Ils sont recrutés grâce à papa et maman, hauts fonctionnaires de l’Etat : les enfants pistonnés de la nomenklatura

Ils sont recrutés grâce à papa et maman, hauts fonctionnaires de l’Etat : les enfants pistonnés de la nomenklatura

Alors que des jeunes bardés de diplômes sont au chômage, et que la fuite de cerveaux bat son plein en Algérie, les enfants des hauts responsables et ceux qui sont à la périphérie du pouvoir sont recrutés sans coup férir dans de prestigieux postes. Et plus on monte dans la hiérarchie, plus on est bien loti et même que des postes aux salaires conséquents sont «créés» pour la progéniture de la nomenklatura.

C’est le cas des enfants de ministres, de cadres supérieurs, de députés, de sénateurs, de militaires hauts gradés et la liste est longue. Cette façon de faire est devenue légion. Il suffit que le papa ou la maman soit bien placé en haut du pinacle pour que les enfants n’aient pas à s’inquiéter de leur avenir. Certains secteurs sont leur lieu de prédilection comme le ministère des Affaires étrangères ou encore Sonatrach, sans oublier la compagnie aérienne Air Algérie,où des enfants de hauts cadres de l’Etat sont employés et jouissent de privilèges dignes des princes.

Billets d’avion gratuits, représentations à l’étranger et missions avec prise en charge totale sur le dos de l’escarcelle publique. Il suffit de graviter autour des cercles influents auxquels il faut faire allégeance et le tour est joué. C’est ainsi que l’Etat est devenu un bien privé et un business familial. Selon des sources proches de la Compagnie Air Algérie : « on a refusé de donner des postes à des jeunes à la compétence avérée au profit d’enfants de hauts responsables. Le piston et le clientélisme sont un secret de polichinelle ».

Nos sources ajoutent que du temps de l’ancien DG d’Air Algérie « plusieurs enfants de hauts responsables, titulaires de diplômes bidons dont certains délivrés par des écoles privées étrangères, c’est leur laissez-passer, ont été recrutés par Wahid Bouabdallah, alors que des jeunes issus d’universités algériennes sont systématiquement écartés».Dans cette entreprise publique, qui n’a de publique que le nom, et dont les prestations laissent à désirer, on recrute sur la base de recommandations et d’injonctions.

C’est ainsi que plusieurs responsables apparaissent à l’image. Selon nos sources, plusieurs noms ont donné un coup de pouce pour que leurs enfants soient placés. Il s’agit, entre autres, du fils de l’ex-président du MSP Aboudjerra Soltani, le fils du ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci, le fils du président de la FAF, Mohammed Raouraoua, la fille du membre du bureau politique et SG de l’Unfa, Noria Hafsi, le frère du SG de l’Ugta Abdelmadjid Sidi-Saïd, le fils de la secrétaire générale du Mouvement féminin de solidarité avec la femme rurale, Saïda Benhabilès, la fille du président du Conseil de la nation Ahmed Bensalah.

Bien entendu, Air Algérie n’est pas la seule entreprise qui recrute la progéniture de la nomenklatura. Là où il y a des possibilités avantageuses, on trouve ces privilégiés du système. Selon un cadre du FLN : « quand Belkhadem était ministre des Affaires étrangères, il a placé le fils du ministre des Transports Amar Tou, au consulat d’Algérie à Poitiers en France. L’actuel président de l’APN, Mohamed Larbi Ould Khelifa a placé sa fille au Conseil constitutionnel ».

Même le président de la République n’est pas en reste, s’il n’a pas d’enfants, son frère Saïd a été, dés le départ, son conseiller à la Présidence, et son autre frère Mourad est directeur du patrimoine culturel au sein du ministère de la Culture. La plus cocasse de ces histoires de piston est sans doute celle de l’ancien ministre de la Santé et actuel sénateur, Djamel Ould Abbas, ce dernier n’a pas trouvé mieux que de placer sa fille comme sa chargé de la communication du département dont il avait la charge, au vu et au su de tout le monde. Du jamais vu ! Sa fille malmenait souvent les journalistes de la presse privée auxquels elle affichait du mépris et de la condescendance (elle est très grande de taille). Elle s’arrangeait toujours pour dépêcher une équipe de l’Entv quand son père le ministre faisait ses descentes, soi-disant surprises aux hôpitaux et faire son numéro de celui qui vire les gens en direct devant la caméra de la télévision, et diffusé au J T de 20 heures.

La liste des enfants recrutés, illico presto, et à la demande de leurs parents hauts placés n’est pas exhaustive. Il faut croire que là où il y a de l’argent et des privilèges, il se trouve toujours un enfant d’un haut fonctionnaire pistonné et largement bien payé.

Moufida Rahim