Immigration en France ,François Hollande révise la copie de son prédécesseur

Immigration en France ,François Hollande révise la copie de son prédécesseur

Son qualificatif de « Sarko de la gauche » serait-il surfait ? Le ministre de l’Intérieur français, Manuel Valls, est en train de revenir sur les mesures de son prédécesseur, Claude Guéant.

Le soldat anti-immigré et islamophobe de Nicolas Sarkozy vient, par ailleurs, de critiquer vertement le gouvernement socialiste dont les annulations en matière d’immigration de ce qui a été fait sous la présidence de Sarkozy sont de nature à porter « gravement atteinte à la cohésion sociale ». Guéant qui n’a même pas pu récolter un siège de député pour services rendus a toujours l’esprit lepéniste. à sa prise de fonctions, l’Espagnol qui a opté pour la nationalité française à l’âge de vingt ans, après son immersion dans le PS, avait commencé par faire le grand ménage dans la police. Le premier flic de la France socialiste a également interdit les délits de faciès, ces contrôles systématiques et humiliants de têtes brunes, dont la police s’était fait une spécialité durant le quinquennat Sarkozy.

Auparavant, il devait abroger la circulaire Guéant renvoyant manu militari les étudiants maghrébins dans leur pays, leurs études en France achevées. Les employeurs français ont applaudi à l’abrogation qui pénalisait leurs entreprises et laboratoires de recherche. Valls poursuit le détricotage des lois et circulaires anti-immigrés, cheval de bataille du lepénisme et de l’UMP, version Sarkozy et Copé. Bien sûr, ce ne sont pas toutes les lois de l’immigration qui seront remise en cause, des points communs existant entre l’immigration sous Hollande et sous Sarkozy. Certaines annonces du ministre de l’Intérieur tranchent avec la politique de Nicolas Sarkozy. Première parmi elles, au grand soulagement des associations de défense des droits des étrangers, la fin de la présence de familles avec enfants dans les centres de rétention appliquée sous Sarkozy et qui a valu à la France une condamnation de la part du Parlement européen. Autres changements annoncés : la création d’un titre de séjour intermédiaire de trois ans, la fin du « délit de solidarité » visant les particuliers venant en aide aux immigrés en situation irrégulière, l’inversion de la tendance à la baisse des naturalisations et le raccourcissement du délai de traitement pour les demandeurs d’asile. Pour les naturalisations, Valls entend clarifier et uniformiser leurs critères, pour, entre autres, mettre fin aux files d’attente interminables et humiliantes devant les préfectures. Le nouveau président français avait promis une nouvelle manière d’appréhender la question de l’immigration. Un changement dans l’esprit salué par les associations de défense des immigrés et des droits de l’homme qui attendent des actes qui montrent que « l’immigration est une chance pour la France ».

Par contre, ces associations sont restées sur leur faim pour le fait que l’immigration, notamment le droit d’asile et les naturalisations, sont toujours dévolus au ministère de l’Intérieur plutôt que de la Justice, un choix hérité du quinquennat de Sarkozy. L’autre regret, prévisible au vu de l’image de fermeté en matière de sécurité de Manuel Valls qui lui a valu le surnom de « Sarko de la gauche ». Sur le nombre de reconduites à la frontière, le ministre est en effet resté évasif, indiquant seulement, dans la présentation des grands axes de la politique migratoire de François Hollande et qu’il allait mettre en œuvre devant la commission des lois du Sénat, qu’il n’y aurait plus d’objectif chiffré. Manuel Valls est par contre très favorable aux naturalisations, lui-même français par naturalisation, il a affirmé revenir sur les critères introduits « subrepticement » par son prédécesseur Claude Guéant, relevant leur chute libre de 30% entre 2010 et 2011. « Cette chute résulte d’une politique délibérée d’exclure de la nationalité des gens méritants et ne posant aucune difficulté », a accusé le socialiste, tout en estimant que le « défi de l’immigration sera relevé si la naturalisation n’est plus vécue, ou perçue, comme la fin d’un parcours du combattant, mais comme l’issue d’un processus d’intégration qui a sa part d’exigences ».

D. B