Certains ministres ont occupé, alimenté et marqué l’actualité nationale ces derniers jours.
A la tête de départements dont les prérogatives portent sur des préoccupations de l’heure, ces ministres de la République ont tenté, tant bien que mal, de convaincre les Algériens.
Que ce soit dans l’Enseignement supérieur, la Santé, la Solidarité ou le Commerce, beaucoup d’encre a coulé. A la polémique, l’appréhension, la colère et parfois la satisfaction des citoyens, s’ajoutent des promesses et des déclarations de responsables fraîchement revenus de leur congé annuel ou, pour d’autres, nouveaux dans leur secteur d’activité.
Toutefois, le point commun que partagent tous ces ministres, est leur volonté de donner l’image de responsables qui contrôlent, dans les moindres détails, leurs secteurs respectifs.
Ce qui est loin d’être le cas malgré les assurances avancées et les discours tenus. Il est vrai que les aléas de l’actualité et les donnes propres à chaque département permettent, selon les saisons, les occasions et circonstances, de mettre certains responsables au-devant de la scène.
Pour le cas de ces ministres, leur présence sur le terrain est justifiée par le mois du ramadhan, les inscriptions universitaires et la pénurie de médicaments qui dure depuis plusieurs mois. A quoi devraient-ils faire face ? Et qu’est-ce qui est attendu d’eux réellement ?
Saïd Barkat, ministre de la Solidarité nationale: Combattre la misère par le couffin !
Le nouveau ministre de la Solidarité nationale est à sa nouvelle expérience en la matière. Avant-hier, il a fait le tour des restaurants de la Rahma de la wilaya d’Alger. La veille, il a chapeauté une réunion intersectorielle pour l’organisation de l’opération Solidarité spécial mois de ramadhan.
Après une éclipse de plusieurs jours, Saïd Barkat fait son apparition et tente de se transformer, en père Noël. Son prédécesseur, Djamel Ould Abbès, a d’ailleurs excellé dans ce rôle. Toutefois, ce n’est ni le sourire ni les intentions ou les promesses qui pourront rassurer les millions de démunis qui attendent un bol de chorba bien chaud offert par l’Etat.
L’enjeu est de taille. Le département de la Solidarité est censé réussir l’organisation de l’opération de solidarité et traduire sur le terrain les chiffres avancés.
En fait, cette année encore ce sont près de 1 200 000 familles démunies qui bénéficieront du couffin. Le chiffre est énorme et renseigne sur l’importance du travail qui attend les services concernés.
Il est clair que ce n’est ni l’argent ni les moyens qui manquent ; il est plutôt urgent de voler au secours de toutes ces familles, les convaincre de la générosité et de la présence des autorités publiques à leurs côtés. Et c’est peu, puisque cet élan de solidarité est conjoncturel. Faut-il préciser que le budget dégagé à cet effet est loin d’être la solution idoine à la misère qui tenaille des millions d’Algériens.
La tâche du ministère de la Solidarité est des plus délicates. Saïd Barkat a intérêt à réussir dans sa nouvelle mission. Cela d’autant que sa gestion du secteur de la Santé a été très critiquée. «Gérer la misère», est le nouveau test pour l’ex-ministre de la Santé et de l’Agriculture.
Ould Abbès, ministre de la Santé: Eternel problème, de pénurie
Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès est incontestablement le ministre le plus dynamique dans l’Exécutif ces derniers jours, notamment durant la période qui a précédé le mois de ramadhan.
Le ministre de la Santé s’est engagé dans une course contre la montre afin de mettre fin à la crise des médicaments qui pénalise depuis longtemps les malades.
Ould Abbès n’aura donc pas du pain sur la planche lors des traditionnelles auditions ramadhanesques que Bouteflika tient chaque mois de ramadhan, puisqu’il a réussi à mettre un terme au dossier de la pénurie des médicaments qui pèse lourd sur le secteur de la santé.
En effet, un premier lot de médicaments, lourd de 14,395 tonnes de médicaments, comme une mesure d’urgence, pour remédier aux ruptures de stocks et pénuries signalées au niveau des hôpitaux, a été réceptionné lundi dernier.
Dépêché en urgence lors du dernier remaniement ministériel, Ould Abbès n’en a pas fini de rompre avec l’immobilisme et la gestion chaotique qui a caractérisé la gestion de ce secteur névralgique jusqu’à présent.
Ainsi, après avoir atténué l’épineux problème des médicaments, le ministre de la Santé a promis de prendre en charge les revendications socioprofessionnelles des médecins. Aussitôt arrivé à la tête du secteur de la Santé, Ould Abbès a réussi à rétablir la stabilité dans le secteur, en tranquillisant les syndicats autonomes par une série de promesses.
Après être passé par une période de mauvaise gestion, de crises et de perturbations qui se sont répercutées négativement sur son fonctionnement et ses missions, l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA) sera également réhabilité.
Le ministre de la Santé s’apprête à s’attaquer frontalement à la mauvaise gestion des hôpitaux à travers le territoire national. Selon certaines indiscrétions, une opération de limogeage et de sanctions qui touchera plusieurs directeurs d’hôpitaux sera lancée dans les prochains jours.
Mustapha Benbada, ministre du Commerce: Enigmatique flambée des prix
Ironie du sort ! Le ministre du Commerce Mustapha Benbada n’a pas eu de chance puisqu’il a été désigné à la tête du ministère du Commerce, un portefeuille chargé de réguler le marché, quelques mois avant l’arrivée du ramadhan.
Aussitôt installé, Benbada a eu la lourde tâche de stabiliser les prix des produits de large consommation et d’assurer aux citoyens un ramadhan «peu spéculatif».
Et depuis, le ministre du Commerce multiplie ses recettes anti-spéculation. Pour éviter toute pénurie, il a promis d’assurer en abondance les produits les plus demandés durant le mois sacré du jeûne. De la pomme de terre à la viande en passant par le lait, Benbada a pris toutes les dispositions pour casser les prix.
Ainsi, dans le cadre de la lutte contre la spéculation sur les produits de large consommation, le ministère du Commerce a renforcé son dispositif de lutte contre toutes sortes de spéculations, et de contrôle de l’ensemble des pratiques commerciales. Malheureusement, toutes ces mesures se sont avérées sans effet puisque les prix, notamment de la viande rouge et blanche demeurent inaccessibles pour les bourses moyennes.
Aux additions ramadanesques, une épreuve que redoutent plusieurs ministres, tous les regards seront braqués sur Benbada. Il aura à expliquer cette énigmatique question de flambée des prix qui caractérise le marché à chaque mois de carême.
Rachid Harraoubia, ministre de l’Enseignement supérieur: Le désarroi des bacheliers
Sans doute, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia sera «malmené» par le président de la République lors des auditions ministres-Président de ce mois de ramadhan. Et pour cause, l’opération d’inscription et d’orientation des nouveaux bacheliers ne s’est pas passée sans faire de bruit.
Contrairement à ses déclarations rassurantes, Rachid Harraoubia, n’a pas réussi à gérer l’afflux des nouveaux bacheliers, qui ont été enregistrés à la faveur d’un taux de réussite sans précédents de plus de 61%.
Désorientation, délais de recours trop courts, annulation de certaines filières (Interprétariat)…les bacheliers ont vécu le calvaire. Et ce n’est pas fini ! De lourds dossiers attendent encore le ministre de l’Enseignement supérieur. Harraoubia aura à faire face à un mouvement de protestation des enseignants universitaires, prévu pour la prochaine rentrée universitaire.
Hocine Larabi et Aomar F.