Ils veulent être associés à la gestion de la crise qui s’annonce: Les syndicats sur le perron de la porte de la tripartite

Ils veulent être associés à la gestion de la crise qui s’annonce: Les syndicats sur le perron de la porte de la tripartite

Une espèce de compromis devrait sceller l’entente et l’accord sur les dossiers- phares qui constituent la pomme de discorde avec les partenaires sociaux en présence.

La situation économique et sociale du pays est peu reluisante, c’est un constat émanant y compris des officiels pour ne pas dire du gouvernement Ouyahia qui vient de resituer la crise financière en donnant plus de détails sur la situation en général.

Ce constat n’est pas néfaste, mais la crise économique est là, elle est têtue. Cela ne va pas sans qu’il y ait de retombées sur le plan social, surtout que la rentrée sociale s’annonce différente par rapport à l’année passée où le taux d’inflation avoisine 6,5%.

Cette réalité coupe court avec la période où le prix du baril du pétrole permettait aux pouvoirs publics d’injecter de la manne financière pour parer aux déséquilibres budgétaires et celui qui a trait au déficit lié à la balance commerciale où le poids des importations influe de façon drastique sur les équilibres macro-économiques de l’économie du pays.

Cette crise n’est pas une fatalité, tous les pays traversent ce genre de crises économiques. Mais le levier du dialogue entre les partenaires sociaux et l’Exécutif se proposent toujours comme une issue pour gérer la sortie de crise et ses retombées. Dans ce sens, le dialogue social requiert une importance cardinale dans la mesure où il apaise les ardeurs des partenaires sociaux et il fait en sorte qu’une crise même si elle est profonde pourrait être dissipée par cette vertu du dialogue dont le pays doit en user pour résorber la crise et contenir la colère sociale.

La récente expérience dont l’ex-Premier ministre Abdelmadjid Tebboune était l’acteur, promettait de faire participer toute la société civile au dialogue national touchant aux aspects liés au front social. Cette promesse s’est évaporée dans l’air en faisant participer uniquement l’Ugta durant la dernière tripartite qui s’est terminée en queue de poisson.

Les syndicats autonomes qui croyaient fort que le Premier ministre allait apporter du nouveau dans la gestion de ce genre de dialogue social, ont vite manifesté leur déception et leur désarroi quant aux promesses faites par Tebboune en ce qui concerne la participation de pans entiers de la société civile à ce dialogue social.

C’est dire que ce dialogue version Tebboune n’a pas réussi le pari souhaité par l’Exécutif consistant à asseoir les leviers de la cohésion sociale recherchée par tous les protagonistes. Cette situation faite d’exclusion d’une autre partie de la variante syndicale, à savoir les syndicats autonomes qui activent dans la Fonction publique à l’image du secteur de l’éducation, la santé publique et l’administration, avait favorisé un climat de scepticisme quant à un vrai dialogue social dont la nécessité de l’enclencher s’impose plus que jamais.

Le front social est confronté à une situation qui s’arc-boute sur des dossiers-clés, à savoir le dossier de la retraite, le pouvoir d’achat des salariés et celui du Code du travail qui constitue l’enjeu de taille pour les partenaires sociaux. Le débat n’a pas encore été enclenché autour de ces questions cruciales, ce qui explique que tout retard par rapport à ces questions pourrait compliquer la situation et pousser vers l’impasse et le pourrissement du front social.

L’Etat, à travers ses institutions qui ont trait à la mission d’arbitrage, est appelé à accentuer la cadence du dialogue social pour mettre en oeuvre une espèce de compromis qui scellera l’entente et l’accord sur les dossiers-phares qui constituent la pomme de discorde avec les partenaires sociaux en présence.

Il faut dire que les syndicats autonomes ne sont pas des alarmistes ou des va-t-en-guerre sur le plan social. Ils ne sont pas aussi les porteurs de réponses au point que l’on puisse dire qu’ils sont dans leur ensemble justes, ce n’est pas là la question, bien au contraire il faut les faire participer dans la dynamique du dialogue social pour qu’ils puissent assumer aussi leurs responsabilités par rapport à la crise socio-économique qui taraude l’esprit de pans entiers de la société.

Cette implication des syndicats autonomes aux côtés de l’autre partenaire social, à savoir l’Ugta, dans le dialogue social et même au sein de la tripartite, fera en sorte que ces syndicats autonomes n’auront plus d’alibis ni d’arguments pour justifier le comportement réfractaire à tout bout de champ quand il s’agit de négocier ou de dialoguer sur les questions relevant des revendications socioprofessionnelles de leurs corporations. D’ailleurs, dans ce sens le Syndicat des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour signifier aux pouvoirs publics que leur démarche vise à mettre en place les valeurs du dialogue social et qu’ils soient reconnus comme partenaire social à part entière au sein de la tripartite pour qu’ils puissent assumer réellement leur responsabilité en leur qualité de partenaire social.

Le Satef, et selon son premier responsable Boualem Amoura, explique que «l’Exécutif a pourtant appelé au dialogue et à la concertation avec tous les acteurs de la société civile. On a cru à un changement dans sa politique, mais le temps nous a démontré que Tebboune n’avait pas rompu avec la politique de ses prédécesseurs. Son discours était destiné beaucoup plus à la consommation», et d’ajouter que «Nous avons démontré que nous drainons bien des foules et nous sommes les mêmes à pouvoir contenir la colère des travailleurs», précise le premier responsable de la Satef.

La même démarche est adoptée par le syndicat comme celui des praticiens spécialistes de la santé publique(Snpsp) et autres syndicats s’inscrivant dans l’approche de l’intersyndicale.

Les syndicats autonomes affichent pleinement leur tâche qui consiste à contenir la colère sociale, ce qui montre que la démarche n’est pas aussi radicale que l’on prétend.

Une crise économique et financière comme celle du notre pays ne pourra être jugulée que si toutes les forces vives de la société et au sein des institutions de l’Etat conjuguent leurs efforts pour consolider la cohésion sociale comme ciment de l’unité nationale.

Le gouvernement de Ouyahia vient d’enclencher l’amorce d’un dialogue avec ses partenaires politiques, cette démarche est appelée a être développée pour qu’elle prenne une dimension sociale en mesure d’ouvrir les canaux du dialogue social digne de ce nom pour impliquer l’ensemble des partenaires sociaux dans la gestion de la situation socio-économique en se référant à une sorte de souplesse politique qui sous-tend les compromis à entreprendre pour préserver la paix sociale et consolider le front intérieur de toute menace susceptible de porter atteinte à l’Etat-nation.