Quelques semaines après la levée de boucliers de l’OAIC (office interprofessionnel des céréales) sur les exigences de qualité des céréales importées par l’Algérie, la panique des exportateurs français (principal fournisseur de l’Algérie en céréales) a monté d’un cran.
Convaincus de l’intransigeance de l’Algérie sur son refus du blé d’origine mixte, un procédé auquel les exportateurs français ont tenté de faire recours pour compenser la dégradation de la qualité de leurs blés locaux, les milieux français rassurent désormais sur la qualité « acceptable à l’exportation » des récoltes hexagonales de la saison en cours.
Dans sa dernière note d’analyse de la filière céréalière, publiée ce samedi, l’organisme français spécialisé dans les statistiques agricoles, FranceAgriMer, souligne d’emblée qu’ « en dépit d’un été historiquement frais et pluvieux elle présente un éventail de qualités qui permettra de répondre aux besoins des différents segments du marché. La France pourra également répondre aux besoins de ses clients européens ou internationaux ».
Une telle affirmation est considérée par les spécialistes du marché céréalier comme une forme d’assurance adressée à des gros clients de la taille de l’OAIC afin de les convaincre à rester sur le marché français. Laquelle lecture se confirme dès lors l’Algérie importe annuellement de France une moyenne de 50 millions de quintaux de céréales et, de surcroît, avec des besoins en hausse pour l’année en cours eu égard à l’insuffisance de la production locale qui a baissé de 30% par rapport à la saison d’avant.
Dans son argumentaire, FranceAgriMer cite les résultats d’une enquête menée par Arvalis-Institut du végétal selon lesquels, « la qualité technologique des blés français s’avère meilleure que ne le laissaient craindre les conditions météorologiques atypiques de la campagne et les déclarations de certains opérateurs ».
Le premier indicateur qui ressort de cette étude est le taux de Hagberg, notant qu’ « en dépit de la germination sur pied subie par certaines régions en raison des conditions climatiques exceptionnelles de l’été, 46 % des blés français présentent un temps de chute de Hagberg supérieur à 220 secondes ». Il faut rappeler à cet égard que 220 est le seuil minimum du taux de Hagberg exigé par l’OAIC de ses fournisseurs étrangers.
Par ailleurs, d’autres résultats de ladite enquête font ressortir, entre autres, « une teneur en protéines du blé tendre stable par rapport à l’an dernier, (11,1%), des poids spécifiques s’établissant à 76,3 kg/hl en moyenne, avec 60 % des blés au-dessus de 76 kg par hectolitre », selon FranceAgriMer.
Ces nouveaux éléments convaincront-ils l’OAIC à maintenir sa préférence pour les céréales d’origine française ?
Mourad Allal