Des citoyens se déplacent parfois vers d’autres localités, lointaines, en quête d’une troupe folklorique.
Si l’apparition des disc-jockeys (DJ) animés par des jeunes suscite l’intérêt des familles, les fameux groupes folkloriques Idheballen ne sont pas pour autant passés de mode. Ils restent au contraire très demandés, particulièrement en Kabylie.
Ces derniers n’arrivent d’ailleurs pas à satisfaire l’ensemble des sollicitations dont ils font l’objet. Dès le début de l’été, les membres de ces troupes abandonnent toute activité pour se consacrer exclusivement à l’animation des fêtes.
«Les commandes ont commencé à partir du mois d’avril dernier. Notre agenda d’activité et presque plein jusqu’à la fin juillet. Sachant qu’il n’y a pas beaucoup de groupes, les familles préfèrent réserver d’avance et cela arrange bien nos affaires», se félicite Lahlou, membre d’une troupe folklorique très connue dans la région de Draâ El-Mizan (sud de Tizi Ouzou). Les idheballen passent plusieurs semaines loin de leurs familles car les mariages ne se limitent plus aux week-ends comme c’était le cas auparavant.
Certaines familles décident parfois de changer la date de la fête selon la disponibilité des troupes folkloriques car ils tiennent à donner à leurs cérémonies une «saveur traditionnelle». Il y a même des citoyens qui se déplacent vers d’autres localités, bien que très lointaines, en quête d’une troupe folklorique et, une fois cette dernière trouvée, ils n’hésitent pas à mettre toutes les conditions nécessaires à la disposition du groupe : transport, hébergement, nourriture, boisson en sus d’une importante somme d’argent. Et lorsqu’on tient à la tradition, on ne lésine pas sur les moyens. «Il y a deux semaines, deux jeunes sont venus de Sidi Aïch (Béjaïa), ils ont passé une demi-journée à la recherche d’un groupe folklorique. Quelqu’un leur a donné mon numéro de téléphone, ils m’ont contacté et sont venus jusqu’à mon domicile.
Devant leur insistance, je n’ai pas pu refuser leur sollicitation. J’ai vite contacté les autres membres du groupe. Nous nous sommes déplacés et avons animé la fête de ces jeunes. J’avoue que nous avons gagné beaucoup d’argent et nous avons été très bien nourris et logés», ajoute notre interlocuteur.
De Sidi Aïch à Draâ El-Mizan, il y a plus de deux cents kilomètres. Les idheballen ne chôment pas pendant l’été et se permettent de jouir d’un statut de guest-star là où ils se déplacent. En Kabylie, les disc-jockeys ne plaisent pas à la plupart des personnes âgées. «Les CD que mettent les animateurs de ces disc-jockeys contiennent des chansons qui attentent à la morale et la pudeur. On préfère idheballen car leur animation est propre.
Et puis, c’est une tradition qui remonte à de longues années», explique Aâmi Omar, septuagénaire. Il est vrai qu’une fête sans ces troupes n’a pas de saveur en Kabylie et c’est pour cette raison que les gens sont prêts à tout faire pour les faire venir.
M.F