Les craintes sur les conséquences des événements qui secouent l’Egypte sur le canal de Suez s’amplifient. La situation suscite de vives inquiétudes dans les milieux financiers et au sein des marchés pétroliers, même si des sources gouvernementales rassurent que «le canal fonctionne à plein régime». Sachant que près de 7,5% du commerce mondial, dont 1,6 million de barils de brut, correspondant à un total de 14% du transport maritime mondial, passent par le canal de Suez, sa fermeture entraînerait des conséquences inimaginables, estiment les experts. Elle contraindrait également les supertankers à faire un détour de 10 000 kilomètres autour
de l’Afrique. «Même si l’Egypte n’est pas un producteur essentiel, le pays abrite deux voies stratégiques acheminant le brut du Moyen-Orient de la mer Rouge à la Méditerranée : le canal de Suez et l’oléoduc Suez-Méditerranée (Sumed)», explique un opérateur sur le marché new-yorkais repris par les agences de presse. Cette remontée des cours du brut, après plusieurs séances baissières, reflète les inquiétudes des marchés. La presse égyptienne a, elle, relevé que depuis le début des manifestations, les opérations portuaires sont ralenties. Ce qui inquiète également, c’est l’absence d’escortes militaires dans les ports pour assurer la protection des navires lors de la traversée du golfe d’Aden dont les eaux sont sillonnées par les pirates. Les autorisations des équipes de sécurité ne sont pas délivrées depuis deux jours, les changements d’équipage ont été interrompus et certaines provisions ne sont plus acheminées jusqu’au port, selon des travailleurs de la compagnie de fret à Suez. Toutefois, selon certains spécialistes, les retombées de la fermeture du canal de
Suez devraient être plus limitées qu’il y a quelques années, parce que «l’essentiel de la demande mondiale de pétrole provient désormais d’Asie», expliquent-ils. Sur le plan interne, avec la fermeture des entreprises et des commerces, la baisse du flot des touristes et la rareté des denrées alimentaires, les analystes s’attendent à des retombées majeures. Le pays peut être rapidement sous asphyxie financière car ses importations de pétrole et de nourriture (blé, sucre) pourraient vite générer un déficit commercial important, qui n’est financé que par le tourisme, les investissements étrangers et par le canal dont les recettes de 4 milliards de dollars ont représenté en 2009 10% du budget de l’Etat égyptien et qui a enregistré le passage de plus de 34 000 bateaux, parmi lesquels près de 2 700 pétroliers transportant environ 29 millions de tonnes de brut.