Malgré l’arrêté du wali interdisant leur circulation, datant du 2006 et les nombreuses saisies et mises en fourrière, les véhicules hippomobiles ont réinvesti de nouveau les rues d’Oran, bloquant la circulation au niveau de plusieurs axes de la ville et provoquant d’interminables bouchons, les ambulants qui ont recours à ce genre de locomotion ne semblent pas être inquiétés outre mesure
Pire encore, même l’initiative lancée en 2006 par les services de l’ANGEM visant à financer l’acquisition de triporteurs destinés à remplacer ces charrettes hideuses est restée sans suite. En effet, un retour remarquable des véhicules hippomobiles à travers les artères de la ville a été remarqué par les citoyens. Les automobilistes, tout comme les citoyens qui avaient cru à la disparition totale de ces charrettes de nos artères, suite aux nombreuses opérations de police, ont dû faire face à l’amère réalité.
Même si pour le moment les rues du centre-ville n’ont pas encore été investies par les charrettes et les ânes, dans d’autres quartiers de la ville d’Oran, notammt populaires, ces moyens de locomotion dominent l’activité du commerce informel, nuisant ainsi à l’esthétique urbaine. Bon nombre de ces hippomobiles ont été aussi remarqués au niveau des nombreux marchés des quartiers, surtout à l’intérieur de M’dina J’dida, bloquant complètement l’accès aux élèves des écoles mitoyennes.
Après avoir été chassés de la ville, les hippomobiles se sont installés en nombre dans les communes rurales, avant de revenir à la charge et d’investir les ruelles de la ville d’Oran. Leur réapparition, même sur certaines grandes artères de la ville, contribue malheureusement à la dégradation du paysage de la ville d’Oran dont le blason est déjà terni par le manque d’hygiène, conjugué à l’incivisme.

Leurs déplacements d’un endroit à l’autre de la ville sont à l’origine de nombreux désagréments causés à la circulation automobile et piétonnière, ainsi qu’à l’environnement. Les propriétaires de ces charrettes sont généralement des membres de familles issues de l’exode rural, ayant fui la pauvreté et l’absence de débouchés prévalant dans leurs contrées d’origine et certains d’entre eux, affirment avoir été victimes de dissolution des entreprises dans lesquelles ils travaillaient.
Ces familles ont, dans leur grande majorité, élu domicile dans les constructions illicites ceinturant la ville. Il n’est pas inutile de souligner que plus de 300 charrettes et véhicules hippomobiles avaient été mis en fourrière, suite à l’opération déclenchée il y a plus d’une année, par les services de la division de l’hygiène et l’assainissement, en vertu de l’instruction de la wilaya et qui porte sur l’interdiction à la circulation des véhicules hippomobiles à l’intérieur du tissu urbain. Les services de la police ont traité à leur tour plus d’une centaine de dossiers de commerçants ambulants et dont un grand nombre a été transmis au parquet.
Les vendeurs illicites et ambulants utilisant les charrettes pour vendre les fruits et légumes sillonnent les artères des plusieurs quartiers d’Oran et à longueur de journée. Qu’il vente, qu’il pleuve ou sous un soleil de plomb, ces charrettes sont omniprésentes et font partie du paysage de la cité. Pour les propriétaires de ces «moyens» de commerce ambulants et illicites, les véhicules hippomobiles sont une aubaine qui leur permet de gagner leur vie dignement au lieu de «voler», confient-ils. «J’en tire un certain bénéfice qui m’aide grandement à subvenir aux besoins de ma famille.
Ce n’est pas évident car c’est dur comme travail, mais je n’ai pas le choix, c’est de loin mieux que d’aller grossir le rang des chômeurs ou de voler et me livrer au gain facile», explique en substance un jeune marchand ambulant. Pour rappel, l’arrêté de la wilaya mis en vigueur en 2006 s’est traduit par le renforcement des dispositions pour mener à terme cette action. En plus des moyens humains, d’importants moyens matériels notamment des camions ont été mobilisés par l’APC et la daïra.
À signaler aussi que le directeur de l’agence nationale de la gestion des microcrédits, avait déclaré en 2006, que les services qu’il dirige, étaient disposés à financer l’acquisition d’un triporteur et ce, à hauteur de 25% sous forme d’un crédit bonifié. Une initiative destinée aux vendeurs illicites utilisant les charrettes ou véhicules hippomobiles afin de remplacer ces derniers.
À savoir que les triporteurs coûtaient alors 230.000 dinars sur lesquels le bénéficiaire devait assurer un apport personnel de 5% et le reste du financement à la charge d’un crédit bancaire. Mais visiblement cette initiative n’a pas trouvé son chemin vers la concrétisation, étant donné que des centaines de véhicules hippomobiles font toujours partie du décor quotidien des Oranais.
DJ. Samia