Immersion en mer du corps de Ben Laden,Les justifications américaines

Immersion en mer du corps de Ben Laden,Les justifications américaines

La décision des responsables US de jeter à la mer la dépouille du chef terroriste le plus recherché au monde a soulevé controverse et polémique. Pour Washington, il n’est pas question qu’une tombe de Ben Laden se transforme en lieu de pèlerinage.

La controverse

Des responsables américains ont indiqué hier que le corps du chef d’Al-Qaïda, tué la veille dans une opération commando américaine au Pakistan, avait été remis à la mer depuis un porte-avions, après une cérémonie conforme à la tradition musulmane. Leurs assurances se sont toutefois heurtées à une sèche mise au point d’un haut responsable de la plus haute autorité de l’islam sunnite, l’institution Al-Azhar du Caire, qui a souligné que «l’islam n’accepte pas l’immersion en mer, seulement l’enterrement». Cette règle s’impose «qu’il s’agisse d’une personne assassinée ou décédée de mort naturelle», a déclaré à l’AFP Mahmoud Azab, conseiller du grand imam.

Ahmad al-Tayeb pour le dialogue interreligieux. Le choix de la mer reste limité à des cas de force majeure, comme pour les personnes décédées à bord d’un navire, dont le corps présente des risques de décomposition s’il ne peut être débarqué rapidement, a-t-il souligné.

La Grande Mosquée de Paris a, quant à elle, souligné que l’immersion d’une dépouille était «totalement contraire aux règles sacro-saintes de l’islam». Une source de l’entourage du recteur de la Grande Mosquée, Dalil Boubakeur, a indiqué que, selon la tradition musulmane, «le corps d’un défunt doit d’abord être lavé avec de l’eau savonneuse, puis de l’eau claire et enfin avec de l’eau mêlée de camphre, avant d’être entouré de trois pièces d’étoffe. L’inhumation se fait en terre, sans cercueil. La dépouille doit être placée parallèlement à La Mecque, la tête du défunt légèrement tournée vers la droite pour que son visage soit tourné vers la Kaaba, le sanctuaire sacré de La Mecque», a rappelé cette source.

Aux Etats-Unis mêmes, un important responsable musulman, Muzammil H. Siddiqi, s’est ému du choix de l’immersion. «Ce n’est pas une procédure normale, je ne sais pas pourquoi ils l’ont fait», a assuré le président du Fiqh Council of North America, une association qui interprète la loi islamique.

M. Siddiqi a toutefois souligné que ces divergences sur le rituel ne devaient pas occulter le fait, mis en exergue par le président Barack Obama, qu’«Oussama Ben Laden n’est pas le chef des musulmans, mais seulement le chef d’Al-Qaïda, qui a fait souffrir beaucoup de musulmans».