Ils sont emprisonnés pour port de l’emblème amazigh : Mandat de dépôt renouvelé pour 6 détenus

Ils sont emprisonnés pour port de l’emblème amazigh : Mandat de dépôt renouvelé pour 6 détenus

Le Comité national pour la libération des détenus a lancé un appel aux familles des détenus d’opinion et politiques à une réunion jeudi au siège du MDS. 

Le contraste est saisissant : au moment où dans d’autres juridictions à travers le pays, comme à Sidi Bel-Abbès ou encore à Chlef et à Annaba, les porteurs de l’emblème amazigh arrêtés au cours des manifestations ont pu bénéficier de la relaxe, au tribunal de Sidi M’hamed, à Alger, la cause n’est pas encore entendue. C’est ainsi qu’il a décidé hier de renouveler le mandat de dépôt à l’encontre de six détenus porteurs de l’emblème arrêtés en juin dernier. Il s’agit des détenus : Meharzi Hamza, Safi Tahar, Oudihat Khaled, Aïbeche Djaber, Bacha Bilel et Leftissi Messaoud, ont indiqué plusieurs avocats. Cette décision de renouvellement intervient après que ces détenus ont passé quatre mois en détention. En effet, en vertu de la loi en vigueur, la détention provisoire est décidée pour une période de quatre mois, renouvelable une seule fois. Et tout laisse à penser qu’un sort similaire sera réservé aux autres détenus poursuivis pour le même motif. De quoi susciter des interrogations autour des raisons sous-jacentes à une telle décision, d’autant que l’acte n’est pas criminel et qu’aucun texte de loi n’y fait référence, comme l’ont relevé plusieurs avocats qui se sont constitués pour plaider la cause de ces détenus. “Quelle est la disposition, la nécessité ou la raison pour prolonger la détention provisoire à l’encontre des jeunes qui ont porté l’emblème amazigh dans la mesure où l’acte n’est pas criminel ?” s’est interrogé sur son compte facebook l’avocat Me Djamel Benyoub. “Comment se fait-il que tous les tribunaux ont tranché ce dossier, à l’exception de la cour d’Alger ?” s’est-il encore demandé. L’interrogation est d’autant plausible que le “délit” ne nécessite par d’enquête judiciaire. D’où les soupçons chez certains que ces détenus ne fassent l’objet, dans le micmac politique actuel, d’une espèce de “monnaie d’échange”. “Compte tenu du fait que de telles affaires n’ont pas besoin d’une enquête judiciaire, nous dénonçons cette prise d’otages des enfants du peuple et exigeons que la justice ne soit pas instrumentalisée à des fins politiques”, souligne-t-il. Visiblement outré par cette décision, le Comité national pour la libération des détenus a lancé un appel aux familles des détenus d’opinion et politiques à une réunion jeudi au siège du MDS pour envisager les actions à entreprendre. Pour leur part, les Forces du pacte pour l’alternative démocratique ont accusé le pouvoir de vouloir créer un climat de terreur, à travers les multiples arrestations, pour mener à terme son agenda électoral.

K. K.