Le Cercle d’action de réflexion autour de l’entreprise (CARE) a renoué aujourd’hui avec ses traditionnelles matinales de débat. La conférence d’aujourd’hui animée conjointement par Mahrez Aït Belkacem, ex-directeur général de la Caisse nationale d’allocation chômage (CNAC), actuellement consultant et Karim Tamir, expert en ressources humaines.
Pour les deux intervenants, instituer de nouvelles formes d’emplois et diversifier le statut du salarié aidera à lutter contre le travail au noir et lutter contre le chômage, en ce sens que cela permettra de récupérer les travailleurs activant dans le secteur informel. « Cette démarche inclusive de l’offre de travail permettra de lutter contre le travail informel qui est générateur d’injustice sociale et de précarité de tous genres, à condition de fluidifier les recrutements », a précisé M. Aït Belkacem. Comprendre par là que l’employeur devrait avoir la liberté d’embaucher selon les besoins de son entreprise et se départir de l’employé quand sa mission est terminée ou encore pour raisons économiques.
Dans ce même sillage, l’intervenant a déploré l’inexistence dans la législation du travail (y compris dans l’avant-projet portant code du travail en circulation) du licenciement individuel si ce n’est pour faute professionnelle grave. En d’autres termes, l’intervenant a préconisé l’institution du contrat à durée déterminée (CDD) comme règle générale, même s’il reconnaît qu’il consacre quelque peu la précarité de l’emploi. A charge pour le chef d’entreprise de le transformer en CDI s’il voit que son employé est compétent, motivé et s’implique dans la société. « Il faut banaliser le CDD et l’encadrer par le contrôle. En 2009, sur six millions de salariés, la moitié sont permanents selon l’office national des statistiques ».
Les deux conférenciers insisteront sur les nouvelles formes d’emplois comme le travail à temps partiel, l’intérim, le télétravail ou encore le travail à domicile. « Il est honteux de se féliciter de ce que l’informel réduise le chômage. Ces nouvelles formes de travail permettront de faire basculer l’informel dans la légalité, estiment encore les deux experts.
« En 2011 et en raison du travail au noir, le fisc a enregistré 3,3 milliards de dollars d’évasion, tandis que la sécurité sociale a inscrit la bagatelle de 2 milliards de dollars. Quant aux non salariés, seulement 20% d’entre eux émargent à la CASNOS.
En guise de recommandations, les conférenciers ont suggéré l’autorisation du travail temporaire, l’assouplissement de la loi relative au placement en dépénalisant le recrutement. Mahrez aït Belkacem annoncera la sortie prochaine d’un livre blanc sur l’informel. Il précisera par ailleurs que la flexibilité ne doit pas se faire au détriment des travailleurs. Pour ce faire, il a préconisé la réhabilitation de l’assurance chômage et l’élargir aux contrats à durée déterminée car la CNAC ne concerne que les employés licenciés pour motifs économiques et elle ne constitue plus l’amortisseur social d’antan.
Faouzia Ababsa