation». La même assurance a été ressentie chez les agriculteurs qui ont exprimé leur soulagement du fait que «l’importation sera faite par des opérateurs qui font partie de la filière».
«Ça nous a rassuré car ils sont nos partenaires, c’est -à-dire ils ne vont pas le faire au détriment de l’agriculteur», dira Farid Haouchine, producteur de pomme de terre de la wilaya de Boumerdès.
Il est à noter qu’une quinzaine d’opérateurs se sont manifestés pour retirer le cahier des charges qui définissent les conditions techniques, sanitaires et phytosanitaires liées à cette opération. Parmi les conditions exigées par le cahier des charges, le produit qui sera importé doit «être issu de la production de l’année 2012, d’un calibre entre 45 et 75 mm et muni d’un certificat phytosanitaire contre les maladies de quarantaine en plus d’un certificat anti-OGM», précise M. Seraoui.
Les premières quantités de pomme de terre arriveront durant la première semaine d’octobre. Le recours à «l’importation d’appoint» a été motivé par «un décalage vers la mi-août dans les plantations du fait de la canicule, de la période de jeûne et du manque de main-d’œuvre, des impondérables qui pourraient provoquer une arrivée tardive de la production d’arrière-saison», avait expliqué le ministre de l’Agriculture, Rachid Benaïssa.
«Ce décalage fait craindre aussi à la filière de vivre une crise similaire à celle survenue en février dernier lorsque les producteurs étaient surpris par un froid polaire et des chutes de neige qui avaient retardé les récoltes, alors que les stocks étaient déjà épuisés».
Il est à noter que le prix de la pomme de terre sur les étals a connu, ces dernières semaines, une légère hausse. Le kilo de pomme de terre est cédé entre 50 et 60 dinars dans les marchés populaires et son prix n’a pas connu une grande baisse même durant la saison estivale où il a été cédé à 40 dinars minimum. Une question se pose : à quel prix sera cédé la pomme de terre importée ?
Nouria Bourihane