L’opposition qui a opté pour le boycott de l’élection présidentielle du 17 avril prochain fera bel est bien campagne pour expliquer son choix auprès de la population. Une campagne précoce même, puisque le meeting prévu demain à la salle Harcha Hassen d’Alger vient d’être autorisé par les autorités.
Une occasion pour la Coordination du boycott de l’élection présidentielle de jauger de sa popularité et d’être à l’épreuve du terrain, à deux jours seulement de l’entame officielle de la campagne électorale, et à moins d’un mois du scrutin présidentiel. Il s’agit d’un sérieux challenge pour ces formations politiques composant ladite Coordination, d’autant plus que les autorités semblent expressément lâcher du lest, en autorisant les manifestations de l’opposition, y compris le rassemblement organisé récemment à Alger par le mouvement » Barakat » contre un quatrième mandat d’Abdelaziz Bouteflika.
En d’autres termes, le meeting de demain sera un réel baromètre pour jauger de la portée de l’opposition parmi la population, en perspective de la prochaine élection présidentielle. Pour rappel, les autorités ont empêché, à travers un imposant dispositif policier, un récent sit-in organisé au Sanctuaire des martyrs dans la capitale. A ce titre, l’autorisation faite à l’opposition d’exprimer ses positions obéit à deux impératifs ; celui de jauger de la réelle capacité de ces partis de mobiliser les citoyens et prévenir d’éventuels débordements de la situation entre les partisans des deux bords.
C’est pour cette dernière raison vraisemblablement, que la wilaya d’Alger a finalement autorisé le rassemblement de la salle Harcha, tout en maintenant l’interdiction d’organiser des sit-in et autres manifestations sur les places publiques dans la capitale. Qu’à cela ne tienne, l’opposition qui réunit pour la première fois des formations politiques dont l’obédience est diamétralement opposée, à l’image du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et du Mouvement de la société pour la paix (MSP), compte aller jusqu’au bout de sa logique.

Le défi est crucial au vu de l’indifférence affichée par les Algériens, face à la chose politique, mais aussi et surtout au vu des grandes dispositions prises par les différents candidats à la présidentielle. Des moyens financiers et humains colossaux qui auront certainement raison des tentatives de la campagne anti-vote que compte mener la Coordination en question.
Ce faisant, les rassemblements et autres manifestations envisagées par l’opposition, risquent fortement de ne constituer qu’une tempête dans un verre d’eau. La mésaventure vécue par le RCD en 2011 lors de ses fameuses marches des » samedis » et la perte de vitesse, voire le discrédit des formations islamistes sur la scène nationale, plaident inéluctablement pour l’échec des remous de l’opposition.
Si le RCD a opté pour le boycott de la prochaine présidentielle, les partis islamistes l’ont fait à défaut d’un consensus sur un candidat unique. Ce qui explique la déception de ces partis composant ladite Coordination, à laquelle a failli le parti le plus en vue dans l’opposition, à savoir le Front des forces socialistes (FFS). En d’autres termes, loin de constituer une panacée, les initiatives de l’opposition s’apparentent à mettre le cautère sur une jambe de bois.
M. A. C.