L’initiative de l’Etat relative au lancement d’une nouvelle formule d’acquisition de logement, le Logement promotionnel public (LPP), destinée spécialement à la classe moyenne dont le revenu se situe entre 108.000 DA et 216.000 DA, a été reçu avec beaucoup d’enthousiasme. Un enthousiasme qui n’a pas duré.
Les exclus de la formule Aadl pour cause de «revenus élevés», ne peuvent pas payer leurs logements LPP dans les conditions fixées par le ministère. Les cadres bénéficiaires du programme LPP sont surtout des fonctionnaires qui ont vu leurs revenus grimper en 2011 et 2012 suite aux augmentations de salaires.
Les prix d’acquisition des logements LPP ne correspondent pas à leurs possibilités, assurent- ils. Ils doivent, en effet, payer «cash», en 10 mois la somme de… 2,5 millions de DA. Une forte déception a gagné les bénéficiaires après l’annonce des modalités et le prix d’acquisition de ces logements faite par le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, Abdelmadjid Tebboune.
«Se mobiliser pour faire réviser les conditions d’acquisition» tel est le leitmotiv retenu par les bénéficiaires du programme LPP qui ne comptent pas croiser les bras face à cette situation pour le moins anormale. Un appel est donc lancé pour se constituer en collectif et réclamer la révision de cette formule en la mettant en adéquation avec la situation réelle des bénéficiaires qui sont souvent chefs de famille nombreuse, qui paient des loyers chers et affrontent la cherté de la vie.
Lors de son déplacement avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, Tebboune avait affirmé à Mascara que «la première tranche est fixée à un million de DA, et la deuxième tranche, qui doit être versée huit ou dix mois plus tard, est de l’ordre de 1,5 million de DA». Les bénéficiaires soulignent l’inadéquation de cette formule «semi-standing» destinée aux cadres dont les revenus du ménage oscillent entre 108.000 et 216.000 DA, lesquels affirment être victimes d’une «arnaque» après avoir été exclus de la formule Aadl.
«Un souscripteur, dont le salaire était de 28.000 DA, qui a déposé son dossier Aadl, qui a été orienté vers le programme LPP en raison de l’évolution de son salaire, est scandalisé. «Si je touchais 108.000 DA avant, j’aurais pu acheter un appartement maintenant sans attendre le LPP» s’est-il écrié. Dans leurs démarches, ces bénéficiaires lésés quelque part dans leur espoir, ont formulé une première proposition relative à une révision des prix. A savoir, le paiement de 4% immédiatement après la convocation, 6% six mois plus tard et le reste devant être financé par un crédit bancaire souscrit auprès du Crédit populaire d’Algérie (CPA).
«Ainsi, soulignent-ils, on s’acquitte de l’apport de 10%, mais la banque devrait réétudier le niveau du taux d’intérêt» explique un bénéficiaire avant d’appeler «les souscripteurs LPP à s’organiser pour une meilleure prise en charge des doléances». Tous les souscripteurs regrettent que la formule ait été détournée de son aspect promotionnel public initial vers un aspect purement commercial.
Le prix des logements LPP qui oscille entre 7,5 et 10 millions de dinars, conjugué à un mode de financement basé sur un taux d’intérêt de 3% n’est guère à la portée de la majorité des souscripteurs LPP. Ces deux conditions réunies, affecteront le pouvoir d’achat de cette classe vu que leur revenu est principalement composé de primes liées à des postes de responsabilité, pas forcément définitifs. Sans oublier aussi de mentionner le taux d’inflation qui ne cesse d’augmenter ces dernières années.
Dans une lettre adressée au Premier ministre, les souscripteurs réclament un examen de leurs doléances qui se résument en deux points essentiels: «La révision à la baisse des prix des logements, en tenant compte de nos capacités financières et l’octroi de crédits sans intérêt pour le financement de nos futurs logements LPP.» Ils informent, par ailleurs, d’une démarche auprès du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales pour la création d’une association qui sera leur unique représentant pour une meilleure communication.