Immigration clandestine Des africains très utiles

Immigration clandestine Des africains très utiles

Ils sont nombreux à transiter par l’Algérie pour rejoindre l’Europe. Et le temps que dure la «transition», l’économie algérienne sait bien en tirer bénéfice.

Les migrants africains en Algérie défraient souvent la chronique et pas toujours dans le bon sens. Par-ci des mendiants qui envahissent les rues, par-là des trafiquants de drogue et des faux-monnayeurs. Mais il existe bel et bien une autre catégorie de migrants, peu visibles, mais qui est d’un bénéfice certain pour l’Algérie, notamment dans le secteur économique.



En effet, plusieurs migrants africains qui viennent transiter par l’Algérie pour rejoindre l’Europe, se trouvant dans l’obligation de travailler soit pour subvenir à leurs besoins en attendant d’embarquer, soit pour ramasser le pactole requis pour payer la traversées de la Méditerranée, s’engagent dans le bâtiment.

En effet, dans la plupart des villes algériennes, on en trouve dans les places fréquentées par leurs ouvriers journaliers en quête de travaux à effectuer à la tâche. Dans certaines villes, il arrive même qu’ils fassent la concurrence aux ouvriers algériens puisque, se proposant pour des travaux pénibles et à des contreparties fort alléchantes, ils mettent dans la gêne les ouvriers algériens qui, eux, sont relativement exigeants en matière d’argent. Cette catégorie d’ouvriers africains est très convoitée par les entrepreneurs algériens pour sa performance professionnelle mais aussi pour la modestie des sommes demandées comme contrepartie.

A Oran, des bagarres ont éclaté à plusieurs reprises entre les ouvriers africains et algériens, ces derniers s’estimant déloyalement déclassés par leurs concurrents. Mais, contrairement à ce qui se dit, les migrants africains sont demandés dans les chantiers, ce n’est pas seulement la question de la contrepartie financière. Bien d’autres aspects entrent en jeu. Selon des témoignages recueillis auprès de certains de leurs employeurs, «les ouvriers africains sont résistants et studieux. Nombre d’entre eux se spécialisent dans des tâches particulières et deviennent très vite professionnels», nous indique-t-on.

En effet, les ouvriers africains, candidats à l’immigration vers l’Europe, essaient non pas seulement de gagner de quoi payer leurs frais d’embarcation mais aussi apprendre un métier à faire valoir une fois en Europe, car, même une fois arrivés dans le Vieux Continent, c’est dans le bâtiment qu’il débarquent dans la plupart des cas. De plus, nous apprend-on, les ouvriers africains, engagés au noir, épargnent à leurs employeurs les tracasseries bureaucratiques ainsi que les frais des assurances et du fisc avec, en plus, l’impossibilité qu’ils fassent recours à la loi, leur présence en Algérie étant illégale. Les entrepreneurs en bâtiment trouvent donc une parfaite opportunité dans la présence de migrants africains illégaux en Algérie pour faire fleurir leur business mais aussi pour faire avancer leur chantier, surtout en l’absence d’ouvriers algériens.

«Les Algériens refusent de travailler dans le bâtiment. Ils préfèrent d’autres métiers moins difficiles. Même pour un emploi comme aide-maçon à 1500 DA la journée, les jeunes refusent de s’engager alors que les Africains font plus pour seulement 1000 DA la journée. Avec tous ces projets de construction, si les Africains n’étaient pas là, on aurait eu beaucoup de difficultés à trouver des ouvriers», témoigne un entrepreneur de Tizi Ouzou qui emploie beaucoup de migrants africains et même des étudiants venus du Bénin, du Congo et du Niger pour étudier en Algérie.

Ainsi, à quelque chose malheur est bon. Les migrants africains qui sont perçus comme étant une source de problèmes et traités, dans certains cas, comme étant un véritable fléau géopolitique, font, discrètement, le bonheur de certains pays en faisant fleurir, souvent sans contrepartie conséquente sinon le silence des autorités quant à leur présence illégale sur le territoire algérien, des secteurs aussi sensibles que le bâtiment.

Bien que ne bénéficiant d’aucune politique particulière de la part du gouvernement algérien, l’immigration clandestine africaine génère des influences aussi bien positives que négatives. L’Etat algérien, qui en souffre dans un certain sens, va-t-il prêter une attention particulière aux migrants africains transitant par l’Algérie vers l’Europe pour les stabiliser dans le secteur économique national et en tirer durablement profit?