Il y a eu controverse avant l’implantation de Renault en Algérie. Mais il y a aussi polémique après même la signature du contrat d’investissement avec le gouvernement. Décidément, le débat autour de l’arrivée de Renault ne risque pas de s’estomper de sitôt.
Cette fois-ci, le débat invoque la conformité des avantages accordés à Renault avec les dispositions de l’accord d’association signé par l’Algérie et l’Union européenne, entré en vigueur en septembre 2005.
Plus exactement, bon nombre d’experts s’interrogent sur les facilitations attribuées à Renault qui ne sont pas conformes avec l’esprit de concurrence, dont l’Algérie s’était engagé à respecter dans le cadre de l’accord d’association conclu avec son partenaire européen.
Au-delà d’un simple débat d’expert, un mécontentement commence bel et bien à se cristalliser chez les autres constructeurs automobiles, une colère portée par certains eurodéputés qui n’ont pas hésité à poser le problème au niveau du parlement européen.

En attendant de voir les constructeurs s’exprimer plus clairement à ce sujet, la création de la société mixte algéro-française Renault Algérie Production, qui doit gérer et développer l’usine automobile du constructeur Renault à Oued Tlélat (Oran), est prévue la semaine prochaine, à en croire certaines sources du ministère de l’Industrie, des PME et de la promotion de l’investissement.
Le pacte d’actionnaires étant fin prêt. Les statuts aussi. Reste inaccomplie la mission d’enregistrer Renault Algérie Production au niveau du Centre national du registre du commerce (CNRC).
Elle sera donc de droit algérien, détenue à hauteur de 51% par la partie algérienne, représentée par la Société nationale des véhicules industriels (Snvi, 34%) et le Fonds national d’investissement (Fni, 17%), et à 49% pour le constructeur français. Même si les échéances sont ainsi clairement arrêtées, la polémique n’en finit pas.
L’on se concentre davantage sur les facilitations accordées au constructeur français et qui risque de faire grincer les dents quant à leur conformité avec les engagements internationaux de l’Algérie en matière de respect de la concurrence et l’égalité des chances.
A en croire certaines voix qui n’hésitent pas à faire sortir de l’ombre les non-dits de l’accord conclu par Renault à Alger, la convention d’investissement signée par le constructeur français n’est pas si conforme avec la règle 41 de l’accord d’association qui impose à l’Algérie de veiller à garantir la concurrence sur son marché et l’égalité des chances entre les 27 Etats de l’Union européenne et toutes les entreprises venant de ces pays.
En somme, le mécontentement qui commence à se faire sentir chez les autres constructeurs automobiles concurrents de Renault en Algérie porte sur le souci des nouvelles marques à préserver leurs parts de marchés respectives en Algérie. Le contrat d’exclusivité sur le marché attribué à Renault fait peur. Mais aucune doléance officielle n’a été jusqu’ici introduite auprès des autorités algériennes compétentes.
En attendant, il semble bien que le gouvernement a décidé de ne pas mélanger les pinceaux en séparant l’activité de production de l’œuvre de l’importation. Les facilitations accordées à Renault s’expliquent par la volonté du gouvernement à soutenir davantage la production nationale. Comme ce fut le cas d’ailleurs pour la production de médicaments.
Hakim Aichiou