Point d’équilibre
Sonatrach et Sonelgaz, qui détiennent les principaux marchés du secteur de l’énergie, correspondant à une enveloppe d’environ 130 milliards de dollars si on tient compte uniquement de leurs plans de développement d’ici à 2019, offrent des opportunités jamais offertes pour les entreprises privées nationales : sismique 2D et 3D, forage de puits d’exploration et de développement, maintenance des puits, participation à la réalisation de gros projets, fabrication de pièces et d’éléments d’équipement, d’équipements pétroliers.
Mais cette ouverture plus large du secteur de l’énergie au privé national a ses limites. Primo : une grosse difficulté se dresse dans cette démonopolisation partielle de l’activité : peu ou pas de professionnels privés dans ces activités pointues de sismique ou de forage de puits. Si l’expertise se regroupe en sociétés, si des ingénieurs et techniciens créent leurs sociétés pour intervenir sur ces créneaux, ont-ils la garantie d’avoir des marchés ?
Cet obstacle est de taille. Le ministre de l’Énergie, Youcef Yousfi, a suggéré qu’une structure à Sonatrach accompagne les opérateurs et les potentiels investisseurs dans leurs démarches, d’autant que la compagnie pétrolière nationale exige des produits et services de qualité répondant aux standards internationaux. Elle demande également que les candidats répondent aux règles de passation de marchés et aux cahiers des charges de Sonatrach.
Pour les entreprises notamment détenues par les jeunes et les très petites entreprises (TPE) des jeunes diplômés, Sonatrach leur offre des opportunités dans le catering, le nettoyage des chambres et des bureaux, l’entretien des espaces verts, l’entretien du parc auto, l’entretien du parc informatique, le transport de marchandises, le transport du personnel, les services de transit, de dédouanement et d’import/export, la formation et l’assistance.
L’enjeu d’une telle ouverture du secteur est stratégique. Sans cette implication, la facture importations de l’Algérie va gonfler, dans un contexte de chute des ressources financières du pays. La finalité est également l’émergence d’une industrie locale des équipements répondant aux besoins du secteur de l’énergie, sans laquelle l’extraction du gaz de schiste ou du pétrole de schiste ne sera pas rentable, une fois levées les appréhensions sur l’impact de la fracturation hydraulique sur l’environnement et la santé des citoyens. Le point d’équilibre est ainsi cette capacité à créer des activités industrielles en Algérie en substitution aux importations.
Enfin, l’aspect politique de l’ouverture du secteur de l’énergie n’est pas à sous-estimer. Si la transparence est évacuée dans la mise en œuvre de cette orientation et dans l’affectation des marchés, on aboutira à un échec qui sera sanctionné par une facture importations plus importante et un rythme de développement du secteur en deçà des attentes.
K. R.