Presque risible cette image de centaines de fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères entrain de bronzer au soleil au lieu d’être dans leur différents services. C’était aujourd’hui au siège magnifique du département de Mourad Medelci situé au plateau des Anassers (les sources) sur les hauteurs d’Alger.
Nul ne pouvait imaginer qu’à l’intérieur de cet édifice de style mauresque abritant le quartier général de la diplomatie algérienne, des employés laissés pour comptes observent une grève de trois jours. Incroyable mais vrai puisque prés de 400 fonctionnaires des corps communs paralysent à partir d’aujourd’hui et ce jusqu’ à mardi le ministère des Affaires étrangères. Une affaire étrange mais pas étrangère à ce ministère régulièrement secoué par une grève de ses employés qu’il tarde à régulariser.
Ces algériens qui ont cru avoir le prestige de travailler dans ce haut lieu de la diplomatie algérienne ne sont pourtant pas bien «payés» au change. Beaucoup d’entre eux, en effet, touchent un «salaire» misérable de seulement 9.000 dinars (65 euros environ). D’autres ne bénéficient d’aucune augmentation de leurs soldes après 20 ans de bons et loyaux services. L’administration du ministère des affaires étrangère n’ayant pas jugé utile de permaniser cette armée de contractuels à… vie.
Des smicards aux affaires étrangères…
Signe d’une incroyable inconscience, la sécurité de ce ministère stratégique et de souveraineté est assurée par des agents de sécurité complètement démoralisés avec leurs maigres salaires de seulement 16.000 dinars (135 euros environ) ! C’est à peine imaginable dans un pays aussi riche comme l’Algérie et, qui plus est fait face à une menace terroriste permanente…
Et là où le bat blesse c’est quand on sait que ces corps communs ont déjà soulevé leur problèmes plusieurs fois et observé d’autres mouvements de grève pour attirer l’attention des responsables. En vain. Ils se sont même plaints auprès du ministre Mourad Medelci à l’occasion de la célébration de la journée nationale de la diplomatie. Ce dernier tombait des nues en apprenant que le département qu’il dirige fait travailler des contractuels dont certains sont payés moins que le SMIG !
“On est en grève M. Lavrov” !
Pour autant il n’a pas fait évoluer leur situation en témoigne ce mouvement d’arrêt travail de trois jours qu’ils observent à partir d’aujourd’hui.
Les contestataires dénoncent aussi le fait qu’ils soient oubliés dans les fameux «droits de sortie» qui leur permet d’aller travailler dans une ambassade ou un consulat à l’étranger.
«A chaque fois qu’il y a un recrutement, ils prennent trois ou quatre personnes et les reste des effectifs est recruté dans le pays d’accueil parmi les gens de leurs familles, proches et amis», peste un fonctionnaire posté juste à côté du portail d’entrée fermé du ministère des Affaires étrangères.
Eh oui, personne n’a pu accéder aujourd’hui à l’enceinte des AE ! Des diplomates étrangers arrivés sur les lieux pour leurs rendez-vous en voitures officielles, ont du rebrousser chemin. On leur a gentiment expliqué que le ministère est en grève…
Il est loisible d’imaginer l’impact d’une telle situation de blocage d’un ministère aussi exposé sur la réputation de l’Algérie. Facteur aggravant, ce mouvement social intervient à la veille de l’arrivée du ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov.
Le département de Meldeci devra assurément user des grands moyens pour raisonner cette petite armée d’employés décidée à se faire entendre et pourquoi pas à se faire voir…