«Les parlementaires actuels issus des législatives très contestées de 2012 n’ont aucune légitimité»
Cette coalition n’est pas sûre d’avoir un prolongement ou une assise sociale en ces temps de dépolitisation ou d’absence de conscience politique.
Absence de garanties, persistance de doutes sur l’ouverture et la transparence du scrutin présidentiel, le statu quo général générant un épais nuage bouchant toute visibilité politique même à court terme, a «paralysé l’initiative des formations et personnalités politiques». Cela est le résumé fait lors du conclave de plusieurs partis tenu avant-hier à Alger. C’est aussi, la situation globale prévalant à 4 mois de l’échéance de l’investiture suprême.
Cet état des lieux impose un stand-by des prétendants potentiels à l’investitures suprême et empêche notamment d’y réfléchir à s’unir autour d’un candidat commun. Tout au plus, ces partis peuvent palabrer et mettre en avant des revendications. Les partis fédérés en front d’opposition aux desseins du pouvoir en place, ne cachent pas leur embarras et avouent prendre conscience que la période courte nous séparant du rendez-vous du 14 avril est des plus difficiles et hypothétiques. Parlant au nom de cet agrégat, Tahar Benbaïbeche, transfuge du RND, lâche qu’ «on n’est pas dupe, on doute fortement que le pouvoir en place s’ingénie à faire sauter un verrou qui pourra entraver sa pérennité». «Le pouvoir va récidiver comme en 2008», indique-t-il. «La continuité du même régime passe par la création du poste de vice-président auquel sera procuré des attributions et des prérogatives d’un chef d’Etat.» Cela explique, souligne-t-il que «notre attentisme ou temporisation avant de peaufiner notre plan d’action pour la présidentielle ne reflète aucunement un manque d’engagement et de maturité». Pour le chef du Fadjr Eldjadid, l’action politique s’est arrêtée ou verrouillée depuis 1999, tandis que l’acte de naissance de l’initiative de cette coalition d’opposition remonte à moins d’un an seulement». Aussi, cette coalition n’est pas sûre d’avoir un prolongement ou une assise sociale en ces temps de dépolitisation ou d’absence de conscience politique. Il estime dans ce sens que «contrairement à ce qui a été rapporté et écrit sur notre compte, notre initiative est loin d’avoir échoué, et on peut même dire que dans notre dur exercice de l’opposition ou notre lutte pour le respect des règles du jeu, on a dépassé les lignes rouges pouvant être utilisées comme prétexte pour le retrait d’agrément». Et, ajoute-t-il «notre rôle n’est pas de descendre dans la rue pour mobiliser les gens et on ne dispose pas de milices pour contraindre qui que ce soit à adhérer à notre cause».
M.Tahar Benbaïbeche est profondément convaincu qu’ «exception faite d’une véritable mobilisation citoyenne, il n’ y a aucun parti, ni groupe de partis, ni encore moins de personnalité politique crédible soit-elle, qui pourra imposer le changement». A l’exception du FFS commente-t-il, «tous les autres partis sont d’une manière ou d’une autre la création ou du moins les appendices du système». Le premier des non-partisans qui a annoncé sa candidature à la présidentielle, ainsi que l’ex-chef du gouvernement, ne cesse d’avertir qu’avec le régime en place, l’Algérie courra un véritable danger. Dans son réquisitoire, il rappelle qu’«en termes de liberté individuelle, le fondement et la base de la démocratie, l’Algérie est classée au 137e rang mondial sur les 144 pays, autant dire au dernier peloton de la liste. Cela d’une part, d’autre part, le changement se fait à l’aune de trois facteurs essentiels: en premier lieu, il faut qu’il y ait une mobilisation citoyenne forte pour imposer le changement. Secundo, la mise en place des mécanismes adéquats pour y arriver. Enfin le respect des règles du jeu par tous. Si on se fie aux statistiques officielles, on aura un nombre comme 300.000 nouveaux diplômés sur pas moins de 1,5 million d’étudiants inscrits dans nos universités, qui arrivent chaque année sur le marché du travail. Peut-on garantir au moins 5000 vrais postes de travail productifs à toutes ces hordes de jeunes avec une économie basée sur la rente et l’épuisement intensif de nos ressources en hydrocarbures?» s’est-il demandé. «Ainsi, le pays se dirige à coup sûr vers une situation catastrophique aux conséquences incommensurables si les tenants du système de gouvernance en place s’accrochent au changement dans la continuité», prévoit-il. Sur le plan politique, il souligne qu’ «il est temps de bannir à jamais la pratique de tailler à la veille de chaque échéance présidentielle, une Constitution sur mesure pour le chef de l’Etat. De surcroît, argumente-t-il «les parlementaires actuels issus des législatives très contestées de 2012, n’ont aucune légitimité, pour avaliser la révision de la Constitution déjà violée et triturée en 2008. Les procédures de l’adoption de modifications ayant touché tous les équilibres des pouvoirs n’ont pas été respectées». Comme en 2008, poursuit-il «le pouvoir ne compte pas s’encombrer d’un référendum populaire pour se faire adopter ses desseins». Par conséquent, «Même la Constitution en vigueur n’est pas légitime», ajoute-t-il. Cet ancien chef de gouvernement prévient qu’avec le pouvoir en place qui a érigé la corruption et la rente pétrolière en mode de gouvernance, l’Algérie aura toutes les chances de broyer la stabilité et les équilibres très fragiles. Si on continue sur la même lancée, l’Algérie aura besoin d’un prix de baril de 190 dollars pour couvrir les dépenses d’équipement et de fonctionnement. Sur le plan économique, les recettes pétrolières risquent de ne pas couvrir nos dépenses dans un futur proche», explique-t-il. Entre 2006 et 2011, le volume des exportations a enregistré une diminution de 25% et en 2012 la réduction était de l’ordre de 10%.