Importation de céréales: L’Algérie se détourne du blé français

Importation de céréales: L’Algérie se détourne du blé français
Blé francé

Écrit par Hakim Ould Mohamed

L’Algérie semble s’orienter de plus en plus vers la diversification de ses fournisseurs de blé. Des sources proches du gouvernement russe, dont les propos ont été répercutés par des médias occidentaux, hier, ont indiqué que l’Algérie examine actuellement la possibilité de s’approvisionner en blé russe, un des plus grands producteurs mondiaux de céréales.

Les mêmes sources ont souligné également qu’une décision serait prise dans ce sens dans les prochains jours. «L’Algérie est extrêmement intéressée par l’importation de blé russe et envisagera cette possibilité après avoir analysé les informations reçues lors de l’inspection. La décision de la partie algérienne sera également basée sur les résultats de l’inspection du lot de blé d’essai qui sera envoyé à l’Algérie dans un avenir proche», lit-on dans un communiqué diffusé par Rosselkhoznadzor, un organe de surveillance rattaché au ministère russe de l’Agriculture. Trop dépendante du blé français, l’Algérie s’est mise depuis quelques années déjà en quête de nouvelles sources d’approvisionnement en céréales de bonne qualité, notamment depuis que le blé tendre français a été affecté par les mauvaises conditions climatiques qui ont prévalu dans l’Hexagone. L’Algérie avait déjà sollicité l’Allemagne, la Pologne et le Canada pour sécuriser ses approvisionnements. Malgré ces tentatives de diversification, la France reste le principal fournisseur de l’Algérie avec, au tableau, des importations estimées annuellement à près de 1 milliard de dollars, suivie du Canada (354,5 millions de dollars) et de l’Allemagne (24 millions de dollars), selon les statistiques du commerce extérieur pour l’exercice 2016. L’Algérie, dépendante des importations pour le blé tendre, importe annuellement l’équivalent de 7 millions de tonnes. L’année dernière, le pays a réorienté son gouvernail pour la première fois vers la Russie. Un revirement qui a donné lieu à l’importation d’une première cargaison estimée à 5 millions de dollars.

Selon le service fédéral des douanes russes, de janvier à juillet 2018, en valeur, les exportations de blé russe ont augmenté de 84,5% pour atteindre 4,24 milliards de dollars. Du côté algérien, la facture des céréales, semoule et farine, représentant près de 37% des importations alimentaires de l’Algérie, a grimpé à près de 2,17 milliards de dollars de janvier à août 2018, contre 1,93 milliards de dollars à la même période de l’exercice 2017, soit une augmentation de 234 millions de dollars (+12,1%). Les importations de tourteaux et résidus de l’extraction de soja ont, également, augmenté pour atteindre 476,4 millions de dollars, contre 314,32 millions de dollars, en hausse de 51,56% pour les mêmes périodes de comparaison. La volonté de l’Algérie de réduire sa dépendance au blé français, en multipliant les achats auprès d’autres fournisseurs, est de plus en plus perceptible. Les mauvaises récoltes de 2016 en France, dues au climat peu favorable qui y prévalait, ont motivé l’importateur public OAIC (Office algérien interprofessionnel des céréales) à solliciter d’autres fournisseurs. Les premiers contacts avec les producteurs russes étaient intervenus au lendemain des mauvaises récoltes de 2016 en France. L’intention de renouer avec les importations depuis la Russie pourrait être liée aussi aux prévisions de mauvaises récoltes annoncées par la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) dans l’Union européenne.

Elle pourrait s’expliquer aussi par la volonté d’accélérer les achats à même de parer à d’éventuelles hausses des prix dans les mois à venir, conséquemment au resserrement des disponibilités à l’exportation, dû à la dégradation des perspectives de récolte.

Par ailleurs, dans le communiqué diffusé par l’organe de surveillance du ministère russe de l’Agriculture, il est fait part du constat que le blé n’est pas le seul produit russe auquel l’Algérie s’intéresse.

Lors de leurs récentes négociations, Russes et Algériens ont également évoqué les certificats vétérinaires pour les produits laitiers russes et la viande bovine, ainsi que pour les ressources biologiques aquatiques destinées à l’exportation vers l’Algérie.