Ils squattent les trottoirs, les espaces publics, les terres agricoles pour en faire leurs show-rooms,Faux concessionnaires : le gouvernement donne un coup de frein

Ils squattent les trottoirs, les espaces publics, les terres agricoles pour en faire leurs show-rooms,Faux concessionnaires : le gouvernement donne un coup de frein

L’affaire des revendeurs de véhicules est vite passée d’un simple phénomène de société à une affaire d’état. Et pour cause, au moins 5 ministères ont dû intervenir pour mettre fin à ce fléau relevant du marché informel.

Du ministère de l’Intérieur en passant par celui des Transports jusqu’à celui du Commerce, le gouvernement était contraint de prendre un arrêté pour traquer ces squatteurs d’espaces et de voies publiques.

Cet arrêté a été envoyé aux 48 walis qui, à leur tour, ont officiellement saisi les services de la Sûreté et de la Gendarmerie nationales pour chasser ces squatters des terres agricoles, des espaces verts, des trottoirs, des marchés de proximité, des parkings sauvages, des parkings à étages, des voies et des places publiques. Suite à quoi, des directives fermes ont été données aux services de sécurité pour recenser les lieux envahis par ces milliers de voitures neuves avant de passer carrément à l’action.

Résultats des courses : plus de 2 000 revendeurs ont été traqués, alors que d’autres ont vu leur business réduit à l’endettement à cause de la disponibilité des produits chez les concessionnaires automobiles qui, eux aussi, ont été interpellés pour réduire les ventes à ces trafiquants. Ainsi, ces directives s’ajoutent à l’action commune des membres de l’Association algérienne des concessionnaires automobiles (AC2A) qui ont, eux aussi, dénoncé ce phénomène qui a porté de graves préjudices à leur image de marque, allant jusqu’à accuser certains employés de complicité avec les spéculateurs.

La forte demande sur certains modèles de voitures de tourisme, mais aussi de véhicules utilitaires, a vite tourné à la pénurie, puis à la spéculation avant de devenir un véritable business et une machine à sous pour des groupuscules sans scrupules qui empochent entre 200 000 et 500 000 DA de gain facile par rapport au prix initial des voitures proposées dans les show-rooms.

Les acquéreurs de véhicules neufs ont vécu les pires moments durant les années 2010, 2011 et 2012 à cause des délais de livraison prolongés allant de 3 à 6 mois pour certains modèles et entre 8 et 15 mois, voire plus pour d’autres. La stabilité du marché et le nivellement des ménages aidant, les revendeurs se retrouvent face à un véritable dilemme, d’autant que les concessionnaires ont misé sur la disponibilité et les promotions, d’une part, et le déstockage massif des modèles en fin de vie, d’autre part. Mieux, certains concessionnaires sont allés jusqu’à proposer des ristournes exceptionnelles allant jusqu’à 200 000 DA, avec des délais de livraison de 48 heures.

Par ailleurs, la crise née de la prolifération des revendeurs a poussé certains acquéreurs à aller carrément devant la justice pour porter plainte contre certains agents agréés indélicats qui ont empoché l’argent sans respecter les délais indiqués, noir sur blanc, sur les bons de commande. Cet état de fait a interpellé au plus haut niveau les services du gouvernement qui ont, enfin, décidé de sévir pour traquer ces indus revendeurs. Autre mesure introduite chez la plupart des concessionnaires pour démasquer ces boursicoteurs, la présentation d’un registre du commerce pour les commandes ne dépassant pas deux véhicules pour les particuliers, et cinq pour les professionnels. L’autre raison qui a porté un coup de massue aux revendeurs : la garantie. En ce sens, il faut savoir que des véhicules, vendus avec des défauts de fabrication, ont été rejetés par les maisons mères, arguant que la victime n’est pas un client final chez le concessionnaire et qu’il ne jouit pas du droit de réclamer, malgré la garantie et le kilométrage indiqués. Et c’est de bonne guerre, puisque les concessionnaires n’assument pas un grave défaut sur un véhicule acquis en 2e et 3e mains.

Du reste, les revendeurs qui exercent encore et qui squattent les lieux publics feront l’objet de saisie des biens et seront traduits devant la justice en cas de récidive.

F B