Même le gouvernement ne connaît pas leur nombre avec exactitude, la ministre de la Solidarité ayant reconnu qu’ils sont des milliers à se trouver en Algérie, et le flux n’est pas prêt de s’arrêter. I l s’agit, en effet, des réfugiés maliens et nigériens qui ont fui leurs pays pour des raisons sécuritaires et que l’Algérie autorise à demeurer sur son territoire pour des considérations humanitaires.
Les citoyens se demandent juste comment ces femmes, ces enfants si maigres, ces hommes et ces vieillards (ils ne sont pas trop nombreux) ont atterri à Alger et ses environs ?
En effet, les frontières de l’Algérie avec ces deux pays sont à près de 2000 km de la région centre et quand on voit ce nombre très important de réfugiés dans un dénuement total, on se demande comment ils ont fait pour parcourir cette distance. Certains affirment qu’ils se sont déplacés de ville en ville, le plus souvent à pied, quémandant de la nourriture et de l’argent, pathétiques, misérables et dormant à même le sol.
Les enfants en bas âge sont aussi très nombreux et chaque femme traine avec elle une ribambelle d’enfants âgés entre 1 et 10 ans, parfois entièrement nus ou portant juste un pantalon rapiécé et un tricot qui a connu des jours meilleurs. Toute la journée, les femmes et les enfants envahissent les villes, se rapprochant des mosquées aux heures des prières pour récolter des pièces de monnaie que leur remettent sans rechigner les citoyens algériens, rendus encore plus généreux par le mois de Ramadhan et la vue de cette misère qui a fait frissonner plus d’un. Ils font désormais partie du décor de nos rues, de jour comme de nuit, et nombreux sont ceux qui mettent la main à la poche pour leur remettre un peu d’argent.
Les réfugiés hommes sont plus discrets et, quand ils mendient, ils se mettent en général dans des endroits où ils sont le moins vus et envoient souvent des jeunes ou des enfants entre 12 et 15 ans pour mendier. Après le f’tour que certains prennent dans les restaus du coeur que nous trouvons un peu partout, ils se dirigent vers des lieux qu’ils ont choisis car plus sécurisés, les plus chanceux ayant squatté des constructions abandonnées depuis des lustres pour y élire domicile.
Malgré certains radotages entendus çà et là, ces réfugiés se contentent de mendier sans jamais causer la moindre gêne aux passants, attendant juste un geste de générosité de la part de leurs voisins les Algériens connus partout pour leur bonté et leur aide à ceux qui sont dans le besoin.
En effet, tous les Algériens, sans exclusive, acceptent cette présence, pourtant par milliers, de réfugiés maliens et de citoyens nigériens, et sont souvent émus jusqu’aux larmes par tant de misère et déplorent, surtout, le fait que des enfants en bas âge et des femmes, souvent très jeunes et très maigres, aient été obligés de fuir leurs maisons, leurs pays et leurs habitudes à cause d’une insécurité dont nous avons eu à pâtir il y a quelques années.
Mais la question qui reste posée est : n’y a-t-il aucune solution pour ces malheureux, ces enfants qui grandissent sans recevoir aucune instruction, attendant juste un règlement des différends entre des gens qu’ils ne connaissent même pas et dont ils ne comprennent rien. Quoiqu’il en soit, ces réfugiés trouveront toujours à boire et à manger en Algérie, que ce soit de la part du gouvernement qui s’est engagé à leur assurer la nourriture et une couverture sanitaire ou de celle des citoyens qui ne rechignent jamais à leur remettre de l’argent ou de la nourriture.
Hadj Mansour